L’ŒIL COMME ORGANE

 Pour parler de l’œil, nous allons partir d’un schéma le représentant en coupe de profil . Les traits de légende à droite de l’œil représentent symboliquement l’arrivée de la lumière. Plusieurs éléments nous frappent dans ce schéma.

© istock

 

Pour parler de l’œil, nous allons partir d’un schéma le représentant en coupe de profil . Les traits de légende à droite de l’œil représentent symboliquement l’arrivée de la lumière. Plusieurs éléments nous frappent dans ce schéma.


UNE FORME SPHÉRIQUE POUR SE MOUVOIR EN TOUS SENS
L’œil est une boule, une bille, une balle. C’est-à-dire qu’il a une forme faite pour rouler. Il a besoin de rouler pour fonctionner. Or tout problème visuel s’accompagne d’un effort qui stoppe le mouvement.

Ainsi, face à un minuscule détail qu’il lui importe de voir, un myope va tendre le cou, se tendre tout entier vers ce détail insaisissable parce que trop éloigné, serrer les mâchoires, plisser les yeux. Donc se contraindre physiquement et mentalement... sans pour autant réussir à mieux voir.

Le presbyte fera un effort inverse: il va tendre le bras pour éloigner le texte qu’il lit, par exemple, écarquiller les yeux, reculer la tête, créant ainsi une tension au niveau de tous les muscles impliqués dans ces mouvements... sans pour autant réussir à mieux voir. Car ce qui lui échappe est trop
près.

Dans les deux cas, le mouvement de l’œil a été bloqué. L’œil est devenu fixe, en même temps qu’une tension globale s’est installée.

™ IMPORTANT
La fixité est l’ennemi numéro un du bon fonctionnement de l’œil. Le globe oculaire est fait pour se mouvoir perpétuellement, pour rouler. Et c’est ce que la méthode Bates va permettre d’encourager.

LA CORNÉE EN AVANCÉE POUR UNE VISION ÉLARGIE
Autre élément frappant sur le schéma : la face antérieure visible de l’œil, la cornée, surface de pénétration de la lumière, se projette en avant de la sphère constituée par l’œil, comme une déformation de cette sphère. La cornée est transparente, pour permettre la pénétration de la lumière, et épaisse, pour assurer la protection de l’œil.

L’avancée de la cornée munit l’œil d’un balcon, donc d’une vision latérale élargie par rapport à ce que l’on pourrait voir d’une simple fenêtre. Cette vision latérale, ou vision périphérique, ajoute quelques degrés sur chaque côté de l’angle à 180 degrés qui constitue notre champ visuel. Elle nous permet d’élargir notre exploration de part et d’autre du point considéré (un objet, une personne) et, ainsi, de situer ce point dans son contexte.

Il vous faut un exemple ? Faites les marionnettes avec vos mains en les agitant de part et d’autre de votre visage tout en regardant une personne en face de vous. Vous constaterez que vous parvenez à suivre le mouvement de vos mains un peu en arrière d’un angle de 180 degrés, grâce aux quelques degrés supplémentaires que procure l’avancée de la cornée par rapport au globe oculaire.

C’est cette vision périphérique qui nous permet de nous protéger des dangers, de nous situer dans l’espace, de pressentir un obstacle ou un danger latéral (quand nous marchons ou quand nous conduisons, par exemple).

DE LA TRANSPARENCE POUR LAISSER PASSER LA LUMIÈRE
Cornée, humeur aqueuse, corps vitré, cristallin... Notre œil est fait de structures transparentes, conçues pour laisser pénétrer la lumière, à la manière des fenêtres de nos maisons. De tous nos organes, l’œil est le seul qui soit parfaitement transparent ! La clarté de notre vision est proportionnelle à la qualité de la lumière.
™ IMPORTANT Donnons à nos yeux la meilleure lumière possible pour les tâches qui demandent de la précision: lecture, couture, travaux manuels fins, etc. La lumière artificielle devra faire l’objet d’un choix avisé: nature du dispositif, intensité lumineuse adéquate, etc.

UN LIQUIDE POUR NOURRIR ET LUBRIFIER
À l’intérieur de l’œil, un petit espace sépare la cornée du cristallin, de forme verticale en amande. Cet espace est rempli d’un liquide transparent appelé humeur aqueuse. Ce liquide se renouvelle toutes les 4 heures, et apporte à la partie antérieure de l’œil des éléments nutritifs et de l’oxygène. Il assure également la lubrification du cristallin.

Dans certaines pathologies, l’humeur aqueuse s’écoule mal et peut s’accumuler dans la chambre antérieure, faisant pression de proche en proche sur tous les éléments de l’œil, y compris la rétine et le nerf optique (c’est d’ailleurs ce qui se produit dans le cas du glaucome).

™ IMPORTANT
Tous les milieux transparents de l’œil sont fluides ou constitués d’une forte proportion aqueuse. L’absorption d’eau va donc être primordiale pour le bon fonctionnement des yeux.

L’IRIS ET LE CRISTALLIN
Accolé en avant du cristallin, l’iris (la couleur de vos yeux) est perforé en son centre par le trou de la pupille. L’iris est l’équivalent de l’obturateur dans un appareil de photo, que nous ouvrons ou fermons plus ou moins selon l’intensité lumineuse. Cette fonction est automatique: la pupille se rétrécit ou s’élargit selon la luminosité et le besoin de l’œil, par l’intermédiaire d’une musculature involontaire, visible sous forme de stries dans l’iris.

En basse luminosité, la pupille va s’élargir pour laisser entrer un maximum de lumière. À l’inverse, elle pourra se rétrécir instantanément lorsque l’œil est soudainement exposé à une lumière vive. Ce réflexe évite l’éblouissement et augmente la profondeur de champ, donc la précision de la vision.
Situé derrière l’iris, le cristallin est une lentille élastique et trans- parente, biconvexe, c’est-à-dire une loupe. La lumière, réfléchie par les objets environnants, a donc franchi la cornée et l’humeur aqueuse. Elle est devenue un faisceau lumineux parallèle rétréci par le trou de la pupille. Le passage par la loupe qu’est le cristallin va augmenter l’intensité de la lumière tout en la transformant en un pinceau lumineux.

LE CORPS VITRÉ
Ce pinceau lumineux traverse ensuite une substance gélatineuse transparente, le corps vitré, qui remplit la chambre postérieure en arrière du cristallin et contribue à maintenir le volume sphérique de l’œil. Il arrive que des épaississements du corps vitré s’en détachent et produisent une impression de «mouches volantes». Ces corps flottants sont généralement sans gravité : une abondance et une apparition soudaine exigeront toutefois une consultation ophtalmologique immédiate pour éliminer le diagnostic d’une détérioration de la rétine.

AU FOND DE L’ŒIL, LA RÉTINE
La lumière a maintenant traversé toutes les couches transparentes de l’œil. Elle atteint pour finir, tout au fond de la chambre postérieure, la rétine, un tissu très complexe qui tapisse toute cette chambre.

L’examen du fond d’œil permet d’explorer la rétine, tout particulièrement sa région centrale, la macula. Cet examen se pratique en éclairant cette zone après avoir au préalable dilaté la pupille pour observer aussi largement que possible le centre de la rétine et le départ du nerf optique.

Le centre de la macula est creusé d’une minuscule cuvette, la fovéa centralis, directement en regard de l’arrivée directe de la lumière par le trou de la pupille. Elle reçoit donc la meilleure lumière possible.

Elle est faite exclusivement d’un tissu constitué de cellules en forme de cônes: on recense environ dix millions de cônes sur la surface d’un millimètre de diamètre que représente la fovéa. Les cellules de cette zone qui reçoivent la lumière la plus directe sont spécialisées dans ce qui constitue l’acuité visuelle.

Autour de cette zone où les cônes résident en exclusivité, il existe encore des cônes, cette fois dispersés dans un tissu fait de cellules en forme de bâtonnets. Ces bâtonnets constituent le reste du tissu rétinien. Au nombre de 100 à 200 millions, ils enregistrent la vision périphérique.

La rétine est très vascularisée : elle est irriguée par un réseau d’artérioles et de veinules microscopiques permettant l’apport d’oxygène et l’élimination des déchets du fonctionnement de l’œil, dont le CO2. Les cellules de la rétine se comportent avec la même avidité pour l’oxygène que les cellules du cortex cérébral, auquel elles sont reliées par l’intermédiaire du nerf optique, dont vous voyez le départ au fond de l’œil, sur la gauche du schéma.

 Eva Lothar, Nathalie Ferron

Si cet extrait vous a intéressé,
vous pouvez en lire plus
en cliquant sur l'icône ci-dessous :

Couverture de livre