Religieux ou athée, le spirituel est pour tout le monde...

Nous vivons une drôle d’époque. Une époque trépidante, paradoxale, enthousiasmante et souvent déroutante. Après avoir été déniée en Occident, la religion revient en force aujourd’hui. Ou plutôt le « fait religieux », qu’il se nomme bouddhisme, catholicisme... On n’a jamais eu autant besoin de prier, de partager, de méditer, d’exprimer sa gratitude : en un mot, de croire. La religion qui semblait s’être échappée par la porte des lieux de culte est revenue par la fenêtre de nos écrans, nos téléphones portables et dans nos vies.
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Nous vivons une drôle d’époque. Une époque trépidante, paradoxale, enthousiasmante et souvent déroutante. Après avoir été déniée en Occident, la religion revient en force aujourd’hui. Ou plutôt le « fait religieux », qu’il se nomme bouddhisme, catholicisme... On n’a jamais eu autant besoin de prier, de partager, de méditer, d’exprimer sa gratitude : en un mot, de croire. La religion qui semblait s’être échappée par la porte des lieux de culte est revenue par la fenêtre de nos écrans, nos téléphones portables et dans nos vies.

Sur les réseaux sociaux, on «partage» les informations, les vidéos, les musiques, tout comme les chrétiens partageaient le pain. La moindre disparition de personnalité médiatique donne lieu à une avalanche de bougies virtuelles assorties du désormais incontournable RIP (Rest In Peace). N’est-ce pas une forme de prière collective qui circule de Facebook en Twitter ? C’est bien ce qui s’est passé pendant les évènements dramatiques de janvier et novembre 2015, les attentats de Charlie Hebdo et du Bataclan (mais aussi ceux qui ont suivi en Belgique et au Royaume-Uni...). L’envie de se réunir, de pleurer, de prier ensemble, de ne former qu’un seul cœur pour une même cause.

On a quitté les églises et la messe du dimanche ? Mais on se rassemble dans des lieux qui affichent complet, parfois même au Grand Rex à Paris ou sur des scènes jadis dévolues aux concerts de rock, pour s’unir dans une sorte de prière de groupe qu’on nomme « méditation ». Qu’importe finalement : le Palace, le Grand Rex, une église ou un temple bouddhiste... si tout le monde y trouve son compte ?

Bref, les gens sont en quête de foi, de pèlerinages, en un mot : d’intériorité. Souffrons-nous d’une déficience d’ «être intérieur»? Oui, c’est probable. Nous, Occidentaux, pensons souvent davantage à rassembler toujours plus de profit en passant à côté des joies simples de la vie. Ce déficit « d’être » dont nous souffrons intensifie nos problèmes. D’où l’envie aujourd’hui d’écrire ce livre de prières alors que nous avons tant besoin de sortir de nos solitudes.

Permettez-moi un petit détour par ma propre vie. Vous m’avez peut-être rencontrée pour la première fois au cours des années quatre-vingt, quand je co-animais avec Véronique de Villèle la fameuse émission Gym Tonic sur Antenne 2. Les justaucorps fluos, les jambières de danseuse et les Toutouyoutou semblent bien loin en apparence de ma présente robe de moine bouddhiste. Et pourtant... Bien avant d’entraîner des millions de téléspectateurs à bouger, rire et danser, j’ai été une enfant pensive, méditative et surtout une croyante fervente. La prière ? C’est ma mère qui me l’a enseignée. La méditation ? C’est elle qui me l’a transmise tout comme le yoga et une certaine façon de penser sa vie. Égyptologue, radiesthésiste, soignante, ma mère maîtrisait même les médecines traditionnelles et me les enseignait. Pour elle, «Dieu» était une entité infinie dépassant largement l’idée présentée par les dogmes religieux. Nous disposions à la maison d’un endroit où était installé un autel qui présentait la sagesse et l’amour du Bouddha et du Christ réunis en ce lieu. Quinze à vingt minutes étaient réservées matin et soir à l’action de grâce par la prière, à l’introspection, au regret des erreurs et à la dynamisation de la motivation. Le but étant d’élever notre conscience au plus proche de ce en quoi nous croyions. Il n’y avait que peu de place pour les prières formelles et parfois machinales, ce qui laissait davantage d’espace à l’ouverture du cœur. Enfant, la vie fut facile et heureuse; adolescente, tout se mit à devenir affligeant. Avec ma mère nous avons traversé des crises bien difficiles, mais la prière nous a toujours portées, je dirais même sauvées de la misère et du désespoir. D’une certaine manière, prier revenait pour nous à dissoudre le négatif dans l’énergie de bienveillance universelle qui ne manquait pas de nous étreindre.

Ma mère m’a toujours parlé de la mort, non d’une manière morbide ou défaitiste mais comme un changement d’état que la vie prépa- rait. Chaque semaine nous priions pour les défunts, accomplissant certains rituels que ses maîtres lui avaient transmis.

À l’âge de 10 ans, j’ai demandé à rejoindre un pensionnat pour mieux me consacrer à l’étude de la religion catholique. Chez les Dames de Saint-Maur, les journées étaient continuellement ponctuées par les messes, les offices du matin et du soir, les chants et les prières à la gloire de Jésus et du Père. J’étais certaine alors de mon avenir, je serai religieuse catholique ! Mais les chemins de la vie en ont décidé autrement en m’installant devant d’autres choix...

Je me suis ensuite initiée aux danses sacrées et à la danse classique. À quinze ans, je partais avec Jean Babilée danser à l’opéra de Rio, au festival d’Édimbourg et dans bien d’autres contrées en tournées de ballets. J’étais extrêmement investie, sérieuse et perfectionniste, mais sachez que pour moi, la danse était une autre manière de rendre grâce et de prier. Pratiquant conjointement le yoga, j’étais ainsi toujours reliée à ma double affinité spirituelle entretenue entre l’Orient et l’Occident. Aujourd’hui nonne bouddhiste depuis près de 15 ans, j’enseigne l’expérience transmise par les maîtres de sagesse qui ont jalonné ma vie, sous forme d’instructions auxquelles j’associe la pratique de la méditation, le yoga et le qi gong.

À présent retirée de la ville, je vis au monastère Chökhor Ling en pleine campagne poitevine, partageant joyeusement l’espace avec d’autres moniales. C’est ici dans le silence et dans la paix, que du matin au soir je parle à « Dieu ». Je loue l’apparition de la présence divine dans la chanson du vent, la grâce fragile des fleurs des champs et le bavardage incessant des oiseaux. Je pense aux êtres vivants sur cette Terre et prie pour leur bonheur sans jamais oublier ceux qui nous quittent à chaque seconde pour entrer dans les mystères de l’après-vie. Pour moi, la prière n’est pas séculaire, c’est une façon de vivre en profondeur ce que l’on prouve à l’extérieur. Que ce soit pour faire face aux défis douloureux de mon existence ou aux surprises heureuses, j’ai toujours prié, et la vie m’a toujours répondu.

Sachez que ce livre a un sens et c’est celui auquel je crois. En cette vie, depuis mon enfance, j’ai parcouru de nombreuses distances entre religions catholique, hindouiste et bouddhiste ; je me suis même aventurée dans les labyrinthes de l’ésotérisme, de la méta- physique et de la philosophie. Difficile de ne pas s’égarer mais une chose m’a sauvée, et c’est cela que je veux vous confier.
La foi qui déplace les montagnes a été déposée dans mon cœur en même temps que mon corps dans son berceau. Mais avant d’avancer sur la ligne droite d’un choix sans retour en arrière, j’ai voulu apprendre pour connaître et faire les expériences nécessaires à l’éloignement des doutes.

Des maîtres j’en ai eu, j’en ai encore et je prierai pour en avoir toujours mais, arrivée à ce point dans ma vie, un seul brille au firmament de mon âme et c’est l’amour. Non pas celui de l’attachement à un seul être ni même à ses seuls proches, mais l’amour qui englobe tout ce qui est tel que c’est. J’ai attendu longtemps avant d’oser présenter cette révélation à mon cœur parce que je pressentais la tâche incommensurable qui m’incomberait si je voulais m’avancer sur cette voie. Secrètement au fond de moi, Jésus et le Bouddha me soutenaient. Et puis un jour, le voile de l’ignorance s’est déchiré par la force d’un mot qui n’est plus employé, charité, dont la sœur est la compassion. Les mots sont des prétextes qu’il est bon de faire taire en libérant les actes.
Parce qu’elle nous enseigne d’aimer sans conditions, la charité devient une guerre douce et ferme que l’on doit mener contre les ennemis de la paix intérieure. Qui pense aisément triompher de ses propres colères ? Effacer tous les ressentiments? Ne plus céder à l’attrait des critiques et des jugements ?

Devant tant de combats j’ai choisi l’arme la plus puissante qu’il soit, l’amour inconditionnel. Soutenus par la volonté, la vigilance, l’humilité et la patience, nous sommes tous capables d’aimer. Voilà, amis lecteurs, ce qu’est pour moi le véritable sens de la prière.

 


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Couverture de livre

 

Davina Delor est connue pour l’incroyable duo de fitness qu’elle formait dans les années 1980 à la télévision avec Véronique dans l’émission Gym Tonic. Depuis, loin des plateaux de télévision et de la célébrité, Davina a continué de tracer un chemin spirituel singulier et intense.

Elle devient nonne bouddhiste dans les années 2000 et se retire dans un monastère près de Poitiers. Elle transmet des enseignements spirituels basés sur la pratique de la prière et de la méditation et anime des ateliers de yoga. Plus d’informations sur le site internet de Davina : www.chokhorling.com