Expo / Rinat Shaina Davidovich

ENIGMA
08.04 - 07.05.2016

Fo s s i l s - 2 0 0 9 - D i g i t a l  p r i n t  o n paper

Les photographies de Rinat Shaina Davidovich sont réalisées par le biais d’un processus d'exposition partielle avec un accent particulier mis sur le manque, sur ce qui relève de la disparition.

L'artiste photographie d’abord des objets ressemblant à des fossiles dont elle fait des moulages en béton, sable, pierre et autres matériaux de construction. Elle photographie ensuite des images de fossiles, fragments humains, pour lesquels elle utilise des masques qu’elle fabrique, à partir de moulages de têtes, en béton coulé ou avec d’autres matériaux.
L'artiste intervient dans un champ à la croisée de l'architecture et des arts plastiques. Venant du domaine de l'architecture, elle relie et fait interagir différents processus de travail en manipulant et associant divers médias et types de matériaux.
La dimension figurative est très présente dans les domaines de création de l'artiste. Les images de visages et parties du corps sont formées par hybridation. Le matériau photographié traduit la métaphysique sensible ou spirituelle alors que le moule et le cadre représentent l’aspect physique.

Rinat Shaina Davidovich se décrit comme une personne ambivalente menant une double vie dans un monde à la fois intérieur et extérieur. Sa pratique artistique est un moyen pour elle d'exprimer cette dualité. Tout son travail se situe dans l’entrezone qui existe entre matérialité et immatérialité.

L'exposition Enigma traite de matérialité figée dans le temps, soulevant des questions de frontière, de fugacité et de biodégradation.
Daniella Talmor [commissaire indépendante, et ancien commissaire en chef du Musée d’art contemporain de Haïfa]
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Les différents langages employés par Rinat Shaina Davidovich, tant dans le processus que dans le résultat, tentent de matérialiser les énigmes universelles et de questionner notre perception de la présence et de l’absence, de ce qui existe et de ce qui a disparu, entre réalité et souvenirs.
La matérialité, le tangible ou le visible est évoqué dans son travail à travers les corps, les objets, le matériau, tandis que l’immatérialité convoque tous les éléments non physiques qui composent notre identité comme les sentiments, les souvenirs, la perception innée du monde des autres et de soi.

Dans sa série des masques, les visages émergent d’un espace indéfini et flou. Abîmés, fragmentés, se faisant face ou seuls, les yeux sont généralement clos.
Les masques sont employés dans certaines cultures comme un trait d’union entre le visible et l’invisible entre le monde des esprits et celui des humains. L’artiste s’en sert ici comme d’une porte vers le monde intérieur, celui des souvenirs. A l’image des masques qu’elle réalise, ces souvenirs peuvent être très précis ou fragmentés, en train de disparaitre.

Rinat Shaina Davidovich propose ces portraits comme un miroir, comme un pont entre son processus mémoriel et le notre.

Son travail autour des fossiles tente de décrire le paradoxe autour de la disparition : quand les choses, les êtres, les événements, les lieux disparaissent, ils sont censé ne plus exister. Paradoxalement le processus mémoriel les garde présents et vivants.
Ces choses, ces êtres, ces événements vécus, ces lieux... finissent par devenir des fossiles qui peuplent la mémoire. Le point de convergence entre ces deux dimensions, matérielle et immatérielle, évoque le sentiment d'extraordinaire, celui de la prise de conscience que quelque chose reste présent alors qu’il n’est plus. Présent par la trace qu’il peut laisser à la fois physiquement et dans les souvenirs. L’immatériel devient alors tangible, réel dans notre mémoire.
A travers le procédé photographique, elle matérialise les souvenirs et l’expérience en images tangibles. La photographie à l’instar du fossile vient laisser une trace de ce qui a disparu.

Rinat Shaina Davidovich vit et travaille à Tel Aviv - Israël
Margalit Berriet/ Marie-Cécile Berdaguer - Mémoire de l’Avenir