Après une rupture : vous vous sentez seul... ne le restez pas !



Ceux qui désertent notre vie nous laissent « amputés ». Forcément, ils habitaient nos pensées, notre quotidien. Ils laissent un vide palpable. Là où ils étaient, ils ne sont plus. Ils deviennent les fantômes de notre lit, de notre quartier, des restaurants où nous avons dîné, de leur place à table, à côté de nous dans la voiture... On se sent accompagné par... le vide. « Tout parle et rien ne répond » disait joliment Carine. Nous sommes sans cesse confrontés au manque, au silence, à l’absence. Certains se lancent dans une hyperactivité qui les distrait. Dans un premier temps, s’étourdir est une bonne idée. Le pire est sans doute le repli sur soi car il favorise les fantasmes, les idées pessimistes, le sentiment de solitude. Forcez-vous à sortir, à vivre même si vous vous sentez « à côté » : cette rupture sera l’occasion de consolider des amitiés, d’en tisser de nouvelles et... d’en abandonner certaines qui ne vous font pas de bien.

À cause de la rupture, on se sent plus instable, plus vulnérable et peut-être plus en demande de prise en charge par autrui. Des modifications surviendront dans les relations avec les amis du couple. Léa pendant des années a crié son insatisfaction dans un couple centré sur la prospérité matérielle où chacun avait son rôle : son mari au développement de sa carrière, elle à l’éducation des enfants... alors qu’elle voulait travailler, se moquait d’avoir un chalet à la montagne, une maison à la campagne, et une autre à la mer (problème d’incompatibilité de valeurs), d’autant qu’à la maladie de leur petite fille, elle s’est retrouvée absolument seule : Rastignac (l’ambitieux de Balzac) n’eut pas le temps – en un mois ! – de venir voir la Petite à l’hôpital. Bref, elle le trompe. Il hurle à la trahison. Des amis prêtent à l’épouse scandaleuse une chambre de bonne. Tous les autres lui tournent le dos comme si elle était une mère dénaturée et... une putain. Même son frère ne veut plus lui parler. Elle a trahi la cause bourgeoise à laquelle il adhère avec cœur malgré ses origines modestes. Elle craint que ses parents très simples, très catholiques, très investis dans le beau mariage de leur fille ne la renient eux aussi. Ils la prennent dans leurs bras : « Si tu n’étais pas heureuse... » La séparation a un impact puissant sur le paysage relationnel. Au début, c’est pourtant un grand moment de solidarité qui héberge l’un, écoute l’autre, dialogue, compatit, craint que l’un ne fasse une bêtise, prend les enfants pour qu’ils ne voient pas leurs parents déchirés... Certains couples envoient un joli carton pour prévenir toutes ces ruptures collatérales : « Nous nous séparons en toute amitié ; nous espéronsgarder la vôtre. » Angela a découvert avec bonheur « que nos amis étaient mes amis ; c’était génial ! J’ai appelé à l’aide et un véritable comité de soutien s’est mis en place pour me prêter de l’argent, par exemple ».
Encore faut-il savoir appeler à l’aide...

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COMPTEZ SUR LES AMITIÉS ANCIENNES ET... NOUVELLES
« Je me suis énormément entourée. J’ai réquisitionné tous mes amis, j’en ai beaucoup parlé, à tout le monde. J’ai ratissé tous mes tiroirs relationnels. Il y a ceux avec lesquels ça n’a pas pris mais la plupart ont été secourables car tout le monde a vécu quelque chose qui ressemble à une rupture. Les gens se mobilisent. J’étais dans un état second. Je me suis invitée avec mes enfants chez des amis. J’avais un ancien professeur qui venait donner une conférence dans la ville où j’habite. C’était un ami très lointain. Je l’ai appelé en lui disant : « Puisque vous venez ici, il faut absolument que je vienne pleurer dans vos bras. » Il a eu l’air étonné mais il a été d’accord. Je ne mangeais plus, je ne dormais plus. Il m’appelait en me demandant si j’avais mangé, et quoi ?Tout le monde me donnait son avis sur ma situation. J’avais l’impression que quantité de gens faisaient la ronde autour de moi en me disant : « Il faut absolument que tu penses à moi, je suis là. Et que tu penses à toi aussi... une chose que je ne n’avais jamais eu le temps de faire jusque-là. »
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Il y a donc toutes ces amitiés qui se nouent et celles qui se dénouent. François était très ami avec son beau- frère. Pourtant victime de sa sœur (elle l’a quitté en le laissant avec leurs trois enfants), il n’a jamais pu ne serait-ce que s’expliquer avec lui. « Il prenait le parti de sa famille de sang. Point final. » Une distance se crée parce que les centres d’intérêt commencent à diverger. Nous parlons de garde alternée tandis qu’ils racontent les Noël en famille. Certains peuvent aussi nous envier d’avoir osé mettre fin à un couple bancal, de retrouver une vie de liberté notamment sexuelle, un logement à soi, la liberté un week-end sur deux et nous fermer la porte (comme si en nous voyant, la tentation était trop forte d’en faire autant). Mais d’autres ouvrent la leur. Alicia ne comptait pas sur la solidarité des jeunes amis de son ex-compagnon. Pourtant, ils sont là. Ils lui font du bien et... du mal en lui révélant que la trahison ne datait pas d’hier, qu’ils étaient tous au courant qu’il avait « une jeune femme dans sa vie ». Ils lui racontent qu’ils ne cessaient de lui dire : « Préviens-la, c’est dégueulasse de lui faire croire que tout est comme avant. »

Difficile d’entendre que tout le monde savait et donc, mentait. Mais quel réconfort quand, la voyant si mal, ils refusent de la quitter, dorment avec elle de peur qu’elle ne fasse une bêtise. Certains soirs ils se solidarisent autour d’elle, à trois dans le même lit et sans la toucher bien sûr. L’un des jeunes copains de son ancien ami lui fait même une déclaration d’amour. Elle n’est pas prête à remplacer son jeune amant mais ça lui fait du bien de voir qu’elle est aimable, toujours désirable et même aimée. Des mauvaises mais des bonnes surprises, donc.

Faut-il en parler et à qui ?
Sur ce point, les avis divergent. Laurent considère que « ça ne sert absolument à rien. Les gens plaquent leur propre histoire sur la nôtre ou bien ils nous jugent (quand on est amoureux d’une femme mariée, par exemple, parce qu’on n’est pas légitimé à souffrir ; on l’a bien cherché !) ou bien encore ils donnent de très mauvais conseils. Certains m’ont dit : “c’est une salope, venge-toi !” D’autres ont affirmé que je ne m’en sortirais jamais sans tranquillisants (alors qu’à mon avis ces médicaments réduisent l’énergie, la force qui est en soi) ou bien encore ils essaient de consoler mais ils le font mal : une de perdue dix de retrouvées. Vraiment ? »

Florence, elle ne cherchait pas des conseils mais des témoignages. Elle voulait savoir comment les autres avaient vécu ces ruptures, comment ils s’en étaient remis.

« J’étais sincère, très intéressée par leur expérience de la séparation. Une expérience qu’ils se faisaient un plaisir de me raconter. J’ai constaté un grand partage autour de la souffrance de la rupture et ça m’a beaucoup aidée. Quelqu’un m’a dit : “Il faut absolument que vous vous habilliez très bien !” Alors je me suis mise à m’habiller avec soin. Avant, j’avais tendance à ne pas faire très attention. C’était une très bonne idée : bonne pour ma séduction, bonne pour mon ego et qui me donnait l’impression de changer quelque chose dans ma vie, d’avoir prise sur les événements.

J’étais réceptive à toutes les recommandations qui me permettaient de garder la tête hors de l’eau. Quelqu’un m’a dit aussi (en parlant de mon mari qui me quittait pour une autre femme) : “On n’arrête pas un amour qui flambe.” À partir de là, je lui ai donné une sorte d’autorisation, je l’ai aidé à se sentir toujours un bel homme et cela a contribué à prouver que je suis une “grande dame !”. D’autres me racontaient qu’assez vite ils n’avaient plus aimé et finalement été soulagés que l’autre soit parti, ce qui me donnait de l’espoir : bientôt j’aimerai moins, donc je souffrirai moins.

Un autre m’a raconté qu’il avait vu sa femme remplacer un à un les bijoux qu’il lui avait offerts par ceux de son amant... Une femme m’a dit qu’un jour l’homme qui la quittait avait éteint la radio en entendant Ne me quitte pas, la chanson de Jacques Brel, “cette fadaise” a-t-il dit. Toutes ces expériences me faisaient comprendre que je n’étais pas la seule à souf- frir ; nous étions des millions à être passés par là. J’ai aussi repensé à une prof de danse de ma fille qui avait fait subir à son mari ce que j’étais en train de vivre. J’ai écrit au mari pour savoir où il en était : “Vous avez vécu ce que je suis en train de vivre, puis-je vous voir ?” Il a été gentil, de bon conseil. Nous nous sommes vus souvent ; le dialogue était facile. Je lui ai dit de manière assez culottée que j’avais envie de passer une nuit avec lui. Il n’était pas du tout amoureux de moi mais j’ai été enchantée de faire l’amour avec lui. Cela faisait quinze ans que je n’avais pas touché un autre homme que le mien et j’ai trouvé formidable d’avoir un nouveau corps dans les bras ».


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LES 3 TYPES DE SOLITUDE
1. La solitude existentielle.Tout être humain se demande un jour ou l’autre quel est le sens de sa vie, pourquoi il est sur terre et s’il existe un recours à ses difficultés, un dieu par exemple. Or ces questions se posent particulièrement en période de crises, donc de rupture. Grâce à elles, votre positionnement dans l’existence sera plus ferme ou différent. Sans le savoir, vous avez déjà des réponses : vos enfants, votre travail, vos parents et amis sont une raison de vivre... mais vous en trouverez d’autres.

2. L’isolement social. L’être humain a besoin d’être en contact avec les autres, de se sentir appartenir à un groupe. L’isolement aggrave le sentiment de solitude que vous éprouvez après avoir perdu un être qui comptait tant.

3. Le déphasage. Quand on change soudain de vie, de statut... on se sent en décalage et parfois incompris, surtout quand on vous conseille de tourner la page alors que le moment n’est pas venu. Écoutez les conseils avec indul- gence et discernement, en vous demandant : « Qu’est-ce que j’en pense, moi ? » Quant à « passer à autre chose » oui, vous le ferez, quand le moment en sera venu.

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Et pour ceux qui se replient sur eux-mêmes ? Comment apaiser ce sentiment de solitude ? Sachez que – à l’image de l’insomnie – il empire quand on s’en inquiète. Considérez-le comme normal, passager, surtout si vous en profitez pour faire le point. Essayez aussi de vous concentrer sur ce qui vous rapproche des autres plutôt que sur les différences : il a quelqu’un, moi je n’ai plus personne ; elle a une famille, moi je suis seul, etc. Certes, parmi vos amis certains n’ont pas vécu de chagrin d’amour mais tous peuvent comprendre ce qu’est la perte, la colère, la tristesse, le sentiment d’injustice, la peur, le découragement... Ce qui nous rapproche les uns des autres, ce sont nos sentiments pas nos modes de vie.

Et puis, les amis qui connaissent notre histoire ont un autre avantage : ils mettent de la réalité dans nos ratiocinations. Ils nous empêchent de nous enferrer dans le mythe d’une histoire passée. Ils lui remettent du plomb dans la cervelle et, de ce fait, peuvent nous faire un bien fou même si leur objectivité peut faire mal. « J’avais un ami qui me parlait sans cesse de la femme qui venait de le quitter en se lamentant, en affirmant avoir perdu l’âme sœur, la seule qui pouvait lui correspondre... En disant cela, il me montrait des photos, et encore des photos et soudain, j’ai réalisé que sur aucune de ces photos, bien qu’il soit à côté de cette femme “merveilleuse” qui était censée le rendre tellement heureux, il ne souriait. Je lui ai balancé ce missile pour faire exploser son mythe de la seule grande et belle histoire de sa vie puis je lui ai proposé de ne plus me parler d’elle, mais de lui... »

À l’inverse, si nous nous prenons seulement pour la victime ayant tout donné sans jamais rien recevoir, ils pourront relativiser : « Tout de même, je t’ai vue heureuse... » En entendant cette phrase, vous aurez moins l’impression d’avoir perdu votre temps, gâché votre vie dans cette relation à sens unique.

Patricia Delahaie
Leduc.s Editions
 

                        
                                                                              

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