Amour : les manipulations de notre psychisme

 

Dans les profondeurs de notre psychisme sont tapies des forces toujours prêtes à surgir dans notre conscient et à nous manipuler. Tout se passe comme si notre inconscient recelait une multitude de personnages apparemment endormis, mais que d’un œil. Ils guettent ce qui se passe et ceux qui passent et repèrent les passant(e)s susceptibles de les intéresser. Il y en a qui peuvent jouer un rôle nocif dans votre destin. Apprenez à les reconnaître afin de tenter de les neutraliser, car eux vous connaissent par cœur et ne vous rateront pas.

Il y a :
• Le mendiant : « Mes parents ne m’ont pas aimé, je ne m’aime pas, je cherche quelqu’un qui aurait des trésors d’amour à me donner. »

• Le blessé : « Mes parents ont préféré ma sœur, mon frère, ils m’ont frustré en leur faveur, ils m’ont accusé injustement, et m’ont même frappé, je cherche un(e) thérapeute – une infirmière, un médecin. »

• L’abandonnique : « Mon père, ma mère m’ont négligé, voire m’ont laissé pour compte. Je cherche une femme, un homme, qui pourrait m’adopter. »

• Le dévalorisé : « Ma mère, mon père me disaient que j’étais nul(le), je cherche quelqu’un qui me dise que je suis quelqu’un de formidable, bref qui me guérisse de mon complexe d’infériorité. »

• Le narcisse : « Je cherche quelqu’un qui me ressemble – un miroir – pour me conforter dans ma propre valeur et donc me rassurer, car j’aime en l’autre ce que je suis. »

• L’Œdipe : « Je cherche quelqu’un qui ressemble à mon premier objet de désir (ma mère, mon père). » Ce mécanisme est différent de l’« empreinte » car ce qui agit ici ce sont les désirs refoulés et non l’effet attractif d’un « moule ».

Parfois les personnages attendent des passant(e)s complémentaires, en parfaite symétrie. Ce sont :
• Le dépressif : « Je n’aime pas la vie, je cherche quelqu’un de tonique qui me la fasse aimer. »

• Le sauveur : « Je suis d’un naturel dévoué, je cherche une personne paumée pour la sortir de ses errements et la rendre heureuse, ce qui donnera un sens à ma vie et m’apportera, ainsi qu’à l’autre, une bonne image de moi. Moyennant quoi je pourrai la posséder. »

• Le culpabilisé : « Je suis sûr d’avoir fait quelque chose de mal, je cherche un(e) partenaire maléfique pour me châtier. »

• Le maso : « J’aime souffrir, je cherche quelqu’un qui prendra plaisir à me maltraiter – un sadique. »

On pourrait citer des personnages de tonalité plus franchement névrotique : l’hystérique féminine qui attend un homme puissant et rassurant, en un mot paternant ; le paranoïde qui cherche un partenaire narcissisant ; le phobique un audacieux ; l’exhibitionniste un voyeur ; etc.

J’arrêterai là la description de notre galerie de portraits intérieurs. On le voit, nos profondeurs sont faites de manques et donc d’attentes qui agissent à notre insu, et nous poussent à chercher quelqu’un qui pourra nous combler ou nous compléter, et de toute façon nous guérir.
Ces choix névrotiques qui nous concernent tous peuvent engendrer des couples harmonieux et durables aussi bien que des couples chaotiques et éphémères.


 

Dr Gérard Leleu

 


Si cet article vous a plu, vous pouvez en lire plus
en cliquant sur la couverture du livre ci-dessous :