Comment le passé et le transgénérationnel influencent-t-ils nos actes au quotidien ?

Tout en sachant que nous subissons chaque jour les conséquences de nos actes et de nos décisions, imaginez que même la mort ne puisse arrêter cette succession de situations. Cela est surtout vrai pour des sujets graves dont le deuil n’a pas été fait. Notre travail va être ensuite de remonter cette chaîne, de plonger dans cette mémoire, pour détecter ce qui l’anime et mettre à jour l’événement clé déclencheur pour le désamorcer. Car ce n’est pas en arrêtant une pièce du jeu en bout de ligne que la force de transmission cessera de s’activer, mais bien en revenant à l’origine.

N’êtes-vous pas fascinés par ces créateurs de jeux de dominos, qui tombent en chaîne, déclenchant des réactions les unes après les autres ? Les parcours les plus fous et les plus imaginatifs se présentent sur Internet. Partis d’une simple poussée sur un domino, que d’événements se succèdent !
Tout en sachant que nous subissons chaque jour les conséquences de nos actes et de nos décisions, imaginez que même la mort ne puisse arrêter cette succession de situations. Cela est surtout vrai pour des sujets graves dont le deuil n’a pas été fait. Notre travail va être ensuite de remonter cette chaîne, de plonger dans cette mémoire, pour détecter ce qui l’anime et mettre à jour l’événement clé déclencheur pour le désamorcer. Car ce n’est pas en arrêtant une pièce du jeu en bout de ligne que la force de transmission cessera de s’activer, mais bien en revenant à l’origine.

Pour illustrer cette approche, j’ai choisi d’évoquer certaines situations vécues pour montrer la variété des cas et des sujets rencontrés. La liste n’est pas exhaustive, mais révélatrice.

Imaginons-nous l’impact, le poids ou l’incidence de nos actes sur notre descendance ? Non, bien sûr. et plus les sujets sont importants, plus ils sont, parfois, gardés secrets.

Commençons par des faits courants et des désirs profonds qui conditionnent nos actes.

Les dettes des enfants : sauver ses parents, défis inconscients
Après un nombre considérable de séances de déliance, une trame de lecture récurrente m’est apparue. Il semblerait que tout enfant à la naissance soit investi d’une mission fondamentale, sauver son père et sa mère, chacun dans un domaine bien défini. C’est comme une promesse intérieure inconsciente et indéfectible, qu’il tentera à chaque instant d’accomplir. Tant qu’il n’a pu la réaliser, il n’aura de cesse de faire des choix, même dans sa vie d’adulte, conditionnés par cet engagement. Parfois des actes concrets ont été réalisés sans atteindre l’aboutissement de cette promesse intérieure primordiale. La déliance opérant de façon symbolique, lorsqu’une représentation de cette étape accomplie se matérialisera, l’enfant, toujours enfant ou devenu adulte, pourra faire de nouveaux choix pour lui-même.

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• Je reçois un jeune garçon de dix ans, à l’intelligence pré- coce, qui n’arrive pas à se concentrer en classe à cause du bruit. Il est souvent triste, et peut piquer subitement de grandes colères. J’entame la séance. Les images arrivent*.

Nous sommes en présence d’un homme ; à ses yeux sa mère représente la parole sage, la figure conciliante de la famille, mais il faut s’en affranchir, pour devenir un homme. La vue d’un pistolet à mastic bloqué par un morceau de bois m’a fait penser à un piston professionnel, un passe-droit, un coup de pouce pour accéder à une fonction. Certaines associations se font extrêmement rapidement dans mon esprit toujours en quête de sens. Le patient ou ses parents viennent éclairer cette première lecture et m’aident à l’interpréter par rapport à leur propre histoire. Le père me raconte que son propre père a été effectivement favorisé lors de sa carrière. Les images ont montré combien cette situation a été douloureuse pour cet homme : il est assis dans un fauteuil, à dossier lisse, tourné vers l’ombre, alors que la lumière est sur sa droite (sans doute l’éclairage maternel ou féminin). Il veut se tourner vers elle, mais il est coincé. Un énorme bras lui montre un chemin avec autorité. Il est attaché sur ce fauteuil, piégé. Il n’a effectivement pas pu se dégager d’une influence négative en contrepartie, symbolisée par cet énorme bras autoritaire et le fait d’être ligoté. L’ambition de ses commanditaires devait être très forte, car il l’a matérialisée par un haricot plat formant une échelle ; l’une de ses graines s’est gonflée comme un ballon, s’est échappée et est revenue comme un boomerang.

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Puis cette grosse graine a montré qu’en réalité elle était faite d’œufs de poisson. Pour que ces projets (les œufs) arrivent à maturité, il va falloir les immerger dans l’eau de mer, qui renvoie à un univers maternel, la mère. C’est-à-dire faire confiance à la femme, c’est vraiment la clé de cette séance. La libération de cette histoire s’est confirmée par la vue de cet homme triste avec un visage de loup-garou, qui s’humanisait et se libérait de sa tristesse avec grande douceur. On retrouve là la tristesse du jeune garçon. Le retrait des agresseurs potentiels s’est manifesté par une punaise qui se retire, se détache. Vous pouvez penser à l’objet qui permet d’attacher une feuille sur un support ou à l’animal. Les deux sens sont utilisables et illustrent bien la déliance : lorsque vous êtes jugé, étiqueté sans pouvoir réagir. Après des images liées au monde marin (la mère), dont un micro sous-marin remontant à la surface, les dernières images montraient mon jeune patient poussant des champignons sur un pont pour qu’ils s’alignent et avancent. Nous sommes enfin dans un univers terrestre, donc dans une dynamique adulte. Ce garçon a un vrai tempérament de leader, qu’il va enfin pouvoir développer.

Par amour pour son père et son grand-père paternel, ce jeune garçon ne pouvait mettre en œuvre tout son potentiel, au risque d’abandonner la souffrance des hommes de sa famille. De plus, la solution émergente est le rôle de la mère, artisan de la paix et source de création. La déliance opérée, cet enfant revint me voir tout joyeux deux mois plus tard. Il avait retrouvé un regard lumineux. Il m’annonça qu’il avait quatorze sur vingt de moyenne et me demanda s’il aurait dix-huit sur vingt en travaillant ! Je lui répondis que je lui avais mis un super engrais, mais qu’il était temps d’arroser pour en bénéficier longtemps.

Les enfants nous étonneront toujours par la simplicité avec laquelle ils accueillent ce type de travail et par leur facilité à trouver le chemin de la libération pour révéler leur potentiel ! Pardonnez-moi si je n’approfondis pas plus l’explication de cette séance, mais les séances sont toutes tellement riches de sens que je n’en perçois qu’une infime partie et qu’à chaque relecture, je découvre de nouvelles facettes ou interprétations. Il ne me faudrait pas un livre, mais des livres, pour vous raconter toutes ces vies passionnantes.

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• Un jour, Olivier vint me voir ; son épouse venait de le mettre à la porte, considérant qu’elle ne voulait plus de lui, « qu’il n’était rien, même pas un homme ». Étant stérile, il n’était pas le père biologique de leurs enfants obtenus par FIV.

Je découvre qu’un événement dramatique semble avoir bouleversé sa mère pendant la grossesse. Cette femme avait perdu, jeune, sa propre mère. Elle fut élevée par sa grand-mère, décédée à ce moment-là. Elle était traumatisée par ces deuils à répétition et j’ai vu mon patient, enfant, qui n’avait qu’un souci : consoler sa mère. Toute son énergie de petit garçon était concentrée sur cet objectif, qu’il n’atteignit jamais. Car lors de sa venue dans mon cabinet, adulte donc, sa mère était décédée, sans qu’il ne fût jamais arrivé à la sauver, à la consoler. N’ayant pas accompli cette mission, cette promesse d’enfant in utero, il ne s’autorisait pas à se réaliser et à créer.

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La déliance a été de l’accompagner pour faire aboutir de façon symbolique cette promesse intérieure et de le remettre dans une dynamique de création, quelle qu’elle fût.

La culpabilité des ancêtres
La culpabilité est un sujet bien vaste, que je ne peux qu’ef- fleurer, mais qui est un vecteur majeur dans les blocages existentiels. elle est d’autant plus active qu’elle se combine souvent avec un positionnement de victime. Comme lorsqu’une victime se persuade qu’elle a attiré la situation, qu’elle s’est mise elle- même dans la « gueule du loup ». (Cet exemple fait référence au conte du Petit Chaperon rouge dont je parlerai plus loin.) Ou encore qu’un coupable n’arrête pas d’expliquer qu’en réalité ce n’est pas de sa faute. Parce qu’il était une victime, que c’était le fruit de circonstances diverses, et j’en passe. Combien de procès concernant des actes graves, comme un meurtre, sont complexes et présentent des circonstances atténuantes pour le coupable au point d’ébranler les jurés.

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• Je vais vous citer un exemple fort, dont les conséquences auraient pu être dramatiques.
Une jeune fille de quatorze ans, Noémie, dont on reparlera dans ce livre, était inconsciemment prête à se faire violer pour réparer la faute de son arrière-grand-père qui, selon les images, semble avoir violé des jeunes filles vierges dans un camp de concentration. Même si cela paraît fou, sa mère pressentait un danger potentiel de cet ordre pour sa fille, sans explication plausible. Cela s’exprimait de manière relativement anodine, et elle percevait les signes d’une menace. Elle ne parvenait pas à convaincre sa fille de s’habiller de façon plus raisonnable. Noémie s’habillait de manière un peu provocante, juste un peu limite, comme pour excuser, par anticipation, le viol inéluctable auquel inconsciemment elle s’exposait ainsi.
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Après la séance, étonnamment, sa fille changea naturellement de comportement et s’habilla de manière plus sobre et plus décente. Le traumatisme des ancêtres
Des situations traumatisantes ont été vécues dans toutes les familles. Certaines ont été dépassées, transformées, transcendées même. Mais parfois, l’impossibilité de pouvoir en parler ou même d’en accepter la véracité, comme les horreurs de la guerre, par exemple, noue pour toujours.

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• Une jeune fille anorexique est venue me voir. Étant, à cette époque, confrontée pour la première fois à cette maladie, je n’avais aucune idée du thème qui pouvait émerger.

Je la vis tout d’abord écrire en cachette sous ses draps, une lampe de poche à la main. Elle fut très surprise, car effectivement, le soir, elle écrivait en cachette, voulant devenir journaliste. Ses parents chanteurs souhaitaient pour elle une carrière dans leur sillon, car elle avait une très belle voix. J’ai visualisé tout à coup une situation de guerre de tranchées, un homme terrifié à l’idée de tuer son adversaire, en étant suffisamment proche de lui pour voir son visage. Je perçus son hésitation : c’était « lui ou moi » et il tira avant de s’effondrer de douleur. Il s’agissait visiblement de l’arrière- grand-père de la jeune fille.

Puis cette jeune fille me montra une représentation de son « moi » comme une plateforme, une forme de planche, toute simple, juchée sur quatre échasses en métal très fines. Avant que je ne comprenne pourquoi, mon regard s’étant porté sur le dessous de la plateforme, une balle arriva d’en face, droit sur moi. J’eus l’intime conviction que pour ne pas être une « tueuse », elle affrontait la mort en étant la plus transparente possible et inatteignable. La balle devant passer entre les échasses qui soutenaient cette fine planche suspendue, elle pourrait la traverser sans la toucher.
La déliance s’est matérialisée par l’écriture de textes avec la balle en question. C’est-à-dire qu’elle a trouvé un moyen d’utiliser sa balle, faite à l’origine pour tuer l’autre, comme force créative pour écrire pour les autres. Étonnamment, cette jeune fille se sentait prédisposée pour écrire des poèmes afin d’aider les personnes en deuil.
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Je n’ai jamais su l’impact de cette séance sur elle, mais d’autres histoires la torturaient intérieurement. Une séance dans ce cas-là est insuffisante et la coopération de psychologues compétents me semblerait appropriée. Cependant, nous avons bien là un exemple d’anorexie qui n’a rien à voir avec les explications classiques de cette maladie. elle s’est développée comme solution ultime de survie en mémoire du traumatisme de son arrière-grand-père.

 

Isabelle Dadvisard
"Comment devenir riche de son passé"
Editions Dervy
 

                      

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