Démantèlement de l’Institut de Radioprotection et de sécurité nucléaire (IRSN)

Alors qu'un manque de confiance envers le nucléaire se fait ressentir dans le public, le gouvernement souhaite malgré tout réformer la filière via un projet de loi pour l'accélération du nucléaire, mais aussi par le démantèlement de l'Institut de Radioprotection et de Sécurité Nucléaire (IRSN) pour le fusionner avec l'Agence de Sûreté Nucléaire (ASN). Cependant, un grand nombre est d'accord sur le fait que l'organisation duale avec d'un côté l'ASN et de l'autre l'IRSN, est nécessaire pour garantir l'indépendance entre les missions d'expertise ainsi que de recherche de la sûreté nucléaire, et le contrôle de cette sûreté nucléaire.
 
L'IRSN a été créé par la représentation nationale en 2001 en raison de la nécessité d’accroître nos connaissances des dangers de la radioactivité mais aussi d’expertise indépendante sur l’ensemble des appareils et centrales l’utilisant.

Alors que le Gouvernement met le pied au plancher sur le développement de la filière nucléaire avec l’examen par l’Assemblée Nationale du projet de loi « pour accélérer le nucléaire », l’actualité est au contraire marquée par des signaux de fébrilité du modèle de production nucléaire. Au travers des effets de la consommation en eau pour le refroidissement des réacteurs dans un contexte marqué par la sécheresse, l’extinction de la biodiversité ou encore de la découverte récente de nouvelles fissures dans de nombreux réacteurs français, un sentiment de réticence du public se fait sentir. Dans ce contexte, seul un accroissement de l’expertise dans ce domaine, une transparence accrue (notamment des avis de l’IRSN) et un grand débat national pourraient permettre de conserver un niveau acceptable de confiance de la population dans cette industrie. Soit l’exact inverse des choix opérés par le Gouvernement.

La fusion avec l’Agence de sûreté nucléaire (ASN) est-elle documentée par une analyse des possibilités et ses conséquences ?
 
Non. En particulier, les capacités de la recherche fondamentale seront fortement dégradées puisque les thésards ne seront pas intégrés. Autre exemple, l’expertise des cuves des réacteurs nucléaires de 900 MW pour une prolongation de vie à 40 ans est effectuée par l’IRSN, l’ASN utilise cet avis car elle n’a pas cette capacité d’analyse.

Sommes-nous encore une fois devant le fait du prince ou est-ce la conséquence d’un lobbying forcené des acteurs du nucléaire voulant rejeter la faute de leur incompétence sur l’expertise indépendante de l’IRSN.
Pourquoi casser le thermomètre qui permet d’enregistrer le danger des radiations ionisantes qu’elles soient émises par les centrales nucléaires ou les appareils médicaux destinés à traiter les cancers ou à faire des diagnostics fins.

Il est temps au moment où la loi va être votée de prendre un moment pour analyser en profondeur les conséquences néfastes pour non seulement l’accroissement des connaissances mais aussi pour la mise à la disposition des citoyens des avis autorisés.
 
L’Assemblée Nationale a rejeté le 15 mars 2022 le projet de démantèlement de l’IRSN voulu par le gouvernement. En effet, le démantèlement d’un organisme voulu il y a plus de vingt ans par nos élus semblait tellement incongru qu’il n’a pas été accepté.
Nous formons l’espoir que le Sénat qui avait en 2001 lui aussi participé à la création de l’IRSN s’associera à l’Assemblée Nationale pour rejeter définitivement son démantèlement.

Le Bureau de FNE-IdF
Démantèlement de l’Institut de Radioprotection
et de sécurité nucléaire (IRSN), une erreur profonde