Comment les hommes ont pensé le cerveau

 

Je me suis toujours demandé comment l’homme en était venu à associer l’acte sexuel à la naissance d’un enfant. Comment a-t-il pu établir un lien de cause à effet entre deux événements séparés par neuf mois et qui, a priori, n’avaient que peu de liens ?

D’une façon identique, je me suis souvent posé la question de savoir comment et pourquoi l’homme avait mis en relation l’intelligence, le mouvement, l’apprentissage et les sens avec cet organe de 1,5 kilogramme situé dans son crâne. Ce qui nous apparaît comme une évidence aujourd’hui ne l’a pas toujours été, et cela pendant des millénaires.

Sur les bords du Nil, Il y a 7 000 ans
Imaginez un instant que vous êtes transporté à Omdourman, au Soudan, non loin de Khartoum, sur les bords du Nil il y a 7 000 ans de cela.

Un homme vêtu de peaux de bêtes se livre à une opération étrange : à l’aide d’instruments particulièrement aiguisés (des couteaux, des perceuses et des grattoirs à os), cet homme pratique des perforations dans le crâne de l’un de ses congénères. Quel est le but de cette opération ? Pourquoi faire des trous à cet endroit si particulier ? Nul ne le sait, mais les traces trouvées sur un crâne vieux de sept millénaires découvert en 2016 laissent à penser que, dès cette époque, les hommes auraient pu pratiquer ce que nous nommons aujourd’hui une trépanation.

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À noter
le but de cette opération est d’atténuer des douleurs ou de soulager les effets d’une pression intracrânienne excessive (notamment dans le cas d’une méningite). certains sorciers l’auraient préconisée afin de faire sortir du crâne les esprits malins, responsables selon eux des troubles mentaux...
Une telle découverte n’est pas sans poser de nombreuses questions, en particulier celle de savoir pourquoi nos ancêtres pratiquaient de telles opérations. Quels étaient les buts escomptés ? Quels étaient les liens de causalité qui avaient pu être établis entre la douleur à certains endroits du corps et les effets d’une trépanation ?

Ce qui est d’autant plus surprenant, c’est que ce type de pratiques semble avoir été monnaie courante depuis le Néolithique (9 000 avant J.-C.) et que l’on en retrouve des traces aussi bien sur les bas-reliefs mésopotamiens (6 200 avant J.-C.) que sur des bas-reliefs égyptiens. Ainsi, dans le temple de KômOmbo (construit durant la période ptolémaïque, vers 380 avant J.-C.) situé à quelques kilomètres d’Assouan, en Égypte, on retrouve des bas-reliefs représentant des trépanations.
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Avec le recul, il semble totalement fascinant de constater que, malgré des connaissances scientifiques qui, pour nous, hommes du xxie siècle, semblent embryonnaires (voire inexistantes), des hommes ont pu se livrer à des opérations sur le cerveau il y a plusieurs millénaires. Les « médecins » de l’époque agissaient- ils uniquement sur la base de connaissances empiriques ou bien ces opérations étaient-elles liées à des rituels religieux ? Voilà un mystère de plus qui s’ajoute à l’histoire du cerveau !

Le cerveau d'Hyppocrate et le coeur d'Aristote
Plus tard, le cerveau sera au centre de nombreuses polémiques. Ainsi, dans la Grèce antique, il y eut de grandes différences de vue quant au rôle qu’il pouvait jouer. Hippocrate, le père de la médecine moderne, était persuadé que le cerveau était le centre de l’intelligence et des sensations, alors qu’à la même époque, Aristote croyait que l’intellect était situé dans le cœur.

Le raisonnement d’Aristote était simple : lorsqu’un individu est soumis à une violente émotion, les battements de son cœur ont tendance à s’accélérer alors que le cerveau, lui, reste totalement


Jean-Michel Jakobowicz

  

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