Il faut briser les tabous sur le burnout au sein des startups

 

Les jeunes entreprises suscitent un fort intérêt auprès des candidats. Pour certains, elles représentent la promesse d'une plus grande autonomie et d'une moindre bureaucratie, tandis que pour d'autres, elles offrent la perspective de prendre en main leur propre évolution professionnelle et personnelle. Agiles, hors de la routine du 9h-17h, à l’environnement stimulant pour les collaborateurs, les startups sont véritablement captivantes. Toutefois, elles ne sont pas exemptes d'exigences pour autant. Le travail y est exigeant, les attentes sont élevées et le rythme peut être imprévisible voire difficile à gérer.
La gestion du burnout au sein des startups est insuffisante et il devient crucial d'aborder ouvertement le sujet. C’est aujourd’hui un enjeu qui nécessite une action bilatérale : les jeunes entreprises doivent améliorer le soutien aux collaborateurs, tandis que chaque candidat doit sérieusement évaluer la compatibilité entre la culture de l’entreprise et ses aspirations.

« Non, travailler dans une startup ne convient pas à tout le monde et c'est normal ! »

Travailler au sein d’une startup ou d’une scale-up est perçu comme attractif car l’ambiance paraît plus décontractée et moins conformiste que dans une grande entreprise, et c’est effectivement le cas. L’effervescence au sein de ces entreprises est bien réelle, au même titre que le sont les défis. Il est donc essentiel que chaque candidat soit réaliste dès le début, et évalue la compatibilité entre la culture de l’entreprise et ses attentes et besoins. Non, travailler dans une startup ne convient pas à tout le monde et c'est normal !
Dans ces configurations d’entreprise, il n'y a pas de stabilité. Les maîtres mots sont évolution permanente et imprévisibilité. Il n'y a pas de poste fixe ; chacun est mis à contribution lorsque des besoins se font sentir. Ce sont d’ailleurs ces conditions intenses qui permettent un développement personnel sans précédent.
Travailler dans une startup revient à nouer un partenariat avec l'entreprise, dans une dynamique de contribution et récompense mutuelles : les efforts se traduisent rapidement par un formidable développement de compétences, les avantages dépassent les standards, et le mouvement permanent devient une seconde nature.

« Il est primordial de commencer à considérer les jours de repos comme levier pour des meilleurs résultats »

Les équipes performantes sont motivées par le challenge et l’environnement des startups leur offre toute la latitude nécessaire pour définir leur propre trajectoire. Encadrer ces équipes représente un défi majeur pour les managers, qui doivent jongler entre l’accompagnement individuel pour atteindre les objectifs, des dialogues visant à comprendre leurs besoins, et la réflexion sur la manière dont l'entreprise peut mieux les élever. Cependant certains sujets ne font pas partie de ces discussions et pourtant, on devrait discuter davantage de l’optimisation des congés et des jours de repos. Pour éviter l'épuisement professionnel il faut renverser les préjugés qui les entourent. Tout comme les athlètes reconnaissent l'importance des jours de repos pour atteindre des performances maximales, il est primordial de commencer considérer à les congés comme levier pour l’obtention de meilleurs résultats à long terme.
La première étape consiste à considérer les managers comme des entraîneurs. Chez Bitpanda, les managers ne donnent pas des directives ou ne dictent pas d’ordres à leurs équipes, au contraire ils sont encouragés à favoriser le dialogue bilatéral, ancré dans une culture de communication ouverte et de conscience de soi. Eric Demuth, PDG de Bitpanda a récemment partagé son expérience personnelle d'épuisement professionnel et a pris consciemment des mesures pour retrouver un équilibre vie pro/perso. « Ce n'est pas un privilège réservé au PDG, c'est une option ouverte à tous les collaborateurs à tout moment. » explique-t-il.

Le management en startups doit faire face à des défis particuliers
La gestion de collaborateurs hautement qualifiés et performants peut se révéler complexe, ces derniers étant constamment en quête de nouveaux défis sans chercher à ralentir ni à s'arrêter. Ces profils exigent des compétences de leadership flexibles et sur mesure pour exploiter tout leur potentiel. Les startups ne sont pas adaptées à tous les profils. Les dirigeants doivent trouver un équilibre périlleux entre le rôle de facilitateur, en encourageant leurs équipes et en leur fournissant les ressources nécessaires pour réussir, et la prise de recul pour détecter les signes précurseurs d'épuisement professionnel.

Comment guider les managers dans la reconnaissance des signes d'épuisement ou de surmenage ?

Il est essentiel de se former à la reconnaissance des symptômes de l’épuisement professionnel et de les comprendre pour identifier ce qui peut être invisible pour les autres. Par exemple, chez Bitpanda, le service RH a mis à disposition des outils tels que le flex-office, les vacances illimitées ou encore un programme de préservation de la santé mentale des employés avec l’intermédiaire d’OpenUp.
Malgré la mise en place de dispositifs, certains ne fonctionnent pas. Le PDG de Bitpanda, Eric Demuth, a lui-même reconnu les limites de ces outils et a récemment admis que lui aussi avait besoin d'un meilleur équilibre pour gérer l'épuisement professionnel, de le reconnaître et d’en tirer des leçons. Pour lui, cette réflexion fait partie de l'expérience d'une startup et il est primordial d’avoir ces conversations avec ses collaborateurs pour prévenir les risques de burnout et pouvoir être accompagné.

 

Lindsay Ross est la DRH de Bitpanda. Forte de plus de 10 ans d'expérience dans la
création de stratégies RH pour des organisations multinationales en
hypercroissance, allant des startups aux entreprises valant plusieurs milliards de
dollars. Son parcours polyvalent comprend un large éventail de postes de direction
et spécialisés au cours desquels elle a mis en œuvre et développé des stratégies
visant à construire des cultures performantes, diversifiées et axées sur la mission.
Avant de rejoindre Bitpanda, Lindsay a occupé des postes de direction chez les
géants de la tech MessageBird et Adyen, ainsi que chez Tommy Hilfiger et sa société
mère PVH Corp, les aidant à se développer en améliorant et en transformant leurs
opérations RH.