La Ligue contre le cancer dévoile des résultats stupéfiants sur la banalisation de l’alcool

Sondage OpinionWay

 

70 % d’un échantillon de population représentative de la population française âgé de 18 ans et plus, ne voit aucun problème à laisser des adolescents mineurs consommer de l’alcool à l’occasion des repas des fêtes de fin d’année, 30% estiment même qu’il est possible de servir de l’alcool à des adolescents de moins de 15 ans, ce sont quelqu’uns des chiffres qui ressortent de l’étude « Les Français, les enfants et l’alcool » commandée par la Ligue contre le cancer à OpinionWay à l’occasion du Dry January ou Défi de Janvier. Un chiffre qui atteste d’une large méconnaissance des dangers de l’alcool et tout particulièrement du risque de développer une addiction qui peut résulter de la consommation précoce d’alcool. En effet, le cerveau de l’adolescent, à cause de son processus de maturation inachevé, est plus particulièrement vulnérable aux substances psychoactives (dont l’alcool). Les neurosciences estiment en effet que le cerveau devient adulte aux alentours de 25 ans.

 

  • 70% des Français trouvent acceptable de faire goûter une boisson alcoolisée avant 18 ans et 30% avant 15 ans ;
  • Si plus de la moitié (53%) des Français envisagent de baisser le budget alcool en raison de l’inflation, près de 4Français sur 10 (39%)considèrentla consommation d’alcool pour les fêtes de fin d’année commeESSENTIELLE ;
  • Les parents sont encore moins sensiblesau facteur de risque « alcool » que le reste de la population : 1parent sur 2 estimeque ce n’est pas grave si un mineur goûte de l’alcool pendant les fêtes ;
  • Les fêtes de fin d’année sont même le bon moment pour faire goûter de l’alcool aux enfants pour la première fois pourprès d’un tiers des Français (32%).

 

Largement banalisé dans la culture française, l’alcool est pourtant le deuxième facteur de risque évitables de cancers, à l’origine chaque année, de 28 000 nouveaux cas. Reconnu comme cause dans de nombreux cancers : bouche, gorge, larynx, œsophage, estomac, foie, sein ou encore colorectal. L’éthanol contenu dans l'alcool se transforme en métabolites toxiques carcinogéniques qui agressent les cellules et en particulier l'ADN, favorisant ainsi le développement du cancer.

 

À quelques jours du lancement de la cinquième édition du défi de janvier, le Dry January, la Ligue contre le cancer dévoile les résultats d’un sondageOpinionWay inédit mené auprès d’un échantillon représentatif de la population française de 18 ans et plusainsi qu’auprès d’un échantillon additionnel de parents, pour tenter de mieux appréhender le lien complexe des familles à l’alcool, pour mieuxsensibiliser le plus grand nombre à ses dangers etpourrappeler la nécessité d’agir à grande échelle aux pouvoirs publics.

 

« Notre pays a toujours eu une position ambiguë vis-à-vis de l’alcool. Les paradoxes des messages de prévention et des messages envoyés par les pouvoirs publics qui n’agissent souvent qu’avec modération, ont une conséquence très claire : si les Français, et tout particulièrement les parents, sont conscients de la nécessité de réduire la consommation d’alcool et de l’interdire pour les plus jeunes, ils banalisent souvent leur propre consommation et celles de leurs enfants. Il est plus que temps en 2024 de mettre fin à cette ambiguïté délétèreet de porter clairement des messages de prévention accompagnés d’actes concrets, comme cela commence à être le cas pour le tabagisme. En tant qu’association, il est de notre responsabilité de le répéter inlassablement tant aux pouvoirs publics qu’aux Français de tous âges : l’alcool rend malade, l’alcool tue, nous devons tous agir à notre échelle.Et si chacun se lançait le défi de janvier pour commencer cette prise de conscience ?»propose Daniel Nizri, président de la Ligue contre le cancer.

 

banaliser la consommation d’alcool : un défi toute l’année

Effarée par les résultats de son étude « Les Français, les enfants et l’alcool » qui mettent une nouvelle fois en évidence une perception trop inoffensive du produit dans la société et une place trop festive de l’alcool dans les familles, la Ligue contre le cancer réaffirme sa volonté de lutter contre la banalisation de la consommation d’alcool et sa détermination à changer l’image sociétale de l’alcool.En effet, En 2021, 22% des Français dépassaient les seuils limites de consommation recommandés.Les jeunes sont particulièrement exposés, 86% déclarent avoir consommé de l’alcool avant l’âge de 17 ans. Les alcoolisations ponctuelles sont très souvent perçues par les adolescents buveurs comme inoffensives pour la santé, loin de l’addiction à l’alcool toujours associée à une consommation quotidienne (Escapad 2022 OFDT).

 

Prévenir, informer, sensibiliser, oui, c’est essentiel. Mais il faut aussi aller plus loin, et diffuser au plus grand nombre des messages d’exemplarité, pour protéger les jeunes dont on connait la vulnérabilité à l’alcool et la sensibilité à l’influence.

 

Comment ?

Depuis de nombreuses années, la Ligue contre le cancer défend des mesures concrètes, qui ont pour certaines prouvé leur efficacité chez nos voisins européens :

  • Agir au plan national

Mettre en oeuvre un Plan National de lutte contre l’alcool, à l’instar du Plan National de Lutte contre le Tabagisme, afin de définir une politique gouvernementale volontariste, coordonnée et pérenne et d’identifier des objectifs et des indicateurs ambitieux. Passer d’une prévention de l’« excès » à une politique de prévention de la consommation d’alcool. Il est plus que temps que les pouvoirs publics arrêtent de subir l’influence des alcooliers, pour arriver à la mise en place de mesures concrètes pour lutter efficacement contre la seconde cause de cancer.

  • Renforcer le contrôle de l’interdiction de vente aux mineurs auprès des débits de boissons et grande distribution. En effet, l’étude de « clients mystères mineurs » de l’Association Addictions France effectuée auprès de 42 établissements à Nantes et dans six autres communes du département,révèle une réalité préoccupante : tous les bars, cafés et fast-food testés, à l'exception d'un, ont vendu de l'alcool à des mineurs.
  • Limiter la publicité en faveur des boissons alcoolisées tant dans l’espaces public que sur les réseaux sociaux

 

Prévenir la consommation de l’alcool auprès des plus jeunes dans un esprit de dénormalisation passe également par une prise de conscience sur les paradoxes et incohérences de la prévention sur l’alcool et la nécessité d’un rétropédalage vers ce qu’était la loi EVIN sur l’affichage.

  • Instaurer un prix minimum pour l'alcool

Le 1er mai 2018, l’Écosse est devenue le premier pays de l’Union européenne à introduire un prix minimal pour l’alcool, afin d’empêcher les ventes d’alcool à prix cassé. Depuis, la consommation d’alcool dans ce pays a baissé de 3%, atteignant son niveau le plus bas depuis 25 ans. En janvier 2022, la République d’Irlande a fixé à son tour un prix minimum de vente des boissons alcoolisées vendues en magasins et supermarchés.

 

Alcool et Cancer

Même si avec 68 000 cas de cancer par an, le tabac reste de loin le premier facteur de risque de cancer, l’alcool avec 28 000 nouveaux cas  de cancer par andemeure l’un des facteurs de risques largement sous-estimé.

 

 

 

L'alcool augmente le risque de développer plusieurs cancers comme, les cancers de la bouche, de la gorge, du larynx, de l’œsophage, de l’estomac, du foie, du sein ou encore colorectal. Ce risque est lié à la quantité d’alcool consommé par l’individu.

 

 

En 2015, on estimait  à 41 000 le nombre de décès attribuables à l’alcool, dont 30 000 décès chez les hommes et 11 000 décès chez les femmes (soit respectivement 11 % et 4 % de la mortalité des adultes de 15 ans et plus). Parmi les causes de décès associées à la consommation d'alcool, les cancers occupent la première place avec 16 000 décès par an[1].

Pourquoi est-il indispensable de protéger les jeunes ?

L'alcool peut entrainer des dommages irréversibles sur le développement de certaines parties du cerveau, en maturation jusqu'à l'âge de 25 ans. Une initiation précoce à l'alcool favorise les risques de dépendance à l'âge adulte.

 

 

« Les Français, les enfants et l’alcool » :

 

une étude inédite de la Ligue contre le cancer

 

En France, la consommation d'alcool par des mineurs est trop souvent banalisée, considérée comme normale voire amusante ou festive, comme le démontrent une nouvelle fois les résultats de l'étude menée par OpinionWay pour la Ligue contre le cancer :

 

Selon les Français, quel est l’âge « acceptable » pour goûter l’alcool ?

  • L’alcool avant 15 ans est acceptable pour30%des Françaiset des parents d’enfants de moins de 18 ans
  • L’alcool avant 16 ans est acceptable pour47%des Françaiset des parents d’enfants de moins de 18 ans
  • L’alcool avant 17 ans est acceptable pour66% des Françaiset des parents d’enfants de moins de 18 ans
  • L’alcool avant 18 ans est acceptable pour70% des Françaiset 71% des parents d’enfants de moins de 18 ans

 

Pour les Français en général comme pour les parents, l’alcool reste un produit de consommation banal

  • Boire de l’alcool devant des enfants n’a pas d’effet sur leur consommation future selon 41%des Français, et même 44% des parents d’enfants de moins de 18 ans
  • Boire de l’alcool avant ses 18 ans n’influence pas la consommation d’alcool à l’âge adulte pour 35%des Français et 38% des parents d’enfants de moins de 18 ans ; cet avis est même partagé par 44% des 25-34ans.
  • Faire goûter un verre exceptionnellement aux adolescents est sans conséquence pour 41%des Français

 

 

Quel type d’alcool et à partir de quel âge ?

L’âge moyen jugé acceptable pour faire goûter pour la première fois aux mineurs :

  • 15 ans pour le cidre,
  • 16  ans du champagne,
  • 16 ans de la bière,
  • 16 ans pour le vin,
  • 17 ans pour les alcools forts tels que le whisky, le rhum et la vodka.

 

 

En détails :

  • Faire goûter du cidre est acceptable avant 15 ans pour 27% des Français et 28% des parents d’enfants de moins de 18 ans
  • Faire goûter de la bière est acceptable entre 15 et 16 ans pour 35% des Français et 37% des parents d’enfants de moins de 18 ans
  • Faire goûter du vin est acceptable entre 15 et 16 ans  pour 26% des Français et 25% des parents d’enfants de moins de 18 ans
  • Faire goûter du champagne est acceptable entre 15 et 16 ans pour 35% des Français et des parents d’enfants de moins de 18 ans
  • Faire goûter des alcools forts (whisky, rhum, vodka) est acceptable entre 17 et 18 ans pour 36% des Français et 44 % des parents ayant 2 enfants de moins de 18 ans

 

« OpinionWay a également demandé aux Français à quel âge ils avaient eux-mêmes gouté des boissons alcoolisées pour la première fois. Selon les résultats, les Français déclarent avoir goûté de l’alcool pour la première fois encore plus jeunes que l’âge qu’ils considèrent aujourd’hui comme acceptable. » explique Daniel Nizri, président de la Ligue contre le cancer.

 

Les fêtes de fin d’année, des moments propices à la dénormalisation et à la consommation d’alcool

Alors que 53% des Français envisagent de réduire le budget consacré aux boissons alcoolisées pendant les fêtes de fin d’année en raison de l’inflation, consommation d’alcool et fêtes de fin d’année demeurent indissociables.

 

 

  • La présence de boissons alcoolisées est un élément essentiel pour profiter des fêtes de fin d’année pour 39% des Français, 46%descadres, 43% des retraités et 46% des couples sans enfants ;
  • Les fêtes de fin d’année associent l’image de l’alcool à des moments de festivités dans l’esprit des moins de 18 ans pour 54% des personnes interrogées.

 

 

En matière de consommation de boissons alcoolisées par des enfants de moins de 18 ans, 32% des Français (46% des moins de 35 ans ; pour 58% des artisans, commerçants et chefs d’entreprise et pour 39% des parents ayant un seul enfant mineur au sein du foyer) estiment que les fêtes de fin d’année sont le bon moment pour faire goûter pour LA PREMIERE FOIS.

 

Plus précisément :

  • Pendant les fêtes, ce n’est pas grave si un enfant de moins de 18 ans :
  • goûte une boisson alcoolisée pour 46% des Français. Ce chiffre augmente à 50% parmi les parents d’enfants de moins de 18 ans.
  • 42% des parents estiment que ce n’est pas grave si leur propre enfant boit un seul verre d’alcool.
  • Pendant les fêtes, si des membres de la famille font goûter des boissons alcoolisées à des enfants de moins de 18 ans :

 

40% des Français n’en tiendront pas rigueur à leur proche ;

35% des parents d’enfants de moins de 18 ans n’en tiendront pas rigueur à leur proche.

 

L’alcool : un produit de fête,

encore plus dans les catégories socio-professionnelles favorisées

 

  • 79% des cadres et professions intellectuelles supérieures jugent acceptable de faire goûter des boissons alcoolisées avant 18 ans (soit 9 points de plus que dans l'ensemble de la population) ;
  • 49% d’entre eux n’envisagent pas de réduire leur budget consacré aux boissons alcoolisées ;
  • La présence d’alcool est un élément essentiel pour profiter des fêtes pour 46% des cadres et professions intellectuelles supérieures (+7 points).

 

 

 

Et si en janvier on faisait une pause avec l’alcool ?

 

Fort de son succès grandissant année après année (jusqu’à un tiers des Français pensaient y participer en 2023 selon https://dryjanuary.fr ), le Défi de JanvierDry January revient en France pour une 5ème édition !

 

Le principe est inchangé : inviter toutes celles et ceux qui le souhaitent à faire une pause avec l’alcool à partir du 1er janvier et jusqu’à la fin du mois. Meilleur sommeil, regain d’énergie, économies d’argent, plus grande concentration et une consommation qui reste maîtrisée plusieurs mois après janvier : les bénéfices d’une pause dans sa consommation d’alcool sont nombreux !

 

Méthodologie du sondage OpinionWay

Echantillon de 1225 personnes représentatives de la population française âgée de 18 ans et plus. Un suréchantillon a été réalisé afin d’obtenir un total de 528 parents d’enfants de moins de 18 ans. L’échantillon a été constitué selon la méthode des quotas, au regard des critères d’âge, de catégorie socioprofessionnelle, de catégorie d’agglomération et de région de résidence. L’échantillon a été interrogé par questionnaire autoadministré en ligne sur système CAWI (Computer Assisted Web Interview).Les interviews ont été réalisées du 12 au 14 décembre 2023

 

[1] Source : Institut National du Cancer

 

 

 

A PROPOS DE LA LIGUE CONTRE LE CANCER

 

1er financeur associatif indépendant de la recherche contre le cancer, la Ligue contre le cancer est une organisation non-gouvernementale indépendante reposant sur la générosité du public et sur l’engagement de ses militants. Forte de plus de 500 000 adhérents et 20 000 bénévoles, la Ligue est un mouvement populaire organisé en une fédération de 103 Comités départementaux. Ensemble, ils luttent dans quatre directions complémentaires : chercher pour guérir, prévenir pour protéger, accompagner pour aider, mobiliser pour agir. Aujourd’hui, la Ligue, fait de la lutte contre le cancer un enjeu sociétal rassemblant le plus grand nombre possible d’acteurs sanitaires mais aussi économiques, sociaux ou politiques sur tous les territoires. En brisant les tabous et les peurs, la Ligue contribue au changement de l’image du cancer et de ceux qui en sont atteints. Pour en savoir plus : www.ligue-cancer.net