L'art de lire le Tao


L’art de lire est un art difficile car, au-delà du déchiffrement, commence le décryptage.
Le Tao pose deux problèmes majeurs à la lecture : il est très ancien, il est très chinois.

Son ancienneté le rend, certes, vénérable, mais aussi trop distant de nous, faisant référence à des modes de vie et de pensée oubliés ou, plutôt, qui nous sont deve- nus étrangers, voire inconnus.
Sa « chinoiserie », au double sens de ce mot qu’il faut ici prendre avec humour, le rend difficilement accessible à une pensée et à des langages occidentaux, habitués à se complaire dans un logicisme analytique et cartésien si étranger à la pensée chinoise.

Le Tao est un concept riche qui recouvre bien des plans de lecture
Au plus profond, au plus archaïque, le Tao descend, tel un fleuve, d’une montagne immense et fondatrice : le Yi-King, le « Classique des mutations », qui est un opus oraculaire vieux de 3 500 ans environ et qui pose les principes du yin et du yang comme moteurs de toutes les évolutions et mutations de tout ce qui existe et se transforme sans cesse. Ce tout, impermanent, cohérent et totalement intriqué, c’est le Tao.

Mais le Tao, c’est aussi le nom de tout mouvement intérieur : à chacun son Tao. C’est un autre niveau de lecture. Ce Tao-là se lit dans le grand livre de la Nature. Le Taoïsme est un naturalisme foncier : le monde est un, le monde est réel, le monde est naturel (par opposition à « surnaturel »), le monde est autoréférentiel (il se développe par lui-même et de lui-même, sans intervention externe à lui). Et chacun trace son propre Tao dans le Tao universel, plus ou moins en harmonie avec lui. Harmo- nie : la notion clé de l’éthique et de l’étiquette chinoises.

Le Tao, c’est encore un concept philosophique, métaphysique même, qu’un grand sage, Lao-Tseu, a fondé au vie siècle avant l’ère vulgaire. Un livre, donc : le Tao-Té- King, le « Classique du flux et de sa puissance » pour- rait-on traduire. Un livre dense, compact, immense. Quatre-vingt-un chapitres courts, minimalistes, obscurs, mais d’une inouïe fécondité, qui nourrit incroya- blement les esprits d’aujourd’hui, malgré les presque trois millénaires qui nous séparent de sa rédaction. Le Tao-Té-King est un texte abrupt, rêche, économe, aride même. Il faut y pénétrer avec patience, avec persévé- rance, avec délicatesse. Un monument conceptuel d’un très haut niveau d’abstraction. Lie-Tseu, deux siècles plus tard, reprendra ce travail.

Tchouang-Tseu, plus de cent ans après Lao-Tseu, dit-on, ouvrit une autre voie à la Voie (le mot Tao signifie aussi « voie »), celle de la mystique joyeuse et ironique, celle de la métaphore et de la parabole, celle de l’historiette que l’on raconte mine de rien et qui bouleverse toute notre existence.

Tchouang-Tseu est un libertaire. Il se moque du pouvoir, de la fortune et de la gloire. Il cultive une misanthropie aristocratique et érémitique toute en humour et en gaieté. Sans mépris, cependant.
Tous les « Classiques » (Lao-Tseu, Tchouang-Tseu, Lie-Tseu) et tous les écrits qui les suivent (ceux du poète de l’ivresse, Li-Po, par exemple) sont écrits – calligraphiés faudrait-il dire – en idéogrammes chinois. Ils sont écrits dans une logique idiosyncratique et sémantique totalement étrangère à celle de l’Occident. Comment y pénétrer, dès lors, sans trop trahir, en la réinventant, la pensée originale et originelle qui les féconde ? Comment comprendre (prendre avec soi, donc) des textes qui n’ont pas pour fonction de transmettre un savoir, mais bien d’ensemencer une démarche ?

Au fil du temps, le Tao est devenu aussi – peut-être surtout – un art de vivre. Un art joyeux de vivre. Qui n’a jamais vu ces « bouddhas » aux grandes oreilles – qui n’ont rien de bouddhistes –, rigolards et ventripotents, qui hantent les vitrines et restaurants chinois ? Ce sont des moines errants, taoïstes, amateurs de rire et de vin, grands pourfendeurs des vanités humaines, chevaliers en guenilles des causes philosophiques et libertaires. Li-Po fut l’un d’eux. Le plus célèbre. Le plus poète. Un des plus grands poètes de la littérature poétique chinoise classique. Il vécut au viiie siècle de notre ère. Il cultiva, au plus haut degré, l’ivresse. Ivresse mystique plus encore qu’ivresse vineuse.

On le sent bien : ces divers niveaux de lecture du Tao s’interpénètrent intimement, se complètent harmonieusement, se confondent délicieusement, comme se fondent ensemble les ingrédients d’un plat doucement et longuement mijoté.

Chacun des niveaux de lecture que j’ai choisis est, en soi, un monde, un univers immense et riche, insondable, infini. Soit. Choisir, c’est renoncer. Soit ! Il ne s’agit d’être ni exhaustif, ni érudit, ni académique. Il s’agit d’ouvrir des portes et des pistes. Il s’agit s’ensemencer, puisque c’est là un mot-clé de la tradition taoïste.
Fidèle à cette métaphore agreste, chacune des six parties de cet ouvrage formera un épi de six grains qui les découperont en six chapitres courts, chacun.

Le mot français qui, probablement, se propose comme le plus adéquat – mais avec un total manque de poésie – pour traduire « Tao », serait « processus ». Tout est pro- cessus. Tout ce qui existe est un seul et même processus unique et cohérent. Le cosmos est ce processus immense, ce Tao-sans-nom que chante Lao-Tseu à la première ligne (écrite verticalement, de haut en bas, comme une révéla- tion qui relie le Ciel et la Terre) de son Tao-Té-King.

La pensée taoïste est elle-même un processus : le Tao du Tao, en somme. À sa racine, du moins autant que s’en souvienne la mémoire des hommes, il y a le Yi- King, le « Classique des Mutations », un ouvrage oraculaire, guide d’interprétation des craquelures sur les carapaces de tortue jetées au feu ou des tirages au moyen de tiges d’achillée. Là naissent deux concepts ou, plutôt, un seul et unique concept bipolaire le Yin-Yang. Ubac et adret, littéralement : ombre et lumière mouvantes et fluentes sur une seule et même montagne. Le Yi-King s’est écrit progressivement (voir la cinquième partie, ci- après), tout comme le fut comme la Torah de Moïse, en gros, aux mêmes époques qu’elle Mais c’est à Lao-Tseu – ou plutôt au livre qu’on lui attribue : le Tao-Té-King – que l’on doit la formalisation philosophique et conceptuelle du Tao. Cela se passait au vie siècle avant l’ère vulgaire, en même temps que les physiciens présocratiques en Ionie, que les prophètes bibliques en Judée, que les Upanishad védantins en Inde : période axiale de l’histoire des hommes, écrivait Karl Jaspers (1883-1969).

Le canon taoïste, à l’instar du canon biblique, est composé de plusieurs « classiques » dont la liste est fluctuante selon les époques et les écoles.

Mais il contient trois œuvres de base : le « Classique du Tao et de sa Puissance » de Lao-Tseu, le Tchouang- Tseu de Tchouang-Tseu et le « Vrai Classique du Vide Parfait » de Lie-Tseu.
Ces trois livres classiques sont eux-mêmes des compilations qui se sont construites peu à peu, au fil de trois siècles.

Tout ce courant taoïste a irrigué l’histoire de la culture et des mentalités chinoises, donnant un terreau fertile non seulement aux développements philosophiques ultérieurs, mais aussi à des expériences artistiques nombreuses, dont la poésie et la calligraphie sont les exemples fameux. Il est aussi au cœur des théories chinoises pratiques des arts martiaux (dont les versions douces que sont la Taï-chi-chuan et le Chi-gong), de la diététique et de la gastronomie, et des médecines chinoises comme l’acuponcture. De plus, vers le iiie siècle de l’ère vulgaire, il donna naissance aussi à une version religieuse, dont les diverses écoles ont traversé les siècles jusqu’à nous ; cette religion formalise et ritualise une quête d’immortalité, version populaire du grand retour au Tao son nom et sans fond..

L’article anonyme de Wikipédia dit, fort justement, ceci :
« Plongeant ses racines dans la culture ancienne, ce courant [N.D.L.R. : le Taoïsme] se fonde sur des textes, dont le Tao-Té-King de Lao-Tseu, et s’exprime par des pratiques, qui influencèrent tout l’Extrême-Orient. Il apporte entre autres :
– une mystique quiétiste, reprise par le bouddhisme Chan (ancêtre du zen japonais) ;
– une éthique libertaire qui inspira notamment la littérature ;
– un sens des équilibres yin-yang poursuivi par la médecine chinoise et le développement personnel ;
– un naturalisme visible dans la calligraphie et l’art. »


La pensée chinoise possède trois grandes racines de tailles inégales : la Taoïsme est la plus ancienne qui s’abreuve à même la source chamanique ancienne (le Yi- King, par exemple), suivie du Confucianisme et greffée d’une version chinoise du Bouddhisme, greffon incarné par l’école Chan qui, en s’exportant au Japon via la Corée, devint le zen, tant dans sa version Rinzaï que dans sa version Soto (pour ne parler que des deux écoles les plus connues).

Le zen japonais et le ch’an chinois sont les déformations locales d’un même mot sanskrit : dhyâna qui signi- fie « méditation », tout simplement. Le zen n’est rien d’autre et rien de plus que du taoïsme méditant ! Le bouddha (l’éveillé) s’identifiant alors au maître du Tao pleinement réalisé.

Mais revenons aux trois racines de la pensée chinoise : Taoïsme, Confucianisme et Bouddhisme. Du Bouddhisme – lui-même branche dissidente et populaire du Védisme indien, né par réaction contre l’intellectualisme et l’élitisme du Vedanta –, la Chine n’a retenu que les techniques de méditation assise devenues, au Japon, la technique du zazen (assis-méditation, en traduction littérale). Conceptuellement et philosophiquement, le Bouddhisme n’a quasiment rien apporté à la Chine. Quant au Confucianisme, il est une idéologie bien plus qu’une philosophie. Autant le Taoïsme est d’essence libertaire et érémitique, autant le Confucianisme codifie, réglemente, ordonne, ritualise, formalise, formate.

Il est important de relever cette différence radicale : le Taoïsme est une philosophie – un art de vivre, donc –, alors que le Confucianisme est une idéologie – un art de gouverner, donc. Là où le Taoïsme conseille aux princes de gouverner par le non-agir, par le non- gouvernement, par le mépris de la populace (les fameux « chiens de paille » qu’il faut maintenir le ventre plein et la tête vide, disait Lao-Tseu), le Confucianisme instaure un culte, une divinisation du pouvoir et de son incarna- tion suprême : l’empereur. Le Maoïsme, en ce sens, fut le dernier avatar du Confucianisme.

La Taoïsme veut inscrire l’homme à sa juste et modeste place dans cette Nature qui manifeste le Tao. Le Confucianisme croit imiter le Tao en voulant ordon- ner toute la vie des hommes selon un modèle strictement pyramidal et hiérarchique, tant dans l’espace avec le culte de l’empereur, que dans le temps avec le culte des ancêtres. Les deux courants disent au fond une même chose : chaque homme doit être à sa juste place et vivre selon sa juste règle, à la fois dans la Nature (c’est la version taoïste) et dans la société (c’est la version confucianiste).

Cependant, ce point de convergence doctrinal ne doit pas masquer les profondes divergences entre nos deux courants. L’histoire les voit souvent en totale opposition, le Confucianisme correspondant plutôt aux périodes de pouvoir fort et centralisé, et le Taoïsme à celles d’anarchie ou de mutation.
Bref, en somme, c’est l’homme libre et sauvage face à l’homme domestiqué et policé.
On dit – avec quelque anachronisme, il faut bien l’admettre – que le grand maître Kong (Kong-Fu-Tseu, c’est-à-dire Confucius dans sa forme latinisée par les jésuites) voulut s’entretenir avec Lao-Tseu afin de recueillir ses enseignements.
Yifu relate ainsi l’affaire :
« Au cours de leur discussion, Lao-Tseu indiqua à Confucius qu’il avait « fierté et désirs ». Il lui suggéra donc de s’en débarrasser : « parce que ces choses ne sont pas du tout bonnes pour toi. » Après qu’ils aient échangé des compréhensions sur la justice et sur l’humanité, Lao-Tseu demanda à Confucius : « As-tu atteint le Tao ? » Confucius lui répondit : « Je suis à sa recherche depuis vingt-sept années. Je ne l’ai pas encore atteint. » Lao- Tseu lui dit : « Si le Tao était quelque chose de tangible qui puisse être offert à autrui, les gens lutteraient pour le dédier au roi. Si le Tao pouvait être offert à autrui, les gens voudraient l’offrir aux membres de leur parenté. Si le Tao pouvait être clairement exprimé, tout le monde le dirait à ses frères. Si le Tao pouvait être enseigné à autrui, les gens se démèneraient pour l’apprendre à leurs enfants. Toutes les possibilités mentionnées ci-dessus sont impossibles. La raison en est simple. Quand une personne n’a pas une compréhension juste du Tao, le Tao ne s’ouvrira pas à son cœur. »

Concernant les choses que Confucius ne pouvait pardonner ou qu’il pensait injustes, Lao-Tseu pensait que Confucius se créait à lui-même des problèmes parce qu’il était piégé par le renom et l’intérêt personnel. À son retour chez lui, Confucius ne parla pas pendant trois jours.

Un des élèves de Confucius, Zigong, trouva cela étrange et demanda ce qui se passait. Confucius lui dit : « Je sais que les oiseaux volent, que les poissons nagent, que les animaux courent. Ceux qui courent peuvent être contrôlés au moyen de pièges. Ceux qui nagent peuvent être attrapés au moyen de filets. Ceux qui volent peuvent être abattus au moyen de flèches. Alors que les dragons sont quelquefois dans les nuages et d’autre fois dans le ciel. Je ne sais pas comment les gérer. Lao-Tseu est un dragon. Ses pensées sont comme un dragon volant dans la voûte céleste. J’ai ouvert la bouche, mais j’étais sans voix. J’ai tendu ma langue mais n’ai pas pu la rétracter. Je suis anxieux et ne me retrouve plus. »

Cette légendaire rencontre, qui peint Confucius comme un pâle crétin ignorant du Tao, est évidemment de source taoïste. Elle n’est que l’emblématique figure du mépris que les taoïstes portent au Confucianisme. Campagne contre ville. Nature contre culture. Liberté contre pouvoir. Anarchie contre hiérarchie. On retrouve là, sous différents masques, toute la bipolarité yin-yang dont nous aurons à reparler plus loin.

Pour faire un pas de plus, comparons deux textes. Celui de Lao-Tseu :
« Le ciel et la terre sont éternels. Ils n’ont pas de vie propre. Voilà pourquoi ils sont éternels.

Ainsi, la première place revient au Sage qui a su s’effacer en oubliant sa personne, il s’impose au monde sans désirs pour lui-même, ce qu’il entreprend est parfait.
Il s’était assis à la dernière place.
C’est pour cela qu’il se retrouve à la première.
Le sage ne se montre pas, il brille.
Il ne s’impose pas, on le remarque.
Il ne se vante pas, on lui trouve des mérites.
Il ne se pousse pas, il progresse.
Le sage est méthodique mais pas tranchant, Intègre mais pas blessant, Droit mais pas absolu, Lumineux mais pas éblouissant.
Le sage s’instruit sans étudier,
En observant les fautes des autres.
Le sage, sans jamais faire de grandes actions, accomplit de grandes choses.
Se connaître soi-même, c’est sagesse supérieure. Connaître les autres, c’est la sagesse. »
... et celui de Confucius :
« Comprendre la volonté du Ciel conduit à la sagesse. Le sage ne s’afflige pas de ce que les hommes ne le connaissent pas.
Il s’afflige de ne pas connaître les hommes.
Dans la colère, le sage pense à ses suites.
Le sage n’accable pas les autres de sa supériorité.
Il ne les humilie pas de leur impuissance.
Le sage s’applique à être lent dans ses paroles et diligent dans ses actes.
Le sage respecte tout. Avant tout, il se respecte lui-même.

Le sage voit son devoir. Le vulgaire voit son intérêt.
Le sage attend tout de lui-même. Le vulgaire attend tout des autres.
Le sage voit l’ensemble, non le détail. Le vulgaire compare et ne généralise pas. »
D’un côté : « faire rien » (Lao-Tseu), de l’autre : « faire son devoir » (Confucius).
« Faire rien », en chinois wu-weï, n’est pas inaction et passivité, mais résonance entre la partie et le tout, entre la goutte d’eau et le fleuve, entre l’homme et le Tao : il s’agit d’être en phase, parfaitement et intégralement en phase avec le Tao, avec le processus cosmique, avec l’écoulement des énergies universelles (le Chi).

« Faire son devoir » est le fondement de l’ordre social et, partant, de l’ordre cosmique.
Dans les deux cas, il y a effacement total du soi, de la personne individuelle. Ce sera une constante dans toute la pensée chinoise. L’individu ne compte pas. Toute forme d’individualisme, d’égotisme est une incongruité, une indélicatesse, une faute, la plus grave sans doute. Penser à soi est une goujaterie. L’étiquette chinoise veut d’ailleurs que, lorsque l’on est invité à un repas, on ne demande rien, on ne se serve de rien : c’est aux voisins de table à veiller, toujours, à ce que bol et gobelet soient approvisionnés à suffisance.

Les parents adultes veillent sur les enfants petits. Les enfants adultes veillent sur les parents vieux. Personne ne travaille pour lui-même. Seul le patrimoine transmis de génération en génération vaut la peine des efforts quoti- diens. Culte de la transmission : écoulement, toujours.

L’effacement de soi est une composante comportementale puissante et permanente depuis des millénaires dans la culture chinoise. Imiter quelqu’un ou copier ses œuvres sont une preuve de respect et une marque d’hommage. La propriété intellectuelle et les droits d’auteur sont des preuves flagrantes de l’égotisme occi- dental. Incompréhensible et... incroyablement malpoli.

Plus généralement, l’œuvre prime sur son auteur, car, au fond, le seul auteur de tout ce qui se crée et émerge et jaillit des jours, c’est le Tao et lui seul. L’auteur humain de l’œuvre n’en est que le véhicule, le révélateur, au sens photographique du terme. Le génie n’est pas en lui, mais en le Tao dont il n’est que l’ustensile. Notions difficiles pour un Occidental, non ?

      Marc Halévy             
                                                                              

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