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Pour son 400ème numéro, Des Racines & des Ailes se rendra en Italie pour un voyage au fil du Tibre, le fleuve sacré qui donna naissance à la ville de Rome au VIIIème siècle avant J.-C. En descendant le fleuve, de sa source en Emilie - Romagne jusqu’à la mer Tyrrhénienne, nous parcourrons également le temps : près de 3000 ans d’histoire se racontent sur ses rives. Des monuments phares de la Rome antique ont été réalisés en 3D spécialement pour cette émission. Carole Gaessler présentera l’émission à Rome. Les Romains, qui se sont éloignés du Tibre au XIXème siècle suite à la construction de hauts murs protégeant ses rives des inondations, renouent peu à peu avec lui. Le château Saint-Ange, mausolée de l’Empereur Hadrien au IIème siècle, transformé en forteresse militaire puis en résidence des papes du fait de sa proximité avec le Vatican, offre le plus beau point de vue sur le Tibre et ses méandres. Sur la rive opposée siège le Palais Farnèse, l’un des plus majestueux palais de Rome, qui abrite l’Ambassade de France depuis 1874. Sa somptueuse galerie, décorée par les frères Carrache en 1600, est un modèle du genre et a inspiré les plus grands peintres. Récemment restaurée, nous la découvrirons comme personne ne l’avait vu depuis 300 ans. Les travaux de restauration ont également permis de mettre au jour des esquisses et graffitis inattendus, un mélange original d’art et de vandalisme.
Du Monte Fumaiolo jusqu’à Rome
Depuis le Monte Fumaiolo, où jaillit sa source, jusqu’à la mer Tyrrhénienne, le Tibre parcourt 405 kilomètres. Un voyage plein sud, vers Rome, la cité éternelle, qui fut fondée sur ces rives. Celui que l'on surnomme le fleuve sacré traverse de riches cités.
Pérouse, fondée par les Etrusques au Vème siècle avant notre ère, doit son opulence à sa situation stratégique le long du Tibre. Nous découvrons le palais des Priori, l'un des plus beaux témoignages d'architecture médiévale en Italie. Dans ce monument, un des grands maîtres de la Renaissance a laissé un témoignage de son talent. En 1550, le Pérugin a réalisé pour les banquiers de la ville une série de fresques, considérées comme son chef-d'œuvre.
Plus au sud, après avoir traversé les gorges sauvages du Forello, le cours du Tibre passe au pied de la ville d'Orvieto. Comme une citadelle, elle est construite au sommet d'une formation géologique de tuf et domine la campagne environnante. Ses falaises ont protégé la ville. Au fil des millénaires, les hommes ont creusé le sous-sol et donné naissance à une cité souterraine. Claudio Bizzarri, archéologue, a découvert cette cité secrète dans les années quatre-vingt. Il nous guide dans ce réseau de plus de 1000 grottes, ainsi que dans le Pozzo San Patrizio creusé au XVIème siècle à 53 mètres de profondeur afin d’atteindre la nappe phréatique. Son escalier à double révolution est le témoignage du génie des architectes de la Renaissance.
Dans les collines de l'Orvieto, un domaine produit l'un des meilleurs vins d'Italie. Ici le raisin blanc, le Vermentino, donne un breuvage au goût salin.
Dans le village de Monte Castello di Vibio, nous poussons la porte d'un lieu étonnant : le plus petit théâtre du monde, un théâtre à l'italienne construit en 1808 par de riches familles. Longtemps laissé à l’abandon, ce théâtre reprend vie depuis quelques années grâce à la volonté d’habitants passionnés.
En continuant notre voyage vers Rome et la mer, nous croisons un site unique. Les cascades des Marmore sont les plus hautes chutes d'eau artificielles au monde. Un canal creusé dans l’Antiquité, par les Romains, transporte les eaux du Vélino, un affluent du Tibre, vers les falaises. Là, les eaux chutent sur plus de 160 mètres, un spectacle grandiose !
Enfin, à quelques kilomètres de Rome, dans le village de Filaciano nous assistons à la préparation de l'Infiorata, une tradition séculaire qui consiste à créer un chemin de fleurs pour la procession du Saint Sacrement.
Reportage de Jacques Plaisant, Nadia Cleitman, Raphael Licandro, Antoine Laugier, Geoffrey Quellien, Yann Chetrit
Production : Tournez S’il Vous Plaît
Une ville née du Tibre
L’histoire de Rome est fortement liée au Tibre, depuis ses origines. Nous allons remonter le cours de cette histoire, grâce à des images 3D exceptionnelles. Un voyage dans le temps qui nous permet de raconter, sous un jour nouveau, la naissance de Rome, au milieu des collines, des vallées, des marécages, et au bord du Tibre… Une naissance légendaire incarnée, dès l’Antiquité, par Remus et Romulus.
Aujourd’hui, les archéologues recherchent les vestiges de la fondation de Rome. Ils ne cessent d’explorer les bords du fleuve, pour mieux comprendre l’essor de la cité antique, et de ses monuments les plus emblématiques. Une exploration pleine de surprises, qui nous mène des berges du Tibre, à Rome, jusqu’au site d’Ostie, ancien port maritime, à l’embouchure du fleuve.
Clément Chillet, qui travaille pour l’Ecole française de Rome, nous guide sur les traces de Romulus, le fondateur mythique de la ville, au VIIIème siècle av. J.-C. Du Tibre jusqu’à la colline du Palatin, nous entrons dans la légende. Et nous découvrons qu’elle se confond avec la réalité puisque des traces archéologiques de la fondation de la ville ont été découvertes. Elles datent elles aussi du VIIIème siècle av. J.-C. A l’emplacement même de la cabane supposée de Romulus, l’Empereur Auguste avait fait bâtir son palais. Nous visitons le cabinet de travail richement décoré de l’empereur.
Elisabetta Bianchi, archéologue, nous offre un privilège : descendre sous terre, et explorer le canal construit par les rois étrusques, dès la fin du VIIème siècle. Un canal indispensable pour drainer les eaux fluviales, avant de construire la ville de Rome. Cet ouvrage couvert, connu sous le nom de Cloaca Maxima, est un chef d’œuvre des bâtisseurs romains. Il a même servi de modèle pour les égouts de Paris et Londres, au XIXème siècle.
Rome est donc bâtie près du Tibre. Sur la rive gauche du fleuve, se sont dressés tous les grands monuments de la cité antique. Parmi eux, le Circus Maximus. Marialetizia Buonfiglio, archéologue, nous fait revivre les heures de gloire de cet édifice grandiose. Restitué en 3D, dans toute son ampleur, ce joyau de la cité impériale révèle sa majesté et son architecture modèle, en particulier l’arc de Titus, dont quelques fragments viennent d’être redécouverts.
Le Testaccio est aujourd’hui un quartier populaire et animé de Rome. Ses bars et ses boutiques sont appuyés sur une colline artificielle, protégée et fermée, constituée de débris d’amphores entreposées par les Romains il y a près de 2000 ans. Ici se trouvait en effet le grand port de Rome ; on y déchargeait les marchandises arrivées par bateau. Sous l’actuel marché, Alicia Contino, archéologue, nous fait découvrir un lieu de stockage d’amphores du Ier siècle après J.-C., un site qui témoigne de l’intense activité fluviale dans la cité antique.
Reportage d’Hélène Frandon, Jean-Christophe Hainaud, Christian Chauvin, Didier Pêcheur, Pascal Montagna, Grégoire Valayer
Production : France 3
Rome sur le Tibre
Paris a sa Seine, Londres, sa Tamise, mais Rome a depuis longtemps oublié son Tibre.
Le fleuve, remisé entre de hauts murs depuis la fin du XIXème siècle, reconquiert peu à peu le cœur des Romains.
Chaque fin de juillet la Madone remonte le fleuve sur une embarcation, pour une procession très populaire. L’histoire veut qu’une statue de la Vierge ait été retrouvée dans le Tibre au XVIème siècle par des pêcheurs. Nous nous mêlons à la procession romaine jusqu’à la petite église du Trastevere.
Le fleuve est aussi un terrain de ralliement pour les clubs nautiques de la ville. Celui du Lazio est un des plus anciens. Les jeunes canotiers s’entraînent jusqu’au pied du château Saint-Ange.
Marco Caputo, quant à lui, a choisi de vivre sur le fleuve, en plein cœur de la cité, malgré le danger provoqué par les fréquentes inondations. Certains hauts personnages de la Renaissance avaient choisi d’installer leur palais au bord du Tibre : Agostino Chigi, banquier du pape, a été l’un des plus grands mécènes de son temps, employant pour sa villa les mêmes artistes que les souverains pontifes. Ainsi peut-on encore admirer des œuvres de Peruzzi ou de Raphaël sur les murs de la Villa Farnesina. Virginia Lapenta, la conservatrice du lieu, nous dévoile même des croquis cachés de Raphaël, retrouvés par les restaurateurs.
L’île Tibérine est la seule île romaine. Le père Angelo, recteur de la basilique, nous raconte combien les habitants de cet îlot ont été exemplaires pendant la Seconde Guerre Mondiale, lorsqu’ils ont caché des juifs ; et le rabbin di Castro nous conduit à l’incroyable synagogue posée sur la rive d’en face.
Les rives du Tibre ont aussi été choisies dans les années trente, pendant la période fasciste, pour élever un grand complexe sportif, toujours utilisé aujourd’hui. Un témoignage aussi des années sombres de l’Italie. Un site pour ne pas oublier, et dont la vitalité aujourd’hui sonne comme une revanche.
En aval du fleuve, nous rencontrons le dernier pêcheur professionnel de Rome Claudio Sisto qui considère le Tibre comme un père et regrette que les Romains ne soient pas plus attentifs à ce patrimoine.
Voie de transport dans les siècles passés, le Tibre a aussi été source d’énergie pour les industries qui se sont installées sur ses rives. La centrale Montemartini a fourni l’électricité de Rome entre 1912 et le milieu des années soixante. A sa fermeture, l’ensemble industriel a choisi d’accueillir et de marier ce patrimoine industriel remarquable à des statues antiques… Une alliance qui étonne, mais séduit.
Reportage d’Isabelle Thomas, Guy Sabin, Alain Barnault
Production : France 3
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