Comment va votre ego ?

« Vous, autant que n’importe qui dans cet univers, méritez votre amour et votre affection. » Bouddha Doper son narcissisme, tel est le propos de ce livre. Mais c’est qui, Narcisse ? Et c’est quoi, le narcissisme ? L’êtes-vous suffisamment ? Pas assez ? Trop ? Avant d’entrer dans le vif du sujet et de voir comment rééquilibrer la relation que nous entre- tenons avec nous-mêmes et avec les autres, comment changer de regard sur notre cas (loin d’être désespéré, promis), essayons de comprendre ce qui se cache derrière une notion qui regagne aujourd’hui du terrain.

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« Vous, autant que n’importe qui dans cet univers, méritez votre amour et votre affection. » Bouddha
Doper son narcissisme, tel est le propos de ce livre. Mais c’est qui, Narcisse ? Et c’est quoi, le narcissisme ? L’êtes-vous suffisamment ? Pas assez ? Trop ? Avant d’entrer dans le vif du sujet et de voir comment rééquilibrer la relation que nous entre- tenons avec nous-mêmes et avec les autres, comment changer de regard sur notre cas (loin d’être désespéré, promis), essayons de comprendre ce qui se cache derrière une notion qui regagne aujourd’hui du terrain.

LE NARCISSISME, NOUVEAU DADA DU DÉVELOPPEMENT PERSONNEL ?
Blessure narcissique, faille narcissique, narcissisme primaire et secondaire, hyper- ou hypo-narcissisme... Depuis peu, le terme a envahi le monde du développement personnel (le fameux DP...), la presse et les rayons de nos librairies préférées. On entend, ici et là, de nombreux experts redonner ses lettres de noblesse au narcissisme et suggérer d’en prendre soin. Serait-ce une nouvelle clé pour retrouver équilibre et bien-être ?

Un premier doute vous assaille. Pour vous, un être narcissique, c’est un personnage assez odieux, peu fréquentable, imbu de lui-même, vaniteux, orgueilleux, égotique. Le dictionnaire Larousse est tout à fait d’accord avec vous puisqu’il définit le « narcissisme » comme l’amour excessif de soi. Loin de vous cette idée !


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NARCISSE, LE HÉROS AMOUREUX DE LUI-MÊME
Il faut dire que nous avons tous en tête le personnage de la mythologie grecque Narcisse. Ce jeune homme d’une grande beauté grandit sans jamais voir son image. Parfaitement insensible à l’amour des autres, et notamment celui de la nymphe Écho, il est égoïste et méprisant. Quand un jour, la déesse Nemésis venge les jeunes filles éconduites en attirant Narcisse près d’un ruisseau. Celui-ci tombe littéralement amoureux de son reflet, qui bien évidemment ne le lui rend pas. Fou d’amour pour lui-même, il se laisse dépérir et finit par se transformer en fleur avant de... faner. Fin de l’histoire !
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Donc, les narcissiques sont, dans la culture populaire, obsédés par leur image ; ils exigent des autres qu’ils leur renvoient un reflet éclatant, les utilisent pour se mettre eux-mêmes en valeur, bref leur marchent dessus pour mieux s’élever. Mais il n’est pas question de devenir ces odieux personnages, rassurez-vous.

Une deuxième question vous taraude. S’agit-il d’une nouvelle piste pour aller mieux ? Honnêtement, oui et non. Car il n’y a rien de neuf sous le soleil, figurez-vous. Le narcissisme, s’il est une notion qui sonne savante et donc crédible, issue de la psychanalyse, est une composante humaine que tout le monde connaît déjà. Et vous aussi.

Le narcissisme, c’est extrêmement simple, c’est l’amour de soi.
Ou, en d’autres termes, c’est l’estime de soi. Or, il y a fort à parier que vous en avez déjà entendu parler, non ? Il faut dire que cette idée-là a fait couler beaucoup d’encre dès les années 2000, avec l’excellent ouvrage* écrit par les psychiatres et psychothérapeutes Christophe André et François Lelord, désormais devenu un ouvrage de référence. Depuis, vous savez tout ou presque de l’estime de soi, qu’il ne faut ni trop haute, ni trop basse.

Avoir un narcissisme solide, sain, équilibré, c’est penser, dire et éprouver ceci : « Je m’aime suffisamment, ni trop, ni pas assez, je m’estime correctement, moi, mes atouts, mes faiblesses, je reconnais ma valeur comme celle des autres. » Et, en effet, quand on pense, quand on dit et quand on éprouve un tel sentiment d’identité, eh bien, force est de constater qu’on va plutôt bien, merci.

UNE VIEILLE HISTOIRE DE PSYCHANALYSE
C’est donc à la psychanalyse que l’on doit ce concept vieux de plus de cent ans, car apparu pour la première fois en 1915, dans Pour introduire le narcissisme, de Sigmund Freud. Vous vous doutez bien qu’à cette époque-là, l’estime de soi n’est pas encore un terme à la mode, employé à tout va.

À l’origine, le narcissisme a quelque chose à voir avec la libido. Non, pas celle qui anime vos nuits ! Pour Freud, la libido, c’est notre énergie vitale. Elle « englobe nos désirs, nos envies, nos pulsions de vie, et généralement toute notre activité sexuelle concrète ou imaginaire », peut-on lire sur le site de Psychologies Magazine*. C’est donc notre moteur, notre carburant. La définition se poursuit par une précision « Jung, autre père fondateur de la psychanalyse, a élargi le sens de ce mot et l’utilise pour évoquer toutes les formes d’énergie psychique, y compris celles qui sont sans rapport avec la sexualité. »

Freud lui-même faisait déjà la distinction entre un narcissisme sain et pathologique. Selon lui :
• le narcissisme est sain lorsqu’il y a un équilibre entre l’investissement de la libido envers soi-même et l’investissement de la libido envers l’autre ;
• le narcissisme est pathologique quand la libido est soit surinvestie vers des objets extérieurs (burn-out, dépression, dépendance affective, etc.), soit surinvestie sur le Moi (délire de grandeur, Moi idéal survalorisé, etc.).
Donc, en langage du XXIe siècle, nous pourrions dire que :
• le narcissisme sain permet à l’individu de reconnaître sa valeur et celle des autres ;
• un hypo-narcissisme condamne l’individu à ne se considérer d’aucune valeur et à surestimer celle des autres ;
• un hyper-narcissique condamne l’individu à surestimer sa valeur et à mépriser celle des autres.

Alors, évidemment, vous vous doutez bien que dans les deux derniers cas, il y a comme un déséquilibre! Et c’est là-dessus que nous allons travailler.

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TÉMOIGNAGE
Magdalena, 28 ans : « Comme si je devais m’excuser d’exister... »

« Je sais depuis longtemps que je devrais travailler sur cette fameuse estime de soi dont tout le monde parle. Je me dénigre sans cesse, je suis timide, maladroite, je n’ai pas confiance en moi. Je sais que c’est problématique. Finalement, pas trop pour moi, je suis habituée. Mais c’est vis-à-vis des autres. Dans le salon de coiffure où je travaille, je ne suis jamais très à l’aise avec les clientes, j’ai du mal à les conseiller, à me montrer sûre de moi, et donc à les rassurer. Et puis, je crois que ça agace Laurent, mon ami. Souvent, il me dit : “Arrête ! Tu dis que tu es nulle, que tu ne sais pas. Mais moi, je ne te trouve pas nulle, au contraire ! Pourquoi tu ne me crois pas, moi ?” J’aimerais bien le croire, honnêtement... Mais c’est plus fort que moi. Je ne sais pas comment me positionner en fait. Et quand je suis avec des gens qui sont brillants, ça me paralyse encore plus. Là, c’est comme si je devais m’excuser d’exister. Et c’est douloureux. »
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