Guérir...

Le simple fait d’utiliser et donc de lire le terme de « maladie », provoque chez l’humain l’attente d’une proposition de médecine, pharmacologique ou chirurgicale. L’évocation de la maladie génère l’attente de la guérison. Et notre vision humaine de cette affaire nous projette dans le combat. « Guérir » est un mot qui puise son étymologie dans une racine commune à la langue germanique : warjan, par une racine indo-européenne swer-, sert- et wer-, qui signifie « faire attention ». Et guérir voulait d’abord dire défendre. La notion de combat est sans équivoque, et l’ennemi est désigné par le nom de microbe (bactérie, virus, champignon...). Tout comme dans warjan il y a « war » qui signifie guerre, dans guérir il y a, en sonorité, le même mot « guerre ». La médecine est bien une activité de lutte contre la maladie, et il n’y a aucun jugement à l’énoncé de cette réalité. Le fait est bien connu : pour une maladie d’origine bactérienne, il faut un antibiotique, substance qui combat certaines formes de vie. En fait, rares sont les médicaments de la pharmacopée qui ne sont pas des « anti- quelque chose ». Imaginons un instant que l’on ait donné le nom de probiotiques aux antibiotiques, et de « pro-quelque chose » à tous les « anti-quelque chose », qu’aurions-nous enclenché de différent dans l’inconscient collectif ? Qu’aurait donné au genre humain l’application des conseils de la philosophie orientale telle que nous la révèle le Yi King à travers ces mots : « plutôt que de lutter contre le mal, dirigez-vous énergiquement vers le bien... ».

De mon contact au monde des homéopathes, tous médecins par ailleurs, j’ai longtemps retenu une phrase acerbe : « un rhume non soigné dure une semaine, un rhume traité par médicaments dure sept jours... ». Ce monde homéopathique me poussait à entendre que la médecine nous leurrait, et en message subliminal, qu’elle se trompait, ce qui pour moi n’était pas aussi facilement envisageable, mon propre père étant médecin, O.R.L. de surcroît... Comme je l’ai déjà dit, il me fallait trouver moyen de faire avec les deux ! Mais ces mêmes homéopathes présentaient le remède homéopathique comme plus efficace dans la lutte contre les maladies. Je crois que là est la première erreur. L’homéopathie n’est pas une arme de lutte contre, mais un outil d’accompagnement, « d’aller avec ». Sinon, on prend le risque d’utiliser l’homéopathie comme de l’allopathie, ce qui sans nul doute, est contraire aux principes énoncés par Hahnemann, et contraire à la philosophie qui sous-tend l’homéopathie, cette philosophie exacte qui fut celle de Samuel Christian Hahnemann. De plus, l’homéopathie ainsi utilisée se révélera souvent aussi efficace que le médicament dit chimique, à savoir une semaine ou sept jours... Donc, face à une nouveauté sans gain d’efficacité, il est normal que les vieilles valeurs demeurent... De plus, ce langage déclenche l’hostilité, entraînant ces guerres de deux mondes qui ne savent juste pas s’entendre. Et puis, souvent le médecin qui se tourne vers l’homéopathie le fait dans un sentiment plus ou moins inconscient d’échec de ce qu’on lui a enseigné, et se croit obligé de devoir choisir entre deux écoles de médecine, ce qui est faux. Si Hahnemann a subi des attaques virulentes à son époque, il n’est nullement nécessaire de continuer cette lutte aujourd’hui, car c’est le malade qui en fait les frais.

Accompagner le malade est une toute autre chose, et cette manière de regarder l’expérience de celui qui est malade, ouvre à une nouvelle compréhension. Accompagner avec de l’allopathie n’est pas une absurdité pour un homéopathe, sauf s’il fait de sa médecine, plus précisément de ses armes thérapeutiques, l’enjeu d’une reconnaissance, plus exactement d’une considération. Mais alors, l’homéopathie n’est pas mise au service du malade, mais du médecin... La notion d’équilibre de santé est un aspect pivot de toutes les techniques médicales dites « parallèles », même si peu d’entre nous s’en aperçoivent. Et cette notion d’équilibre se retrouve dans toutes les données médicales orientales, malheureusement dans une approche dite énergétique ou utilisant le terme d’énergie, ce qui occasionne encore d’autres luttes de savoir ! Pourtant, un remède allopathique, dès son introduction dans le cycle biochimique, produit de l’énergie... Or, la recherche de l’équilibre est le premier sens de l’existence. Ce n’est que dans l’équilibre que la vie se manifeste, et dans sa recherche qu’elle oriente son apparition. L’équilibre est, d’un certain point de vue, un point virtuel autour duquel l’expression du système considéré change. Ainsi, une molécule chimique, non entendue ici de synthèse, mais comme brique de construction de la matière elle-même, possède un point d’équilibre dans son mode d’action. En pharmacologie, ce point est connu comme étant la dose d’inversion de l’effet. Et cela est si simple à comprendre... Le café par exemple, qui est à son origine une plante médicinale, au-dessus d’une certaine dose, provoque l’absence de sommeil, mais en dessous de cette dose, favorise justement le sommeil... C’est ainsi que le vieil adage est plein de bon sens : il faut de tout un peu... Un antibiotique lui-même manifeste le même comportement : à une certaine dose, il combat la vie microbienne, en dessous, il est capable de favoriser cette vie en la rendant résistante à son effet... Bref, l’équilibre régit la vie sous diverses formes d’expressions, mais dans un seul sens fondamental : il lui est nécessaire, il en est même le moteur.

La médecine chinoise parle de ce même équilibre, mais dans sa dialectique, à savoir le Yin et le Yang, qui représentent deux formes de base de l’expression du vivant, qui s’équilibrent mutuellement tout au long d’un cycle. Ainsi peut-on comprendre qu’été et hiver s’équilibrent, qu’au solstice d’été correspond un solstice d’hiver, et qu’il y a deux équi- noxes. Mais l’Orient nous montre, dans sa culture ancestrale, une différence fondamentale avec l’Occident. Pour l’Orient, dans cet environnement qui est le sien et dans le passé qui lui est spécifique, le ciel est générateur de la vie. Vous me direz chez nous aussi. Et bien pas de la même façon. L’empereur est source de la vie comme chez nous le fut Marie, la Sainte Vierge ou encore Pachamama en Amérique du Sud. Je parle de données culturelles ancestrales et non de croyances acceptées ou non. Dans le Yi King, il est dit que lorsque l’énergie Yang apparaît, donc le trait masculin plein, le ciel, alors apparaît instantanément un dessus et un dessous. C’est le ciel qui justifie l’existence matérielle. Alors que dans notre monde à nous, ce ciel ne peut qu’ensemencer la terre qui, elle, donnera naissance à l’expression de la vie. Ainsi comprend-on mieux que la forme du cercle soit chez nous symbolique du féminin, et chez eux, symbolique du masculin. Toujours dans leur description de la vie, le ciel englobe la terre. C’est lui qui en dirige les manifestations. Chez nous, pendant des temps immémoriaux, mais que notre inconscient garde en donnée de base, la Terre était le centre du monde, et l’Univers lui était assujetti. Voilà pourquoi masculin et féminin s’inversent en traversant à peu près le méridien de 60° de longitude. De même qu’il ne faut pas oublier qu’en Chine, le sud est la direction de référence et non le nord comme en Occident. Bref, sans connaître la référence culturelle d’un peuple, on ne peut en comprendre sa médecine. On ne peut non plus la réintégrer telle quelle dans notre monde occidental... (cette évidence explique l’ethnopsychiatrie de Tobie Nathan, professeur de psychologie clinique et pathologique à l’université Paris VIII, qui souligne l’intérêt des connaissances anthropologiques dans la prise en charge du désordre, de la maladie et du malheur).

Le symbole lui-même du Yin et du Yang retrace cet équilibre en dévoilant un sens qui devrait nous imprégner un peu plus profondément : il n’y a pas de féminin sans présence de masculin, présence à la fois au contact extérieur et présence intérieure. Cette loi fondamentale du vivant imprègne profondément le décodage dentaire ainsi que toutes les compréhensions des maladies de la bouche que je vais vous présenter. La terrible dualité masculin/féminin n’existe que dans notre approche trop restrictive de la vie, mais pas dans son essence.

Cet équilibre existe également dans notre bouche, au travers de notre occlusion, état de rencontre des dents du haut et des dents du bas. Étrangement, la notion de ciel qui englobe la terre s’y manifeste merveilleusement, puisque les dents du maxillaire supérieur englobent les dents du maxillaire inférieur, et sont censées en diriger, du moins en accompagner, les mouvements. Tout aussi étrangement, c’est le maxillaire inférieur qui manifeste l’accès à la vie, permettant l’expression de la vie par le verbe ! Ainsi, notre anatomie réalise-t-elle très simplement et naturellement l’union des points de vue intellectuels que le cortex oppose... L’occlusodontie est la spécialité de l’art dentaire qui étudie ces mouvements et ces positions de rencontres et qui détermine les traitements de toutes ses pathologies. L’équilibre fondamental de cette occlusion s’observe lorsque les dents se rencontrent alors que l’articulation temporo-mandibulaire (ATM) est en position de relation centrée. Cette position centrée de l’ATM décrit le condyle du maxillaire inférieur en position haute et reculée dans la cavité glénoïde de l’os temporal, et se nomme la relation centrée. Dans et à partir de cette position de référence, le maxillaire inférieur va pouvoir effectuer un mouvement d’ouverture de la bouche sur quelques millimètres qui se traduit au niveau de l’articulation par de la rotation pure autour d’un axe (matérialisé par des appareillages dits d’axiographie). Bref, quoi qu’il en soit, cette position est la position dite originelle de l’articulation. À cette position articulaire va correspondre une occlusion dite occlusion en relation centrée. Dans l’idéal, toutes les dents devraient entrer en contact harmonieux et en même temps. Les molaires du haut et du bas vont permettre d’offrir un appui idoine à la verticalisation de l’individu, et l’équilibre de cette position occlusale va incomber aux premières prémolaires, dents dites numéro 4. Que nous racontent ces dents, sans revenir sur les bases du décodage dentaire tel que je les ai déjà énoncées dans l’ouvrage précédent ? La verticalisation de l’être humain nécessite (pardon-pour cette lapalissade) un corps, autrement dit une structure (quatre dents numéro 7) et une énergie vivante qui coule à l’intérieur, autrement dit la vie, (quatre dents numéro 6). Mais pour répondre à une définition de l’individu dit humain, l’équilibre se fait par un centrage sur l’énergie du cœur (quatre dents numéro 4). L’occlusodontie attribue effectivement aux dents numéro 4 le rôle de point d’équilibre orthostatique. Il nous est offert là un point remarquable d’appréciation des extractions de ces dents (numéro 4) dans le déroulement des soins d’orthodontie. Ces extractions révèlent simplement, (sans rien interdire ni empêcher ad vitam eternam), que la majorité des déséquilibres dans l’existence viennent de souffrances du cœur... Lorsque la santé dentaire d’un enfant semble nécessiter de telles extractions, ce n’est que la conséquence des existences précédentes à la sienne, ayant expérimenté de telles souffrances. Qui n’a pas eu droit, non à ces extractions, mais à ces souffrances ? Ces extractions, bien avant d’être jugées, doivent nous permettre de prendre conscience de ces échecs du passé dont nous tentons de protéger notre descendance. Une fois encore, même ces extractions ne sauraient protéger la prunelle de nos yeux (nos chers enfants) de retraverser de telles souffrances, simplement parce que comme nous, ils sont des êtres humains... Certes notre cœur est ce qui nous offre de souffrir dans notre émotionnel. Mais ainsi que notre bouche le montre, ce cœur est le pivot d’équilibre de l’être humain en devenir... Les maladies exprimées par le corps ne sont que les souffrances laissées à l’abandon de notre cœur. Le corps n’en est que le révélateur, non pas la source...

Équilibre encore ce système dit cerveau limbique, en position médiane dans le système nerveux central (SNC), entre tronc cérébral (TC) et cortex. Symboliquement porteur de comment être dans ce conflit permanent, entre paraître et survivre, comment paraître pour survivre, comment survivre en étant un autre que moi... Équilibre entre ces conditions existentielles et l’inconditionnel de la vie elle-même, que nos dents retracent avec exactitude dans notre cavité buccale. Ce paraître dans l’expression corporelle, dans le contact du premier regard qu’offrent nos incisives supérieures lors de l’élocution ou du sourire, et cette structure vivante qu’est mon corps, stimulée dans son « aller vers » par le besoin de survie. Équilibre permanent à devoir réussir entre cet extérieur qui me façonne et ma ca- pacité à façonner l’extérieur. Équilibre fragile entre mes mémoires biologiques issues d’un temps passé que je dois adapter à ce temps présent et ses conditions si rapidement évoluées. Il y a tant de décalage entre mes mutations intérieures et la mutation des conditions existentielles, tant de décalage dans le rythme, mais avec les mêmes besoins d’adaptation. Je parle là des adaptations comportementales non synchrones avec les mutations de fonctionnement basique.

Ces incisives supérieures qui guident mes expressions et mon aller vers l’avant, vers demain, vers l’autre, sont ces incisives qui ont mémorisé de qui je suis et d’où je viens. Se pose alors ce dilemme inconscient : leur être fidèle ou bien être fidèle à moi-même ? Ces incisives supérieures qui, avant que j’en aie conscience, annoncent mon pedigree, sont des images de mes modes relationnels enseignés par ceux qui furent mes premiers professeurs à savoir mes parents. Ici se pose inéluctablement la question du comment ? En fait, la première réponse se trouve dans leurs formes et leurs positions relatives, ainsi que je l’ai expliqué dans l’ouvrage précédent. Et si une même malposition permet de toujours révéler la même histoire vécue, cela n’explique pas le comment. Comment et pourquoi restent aujourd’hui encore mystérieux. Je ne peux pour l’instant qu’observer la récurrence des souffrances de l’arbre généalogique retransmises à la descendance au travers de ces positions dentaires changeantes. La nature cristalline de la dent n’est, de toute évidence, pas étrangère à une fonction encore inconnue de cet organe en rapport avec notre mode réactionnel déclenché dans la relation humaine. Le cristal est pourvu de propriétés électriques et de capacités informatives au travers d’une autre propriété dite de mémoire, que le monde de l’informatique tente de dompter afin de produire des disques durs en cristal. Il semblerait alors que notre nature utilise déjà cette capacité, même s’il est aujourd’hui encore impossible d’en déterminer le protocole. Pourtant, la dent semble capable d’une sensibilité à ce qui se passe au-dehors en même temps qu’aux effets que cela produit au-dedans. Et cela, sans jouer sur les mots...

Ainsi, si la dent suit exactement le développement de l’enfant au sein de sa famille, ses positions sont capables d’en révéler l’histoire à l’observateur étranger dès que le code de lecture est connu. Cela est la mission du décodage dentaire. Retraçons cette histoire ensemble... À la naissance, le petit être quitte sa première maison, l’utérus de sa mère, dans lequel il a vécu sa toute première histoire à deux. Mais un deux confondu avec le un. Mère et fœtus vivent une symbiose totale au travers des traceurs chimiques de chaque émotion et sous l’emprise d’un seul système nerveux central, celui de la mère. Le fœtus a bien des signes d’un extérieur, mais les signifiants lui sont transmis par sa mère, au travers des siens propres. Ainsi sort-il d’un dedans, a priori sécurisant, vers un extérieur à découvrir , à conquérir . Les premières dents qui prennent place dans sa bouche sont les incisives inférieures, vers l’âge de six mois (l’âge dit moyen d’éruption d’une dent est une donnée issue d’une observation d’un grand nombre, et forme la description dite « normale » de l’évolution du corps humain ; toute variation autour de ces moyennes est matière utilisée pour en comprendre le message). Ces dents sont en lien avec le seul individu qui informe l’intériorité, le seul connu à notre arrivée : la mère. Cette union n’est fusionnelle que sur le plan de la survie. Sans elle, le nouveau-né est en danger de mort. Bien entendu, tout substitut à son rôle sera pris comme faisant office d’elle. Nous savons grâce aux travaux d’autres chercheurs, que le lien d’attachement transfert ce genre d’information à la biologie du bébé, et que ces liens sont le support nécessaire au développement du reste des fonctions du petit être. On devrait, en tout bon sens et en fonction des données actuelles de la science, favoriser la mise en place de liens d’attachement dans les centres d’accueil pour enfants abandonnés. Les liens d’attachement sont les supports nécessaires à la structuration de l’élan vital futur et aussi à l’établissement des connexions neuronales du cortex.

Tant que le fœtus est au bout du cordon ombilical, la mère lui transmet manger, boire et respirer. Tant qu’il est dans l’utérus, la mère lui assure dormir, grâce à ce nid protégé. Et la reproduction n’a alors d’autre sens que celui des cellules qui se reproduisent afin de donner naissance à la forme du corps et à ses organes fonctionnels. Manger, boire, respirer, dormir et reproduire sont les cinq besoins de la biologie d’un corps vivant, cinq grands chapitres dans lesquels l’inconscient biologique peut être en stress de danger de mort s’il y a carence. L’école de Paolo Alto a très bien exprimé la prédominance de ces besoins dits basiques de la structure biologique avant que de vouloir se tourner vers des besoins d’être.

Puis arrive la naissance. Couper le cordon va nécessiter la mise en place d’une source de remplacement à deux besoins fondamentaux du bébé : dormir et respirer. Manger et boire sont toujours du ressort de la mère qui est la seule à pouvoir les assumer. Mais dormir demande un toit, et respirer, un ciel. Nous voilà dans cet espace vierge de connaissance au moment de la naissance. Quelque chose en nous très certainement suspecte l’existence d’un autre monde, que nous savons être le « dehors » une fois grand. Mais à cet instant, il n’y a pas de savoir, que des sentis, des instincts de survie, et aussi des mémoires. Le premier rôle de la mère est de donner dans cet extérieur l’information d’une présence signifiante dans le rôle de père. Il y a ou il peut y avoir un père, mais ce n’est pas pour autant que le bébé en reçoit l’information de signifiant en tant que tel. Pourtant, c’est lui que les incisives centrales supérieures recherchent. Un retard d’éruption de ces deux incisives parle d’un manque de père, et non de manque du père. Il y a dans cet extérieur, un homme, mais muet en sens. On savait le rôle fondamental de la mère pour l’enfant, mais ses dents nous confirment qu’elle a aussi pour mission d’ouvrir une place à un sens de père, et nous en révèlent les souffrances.

Eve met l’enfant au monde et le tend à Adam. Les dents du bébé retracent cette évidence. L’enfant peut avoir ses dents qui poussent tout à fait normalement, alors que la réalité montre un vide total de père. Il n’y a pas d’homme aux alentours. Mais si les dents poussent, c’est qu’il y en a un dans l’inconscient maternel, ou du moins, la biologie du bébé capte un signifiant de père. Plusieurs théâtres sont bien entendu possibles. Le premier, c’est que la mère sait qu’elle peut compter sur son propre père si elle devait avoir un problème. Le bébé va intégrer ce grand-père dans un signifiant de père, alors que cet homme n’est pas son père biologique. Cet élément me semble très important pour désamorcer en décodage biologique, tous les problèmes dits d’incestes inconscients. Un autre cas de figure est que la mère elle-même va émettre un signal reçu comme du père par l’inconscient du bébé. Le rôle de père étant à cet instant de la vie éminemment dédié à la protection à l’extérieur. Une « mère isolée » peut fort bien accéder en elle à cette dynamique de père, car cela n’a rien à voir avec l’enveloppe physique, mais avec un état d’être et une fonction d’agir. D’autres cas de figure sont bien évidemment envisageables, et en faire une liste exhaustive sort du cadre de ce livre. Mais avec le sens de l’observation, sans vouloir interpréter, mais juste observer, on peut en découvrir les acteurs. Le révélateur est donc bien ces deux incisives centrales supérieures qui poussent à la bonne date, et un vide apparent de père dans le biotope du bébé apparemment contraire à une chronologie d’éruption correcte.

De la même manière, on trouve son contraire, c’est-à-dire un homme, le père biologique, bien présent dans cet entourage, mais vide de sens, incapable de devenir signifiant de père. L’effet sur la phase éruptive se produira par un retard de mise en place des incisives centrales supérieures.

Rappelons-nous bien qu’à cet âge, environ six/huit mois, le bébé n’apprend pas à l’aide de son cortex. Seuls les sentis dits émotionnels sont intégrés dans sa structure nerveuse, au sein du cerveau limbique en lien avec les données fondamentales de survie du tronc cérébral. La voix de l’homme-père qui est entendue, n’a de sens que si elle en a eu pendant la phase utérine. Or, pendant cette phase, le bébé a connu le goût de cette voix, au moyen des traceurs chimiques que des émotions sont capables de produire, et ici, émotions de sa mère en relation avec cette voix. C’est pourquoi il est dit que le bébé a tout d’abord le goût de la voix de son père. Mais si cette voix, existante dans cet au-dehors non conceptualisable par le fœtus, ne provoque pas les émotions à même d’informer son système nerveux central qu’il y a quelqu’un en lien avec des émotions de protection, cette même voix une fois l’enfant au-dehors sera mise en lien avec... rien !

L’activation fonctionnelle de la zone occipitale en lien avec la vue n’est amorcée que vers l’âge de huit mois. Alors seulement, il y a aura association entre la voix et l’image correspondante. Puis l’enfant pourra éveiller en lui les signifiants de père à sa seule vue. Dans la Bible il est écrit « et le peuple voit les voix ». Quelle étrange coïncidence avec cette phase corticale... Huit mois et les incisives latérales débutent leur mise en place, comme si ces dents avaient un lien avec les informations visuelles. Mais c’est également l’âge de l’apprentissage de la position assise, laquelle va exercer une traction musculaire sur la bosse occipitale par l’intermédiaire des muscles de la posture, ainsi que de toute la musculature latérale du cou, préparant la mise en place fonctionnelle du pharynx, espace nécessaire au langage.

Jusqu’ici, notre nouveau-né a fait la « connaissance » de sa mère et de son père, ces deux protagonistes à sa venue au monde, et sinon ceux de sa survie sur terre. Notre dimension biologique en a un besoin fondamental. N’oublions cependant pas qu’une dent, qui fait son apparition en bouche à l’âge de six mois, s’est en fait minéralisée dans la gencive du fœtus depuis le sixième mois de grossesse. On ne peut donc pas prétendre que les événements vécus pendant cette période ne sont pas inscrits d’une manière ou d’une autre dans la structure cristalline. Ainsi, il semble que les rôles de mère et de père débutent leur action structurante bien avant la venue au monde du nouvel être, et bien avant l’éveil fonctionnel du cortex. Rappelons également ici qu’il n’y a aucune fibre corticale qui ne quitte le cortex sans faire relais au niveau du thalamus ou de l’hypothalamus, et que vouloir encore nier les effets sur notre santé de nos émotions n’est plus un langage acceptable de la part de ceux qui sont en charge de la santé. Le psychosomatique doit aujourd’hui faire place au psychosomato-émotionnel, ne serait-ce que par respect de la structure même de notre système nerveux central et de ses interpénétrations de fibres.

L’équilibre, nous l’avons vu, se présente comme nécessaire et sous-jacent à l’ensemble des niveaux abordés. Pour le futur être humain, il apparaît clairement que le premier équilibre, qu’il a besoin de rencontrer, se matérialise pour lui dans le fonctionnement de son couple parental. Nous pensons tous en temps de présence, alors qu’il semble bien plus important de l’aborder selon le point de vue de la puissance signifiante. D’autre part, il apparaît dans toutes les études, y compris celles des dents, que c’est la mère qui détient la clé d’accès à la vie extérieure de son bébé. Il est impossible de le nier sur le plan biologique, mais il convient également de le transposer sur le plan du développement de l’enfant dans sa structure émotionnelle, laquelle représente la base de son développement futur d’adulte.

Pourtant, tout n’est pas si simple. Ainsi, le décodage dentaire ne peut être envisagé comme une grille de lecture stricte et figée. Les données exposées jusqu’ici pourraient faire croire que les incisives centrales inférieures sont reliées à la mère et celles du haut au père. Oui, mais uniquement jusqu’à l’âge de trois ans. En effet, à partir de cet âge, l’enfant acquiert une conscience de son identité. Si jusque-là il n’a existé qu’au travers de ces deux individus et de leurs regards, leurs mots, leurs attentions ou leurs touchers, à partir de trois ans, l’enfant a, dit-on, édifié son identité. Le « je » est en place, avec plus ou moins de cohérence voire de solidité. C’est l’âge où cet enfant aime à dire non, et que tout est à ce « moi » omniprésent dans son langage. Remarquons simplement pour l’instant que le mot « non » a la même sonorité, la même vibration que le « nom », et que justement, le nom est véhicule de l’identité. Ce nom est d’ailleurs normalement transmis par le père, même si aujourd’hui, le nom de la mère peut lui être ajouté. Je n’en discuterai pas ici, il n’y en a pas la nécessité ni la place. Chacun a sa propre idée sur la question, et toutes les idées ont droit de cité. Rappelons-nous que ce chapitre évoque l’équilibre, et que si le nom de la mère peut équilibrer sa place au sein de la famille, alors pourquoi pas ? De toute façon, la biologie n’oublie pas la mère. L’ADN mitochondrial en garde le souvenir, bien plus que l’ADN sexuel transmis par le père (voir Les sept filles d’Eve, Bryan Sykes, éditions Albin Michel). Mais bien entendu, les femmes ne le savent pas, tout comme personne ne savait que ce sont les pères qui transmettent le chromosome Y qui fera du nouveau-né un garçon. Pourtant, de nombreuses femmes ont été légalement répudiées pour n’avoir pas donné de descendant mâle à leur époux...

À trois ans donc, l’enfant a une conscience nouvelle de lui-même à travers un tout petit mot : je. Il y a alors un remaniement dans sa structure énergétique, et dès cet instant, les dents du maxillaire inférieur vont le représenter lui, alors que père et mère vont prendre place au maxillaire supérieur. Est- ce une simple vue de l’esprit ? La conséquence du débourrage des chevaux qui fait basculer leur configuration énergétique entre les membres antérieurs et les membres postérieurs est-elle une vue de l’esprit ? Non, tous les professionnels amoureux des chevaux peuvent en témoigner, comme les dents m’ont témoigné elles-mêmes de cette réalité.

En effet, et pour preuve, il existe une anomalie chez certains individus qui se nomme agénésie. Cela signifie qu’un germe d’une dent ne s’est pas développé, et que ladite dent manque sur l’arcade dentaire. D’un point de vue statistique, cette anomalie de nombre touche le plus souvent la deuxième dent d’une famille dentaire. Les familles dentaires sont, rappelons-le, les incisives, les canines, les prémolaires et les molaires, avec une distinction entre molaires et dent de sagesse, même si embryologiquement, la dent de sagesse est issue d’un germe commun aux molaires qui se subdivise en trois. L’exemple qui nous intéresse ici est celui de l’agénésie de la dent numéro cinq. Quand il s’agit de la dent 5 du cadran inférieur gauche, autrement dit la 35, la mémoire est différente du cas où c’est la 25 qui manque (dent numéro 5 du cadran supérieur gauche). On pourrait penser à une distribution aléatoire de ces agénésies, à une sorte de loterie qui touche sans raison l’une ou l’autre dent. Pourtant, la compréhension du système de développement de l’enfant dont je viens de parler, correspond parfaitement aux mémoires associées dans les deux cas, mémoires que le décodage dentaire m’a fait découvrir. L’agénésie de la 35 parle d’un enfant de l’arbre généalogique qui a perdu sa mère avant l’âge de trois ans, alors que l’agénésie de la 25 parle d’un enfant qui a perdu sa mère après l’âge de trois ans. Cette différence de localisation tient effectivement compte de cette bascule énergétique, et le traçage est précis à 100 %. Le plus étrange, c’est que l’enfant qui a cette agénésie n’a pas perdu sa maman. Par contre, lorsqu’on interroge la famille, on découvre effectivement une angoisse exagérée de pouvoir perdre sa maman.

À un degré moindre, on retrouvera ce traçage dans les dents de lait qui ont du mal à céder leur place aux dents définitives. Le « conflit » est moins fort, car il n’y a pas d’agénésie, mais la peur de perdre sa maman est présente sous des formes atténuées ou symboliques. Par exemple, un benjamin d’une famille peut voir des relations entre sa maman et son frère aîné qui sont totalement dépourvues de câlins, et se dire que s’il grandit, il perdra lui aussi ces moments de douceur et de toucher. La perte de maman est ici symbolique, puisque uniquement en lien avec le mode relationnel entre un garçon et sa maman. La dent parle pourtant bien, ici, d’une fin de relation...

 

Dr. Christian Beyer 

                        
                                                                              

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 Décodage dentaire Tome 2