Comment se soigner quand on est intolérant au gluten ?

À l’heure actuelle, il n’est pas possible de soigner la maladie cœliaque autrement qu’en supprimant le gluten de son alimentation. Des chercheurs travaillent cependant sur des pistes de traitements. Il est question, par exemple, d’identifier des enzymes qui pourraient être ajoutées aux aliments afin de dégrader le gluten et assurer sa détoxification, de trouver de nouvelles variétés de blé sans gluten (OGM), de renforcer la barrière intestinale afin de la rendre imperméable, de bloquer le système génétique particulier aux cœliaques afin de diminuer la réponse toxique au gluten, de créer un médicament qui pourrait être pris ponctuellement (voyages, repas festifs, professionnels...) afin de détruire le gluten avant qu’il n’atteigne l’intestin, de bloquer les facteurs inflammatoires à l’origine des lésions... En attendant, le régime sans gluten reste le seul traitement.

Quels sont les risques en cas d’absence de traitement ?
Dans le tube digestif d’un cœliaque, la moindre ingestion de gluten va dégrader la paroi intestinale, même si la personne ne ressent pas forcément de symptômes particuliers. Un cœliaque qui continue à consommer du gluten s’expose à des complications graves : cancers, ulcères intestinaux, ostéoporose, fractures... Si l’éviction totale du gluten ne protège pas complètement de tous ces risques, elle les diminue nettement. Même après plusieurs années de régime sans gluten bien suivi et d’absence de symptômes, il ne faut donc pas recraquer pour un produit à base de blé, ni « juste un tout petit peu de gâteau » ou « une minuscule biscotte ».

Comment mieux accepter le diagnostic ?
Par nature, un diagnostic fait toujours l’effet d’une bombe. Votre médecin vous a demandé d’aller voir un gastro-entérologue, de passer des bilans sanguins, de faire une biopsie, et le verdict est tombé : « maladie cœliaque ! » Évidemment, c’est un choc, pas forcément pris en compte par le monde médical. Après tout, ce n’est pas grave, c’est « juste une intolérance alimentaire, vous allez adopter un régime spécifique, c’est tout ». Sauf que pour vous, non, ce n’est pas « tout ». Une maladie cœliaque implique de revoir bon nombre de situations, et cela peut être difficile à gérer, surtout au début.

Pourquoi le diagnostic de maladie cœliaque est difficile à accepter ?
• Parce que votre entourage peut ne pas comprendre : « Mais si, tu mangeras bien une petite part de gâteau allez ! Même Tata Régine qui fait Weight Watchers en a pris un bout. » Effectivement, pour eux, vous n’avez pas changé, vous n’avez pas de symptômes évidents...
> notre conseil malin : expliquez qu’il s’agit d’une « aller- gie » (le concept est plus facile à comprendre) et qu’il en va de votre santé, non d’une préoccupation esthétique ou de quelques grammes sur la balance.

• Parce que la plupart des activités sociales ou familiales passent par des choses à manger. La galette des rois au bureau, chez vos parents, vos voisins, des amis..., un pot au bureau, une soirée au restaurant, une glace l’été à la plage... Pas facile de passer son temps à refuser et, à force, vous vous sentez isolé.
> notre conseil malin : au fond, le plus important, c’est d’être avec les autres, pas de manger avec les autres. Observez mieux : il y aura toujours quelqu’un qui n’aimera pas la galette, quelqu’un qui ne boit pas d’alcool à un pot et qui prend juste un verre de jus de fruits, quelqu’un qui est au régime et qui n’acceptera pas cette part de gâteau au chocolat « noix de pécan et beurre de cacahuète »... Non, vous n’êtes pas le seul à refuser un aliment.

• Parce que les gens pensent que vous souffrez d’un trouble du comportement alimentaire ou que vous n’aimez vraiment rien. k notre conseil malin : reprenez l’explication de l’« allergie ». Après, il est difficile de stopper les qu’en-dira-t-on. Les gens finiront bien par voir d’eux-mêmes ce qu’il en est au fil des repas qu’ils partageront avec vous.

• Parce que vous regrettez vos aliments doudous. Vous qui adoriez les plats de pâtes à la carbonara, les biscuits fourrés au chocolat ou qui vous consoliez avec un plateau de fromages et du pain croustillant, voilà qu’on vous dit « c’est fini ».
> notre conseil malin : faites la liste de tous les autres ali- ments pour lesquels vous pouvez vous damner. Il y en a plein sans gluten sauf que, pour l’instant, vous n’y pensez pas. Par exemple, vous adorez le steak frites, le riz au lait, la mousse au chocolat et la raclette. Tous sont sans gluten. Ça va mieux ?

• Parce que changer d’alimentation n’est pas facile. Vos parents vous ont transmis des goûts, des habitudes, des recettes... Du jour au lendemain, vous devez tout remettre en question. En plus, ce n’est pas vous qui l’avez décidé, c’est quelqu’un (votre médecin) qui vous l’a imposé.
> notre conseil malin : oui, il faut revoir vos habitudes et votre façon de cuisiner, mais grâce à ce changement, vous allez vous débarrasser de symptômes ou de désagréments, retrouver de l’énergie, un meilleur moral... ça en vaut la peine ! Et puis la tarte aux pommes de Mamie, avec une pâte à la farine de quinoa, elle est drôlement sympa aussi !

• Parce que le fait d’être « malade » est difficile à encaisser. D’autant que vous ne vous sentez pas « malade » : vous n’avez pas de fièvre, vous n’êtes pas au lit, vous n’êtes pas contagieux !
> pour mieux réagir : le terme « malade » n’est pas fran- chement bien choisi, vous êtes « intolérant » à un composé de l’alimentation, nuance. Tant que vous ne consommez pas de gluten, tout va bien. Dès que vous en avalez un gramme, là oui, vous devenez malade. C’est quand même différent.

• Parce que votre médecin a dit que « c’était à vie ».
> pour mieux réagir : passé le coup de panique où vous avez eu l’impression qu’on vous condamnait à perpète (c’est normal, personne n’a envie de penser qu’il sera contraint à quelque chose « à vie »), dites-vous que, finalement, ce diagnostic est une chance. Vous aviez sans doute des troubles de santé, des symptômes (ceux qui vous ont conduit dans le cabinet de ce même médecin) et grâce à ce diagnostic, vous allez trouver des solutions à ces problèmes. À vie, là aussi.

• Parce que vous avez l’impression d’être seul.
> pour mieux réagir : en fait non, 1 % de la population est comme vous. En France, cela fait environ 600 000 personnes. Et beaucoup, beaucoup plus y seraient « sensibles », c’est-à-dire que, même s’il ne s’agit pas du stade de l’intolérance, le gluten leur pose malgré tout souci.

Carole Garnier

 


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