Comprendre l'évolution du stress

Il est Important de bIen comprendre comment évolue le stress. Nous ne nous réveillons pas un matin stressés au point de ne pouvoir faire face à notre journée. Le stress s’est installé, progressivement, de façon insidieuse et, malheureusement, nous l’avons laissé évoluer alors que nous aurions pu agir depuis longtemps. La théorie de Hans Selye décrit trois stades d’évolution du syndrome général d’adaptation: la phase d’alarme, la phase de résistance et la phase d’épuisement.
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Il est Important de bien comprendre comment évolue le stress. Nous ne nous réveillons pas un matin stressés au point de ne pouvoir faire face à notre journée. Le stress s’est installé, progressivement, de façon insidieuse et, malheureusement, nous l’avons laissé évoluer alors que nous aurions pu agir depuis longtemps.
La théorie de Hans Selye décrit trois stades d’évolution du syndrome général d’adaptation: la phase d’alarme, la phase de résistance et la phase d’épuisement.

La phase d’alarme
La phase d’alarme se caractérise par des modifications sanguines (la tension artérielle augmente, les veines se dilatent) et hormonales, ainsi que par la stimulation de certaines zones du cerveau. Tous nos sens sont en alerte et la production d’hormones de stress prépare notre organisme à réagir à ce qu’il perçoit comme un danger. Il peut ainsi mobiliser toute son énergie d’un seul coup aux dépens d’autres systèmes, comme le système immunitaire, ce qui nous rend vulnérables aux maladies. Si cette phase d’alarme se répète trop souvent, l’organisme n’a plus le temps de recharger ses batteries et les symptômes physiologiques se multiplient pour nous prévenir d’une anomalie de fonctionnement. Malheureusement, nous y passons outre la plupart du temps, continuant à suivre le rythme de vie effréné qui est devenu le nôtre, et la réaction d’alarme laisse la place à la phase de résistance.

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Marie, infirmière, travaille dans un service de pédiatrie depuis plusieurs années. Au  l du temps, l’effectif de l’équipe s’est vu réduit et la charge de travail de chacun, augmentée. Marie aime son métier et les enfants qu’elle côtoie au quotidien. Elle donne le meilleur d’elle-même, allant jusqu’à sauter des repas, à faire des heures supplémentaires, à aider les collègues surchargés, tout cela au détriment du temps qu’elle devrait se consacrer. Ses  ns de semaine ne lui permettent plus de récupérer aussi bien qu’avant. Elle ressent de plus en plus souvent des douleurs dorsales ou des maux de tête, des insomnies apparaissent, des difficultés de digestion également. Mais, tous ses symptômes étant épisodiques, Marie se dit que cela n’est que passager. Si elle ne tient pas compte de ces signaux d’alarme, Marie entrera bientôt dans la phase de résistance.
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La phase de résistance
Dans cette phase, les mécanismes d’adaptation sont poussés au maximum, l’organisme mobilise en permanence toutes ses défenses contre les agents stressants, emploie ainsi une énergie considérable et s’épuise progressivement. Une grande fatigue la caractérise généralement, et les défenses immunitaires s’affaiblissent dangereusement.

Cette phase de résistance peut être plus ou moins longue selon les individus, mais s’étale généralement sur plusieurs mois. Par moments, un regain d’énergie va se faire ressentir et nous aurons l’impression que tout redevient normal. Puis, de nouveau la fatigue s’accentue, et ainsi de suite, épuisant progressivement tout l’organisme.

Revenons à l’exemple de Marie, notre infirmière. Elle n’a tenu compte d’aucun des symptômes qui se manifestaient. Pour tenir le coup, elle boit plus de café, prend de la vitamine C chaque matin, se disant que cela va passer avec les prochaines vacances.

Son organisme s’est donc « mis en résistance » pour mobiliser toute l’énergie en réserve. Même si ses journées sont difficiles, Marie a l’impression de faire face et de rester efficace. Les semaines dé lent avec des hauts et des bas. Les journées où elle se sent bien et en quasi pleine possession de ses moyens succèdent à celles où elle éprouve des difficultés à assumer ses tâches. Elle a bien l’intuition qu’un dysfonctionnement s’installe, mais, obnubilée par les sollicitations incessantes, Marie ne prend pas le temps de s’interroger sur ce qui ne va pas et s’achemine vers la phase d’épuisement.

La phase d’épuisement
Ce dernier stade est atteint après une exposition prolongée au stress. La résistance de notre corps à ce dernier diminue et  finalement cède, car le système immunitaire devient déficient. Selon Hans Selye, les patients qui souffrent de stress depuis longtemps peuvent succomber à des crises cardiaques ou à de sévères infections en raison d’une plus grande vulnérabilité aux maladies.

C’est le stade ultime du stress. Toutes nos réserves ont été consommées et nous avons dépassé nos propres limites de résistance. Nous nous sentons incapables de lutter contre lui.

Cette phase se caractérise généralement par l’installation d’une dépression. Nous nous sentons vidés de notre énergie, incapables d’assumer nos responsabilités, nous perdons notre motivation, nos envies, tout paraît si difficile que nous pouvons même avoir des idées suicidaires. Côté santé, nous accumulons les problèmes.

N’ayant pas réagi à temps, Marie est entrée dans la phase d’épuisement. Ses insomnies sont dorénavant récurrentes, plus une seule nuit complète, ses maux de tête sont quotidiens, elle perd l’appétit, souffre de maux d’estomac, ses douleurs dorsales sont permanentes, elle se sent de plus en plus faible et se lever le matin devient réellement pénible. Côté humeur, elle se montre impatiente, ne supporte plus la moindre requête, a l’impression d’en faire plus que les autres, qu’on lui en demande trop. Sur son lieu de travail, seuls les réflexes professionnels acquis de longue date lui permettent d’assumer ses tâches, mais elle vérifie plusieurs fois ce qu’elle fait de peur de se tromper. Elle se pense nulle et incompétente. Elle oublie de plus en plus de choses et croit perdre la mémoire, ce qui ajoute encore à son état de stress. Son médecin lui conseille de s’arrêter un peu, mais il n’en est pas question, «les enfants hospitalisés ont besoin de moi, mes collègues sont déjà surchargés» sont ses arguments.

Et Marie va continuer ainsi jusqu’à ce matin où son corps refusera d’obéir. Impossible de se lever, impossible de faire le moindre geste, impossible de simplement penser, une lassitude terrible l’aura envahie. Elle pleurera sans discontinuer et, à son compagnon qui lui demandera ce qui se passe, elle répondra «je ne sais pas». Mais, au fond d’elle-même, elle sait, elle est allée trop loin, au-delà de ses propres limites. C’est la dépression, le burnout.

En phase d’alarme, certains symptômes vont apparaître brièvement, puis disparaître pour réapparaître, de façon plus ou moins marquée. Puis, si la phase d’alarme persiste, les symptômes, de plus en plus intenses, vont s’installer pour des périodes de plus en plus longues, jusqu’à être présents de façon quasi permanente si nous nous laissons entraîner vers la phase d’épuisement.


Pascale Patte-Wilbert

 

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