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Commençons par faire le point sur ce que dit – du moins, ce que l’on fait dire – la loi de l’attraction aujourd’hui. La loi de l’attraction, comme nous l’avons vu précédemment, a été amplement popularisée durant la dernière décennie, mais chacun semble en avoir sa propre définition. Il existe cependant des points qui se recoupent.
Une première synthèse simplifiée des postulats avancés dans la loi de l’attraction se présenterait ainsi :
• Nos pensées sont une énergie.
• L’univers est fait d’énergie.
• Nous pouvons diriger notre existence à l’aide de la puissance de notre pensée, car celle-ci est une énergie qui peut se convertir en matière.
• Il existe un principe selon lequel « qui se ressemble s’assemble ». Or, l’univers étant énergie, tout s’attire. Donc, nos pensées étant énergie attirent une énergie semblable.
• L’énergie de notre pensée peut être positive ou négative. Nous attirons donc quelque chose d’agréable ou de désagréable selon que notre pensée est positive ou négative.
• La loi de l’attraction est l’énergie universelle qui régit notre vie pour chacun d’entre nous.
• Aussi, lorsque nous adressons une demande à l’univers, celui-ci matérialise nos pensées.
• En conséquence, tout ce à quoi nous pensons et croyons peut se réaliser.
C’est ce que l’on appelle la loi de l’attraction universelle.
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UNE CONCRÉTISATION EN DEUX TEMPS
Toute réalisation, et c’est une vérité dont nous faisons l’expérience chaque jour, se concrétise en deux phases :
1. Tout d’abord, dans notre esprit, quand nous pensons par exemple à un objet ou un projet. Au fur et à mesure de notre réflexion, nous le peaufinons, nous lui enlevons ou ajoutons certains éléments, nous le rêvons, nous nous projetons dans sa finalisation, dans l’utilisation que nous pourrons en faire, dans le plaisir qu’il nous offrira, etc. 2. Puis, nous en prenons possession : nous l’achetons, le louons, le fabriquons, etc. C’est le deuxième moment de création : d’une idée, d’un concept, d’une abstraction qui naviguait dans notre esprit, il y a à présent un objet matériel ou un projet abouti, directement appréhendable.
Cela peut concerner notre voiture, notre maison, mais aussi un dossier dans une entreprise, un voyage pour nos vacances, une rencontre avec une personne. Nous avons concrétisé dans la réalité un désir qui n’existait à l’origine qu’à l’état de pensée.
La loi de l’attraction pose le postulat suivant : quand nous sommes à la première phase de concrétisation (la formulation de notre désir, notre pensée), il nous faut alors en faire la demande à l’univers. Puisque tout s’attire, il fera arriver le deuxième moment de création et nous mettra face à ce que nous désirons afin que nous puissions en prendre possession.
Magnifiquement simple, n’est-ce pas ?
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« LOI DE L’ATTRACTION UNIVERSELLE » : DES MOTS À (RE)DÉFINIR
L’une des grandes difficultés de la loi de l’attraction universelle, c’est que ses termes ne sont jamais définis. Ce qui engendre de nombreuses confusions et approximations, chacun en donnant une interprétation finalement toute subjective. Beaucoup de commentaires se font ainsi à partir d’affirmations en posant comme prémisse que « cela est vrai », puis en font découler développements et conclusions à loisir.
Pour démêler le vrai du faux sur un sujet aussi vaste, populaire et galvaudé que la loi de l’attraction, revenons aux bases et procédons de manière scolaire et méthodique : la définition des termes. Pour comprendre, il faut savoir de quoi l’on parle, et donc faire le point sur les vérités que recouvre, ou pas, le concept de « loi de l’attraction universelle ». Essayons donc d’en définir chacun des termes pour savoir de quoi il est réellement question.
« Un honnête homme ne se prononce jamais sur ce qu’il ignore. Le commencement de la sagesse est d’appeler les choses par leur propre nom.
Quand les noms ne sont pas corrects, le langage est sans objet.
Quand le langage est sans objet, les affaires ne peuvent pas être menées à bien. » Confucius traitant, entre 497 et 493 av. J.-C., de ce qu’il nommait « la rectification des noms »
La loi de l’attraction universelle est-elle bien une loi ?
Une loi, au sens scientifique du terme, pose des règles auxquelles sont assujettis les phénomènes naturels tout comme les êtres vivants (nous compris). Par exemple, avec la loi de Newton (voir p. 27), et que cela nous plaise ou non, nous sommes soumis à la loi de la gravitation et à ses manifestations. Vous constatez ainsi, sans rien pouvoir y faire, que vous tombez au sol si vous trébuchez, de même qu’une pomme qui se détache de l’arbre tombe irrémédiablement. C’est ce que nous appelons la « pesanteur ».
Une loi physique se définit selon les trois critères suivants :
• elle est toujours valable, c’est-à-dire qu’elle s’applique à tout et à tous sans exception ;
• elle est reproductible : elle se vérifie systématiquement lorsque les conditions de sa réalisation sont réunies ;
• elle n’est pas contredite, c’est-à-dire qu’elle vaut tant qu’aucune expérience ne vient la contredire, jusqu’à ce qu’une autre loi la modifie ou l’annule.
« Les lois sont les rapports nécessaires qui dérivent de la nature des choses. » Montesquieu, De l’esprit des lois
Ainsi, et pour reprendre l’exemple de la loi de la gravitation, quelle que soit votre habilité à marcher ou la façon dont la pomme se détache, vous et cette pomme tomberez par terre ! Selon cette définition, la loi de l’attraction universelle doit donc être opérante en tous lieux, en tout temps et à l’égard de tous.
Or... cette « loi » n’opère pas toujours ! Ses partisans affirment : « Demande et tu recevras ». Faites-en l’expérience : demandez quelque chose – une belle voiture, un compte en banque bien rempli, une rémission soudaine et spontanée de votre maladie. C’est fait ? Bien. Alors, avez-vous obtenu ce que vous avez demandé ? Non ?...
Soyons pragmatiques et fondons-nous sur l’expérience : nos pensées n’attirent pas toujours ce que nous voulons – dans le cas contraire, il y aurait belle lurette que guerres, famine, pauvreté, pollution et injustices auraient disparu de la surface de notre planète. Il y a visiblement des exceptions.
L’attraction universelle ne peut donc être assimilée à une loi, encore moins à la loi de la gravitation newtonienne – sauf à faire un abus volontaire de langage et de comparaison.
Un argument imparable...
Si vous dites à un partisan de la loi de l’attraction que vous avez demandé mais n’avez rien reçu, il est fort probable qu’il vous oppose un argument irréfutable : c’est parce que vous avez mal formulé votre demande ou que vous n’y croyiez pas assez. La preuve avancée pour étayer cela ? Ça marche, puisque c’est une loi ; si ça ne marche pas, c’est votre manière de procéder qu’il faut remettre en question, non la loi.
La belle affaire ! C’est oublier qu’en science, une loi est tout à fait indépendante de notre intention. Selon la loi de la gravitation, sur Terre, chaque fois que nous lançons un objet, il retombe immanquablement, et ce, quelle que soit la manière dont nous avons lancé cet objet : que nous y croyions ou non, que nous le lancions avec une grande conviction ou dans le scepticisme le plus absolu, que nous ayons de la force ou non, que nous soyons adroits ou malhabiles, quoi qu’il arrive, l’objet sera soumis à la loi newtonienne et retombera inévitablement. En revanche, chaque fois que nous formulons une demande, nous n’obtenons pas nécessairement ce que nous avons demandé.
Soyons plus réalistes et, plutôt que de parler de « loi », commençons d’ores et déjà à considérer que nous disposons là d’un processus de réussite qui agit positivement dans un certain nombre de situations, mais qu’il n’y a pas obligatoirement une relation permanente de cause à effet. En conséquence, comme tout processus, il existe des cas où nous obtenons un résultat différent de ce à quoi nous nous attendions, ou même des cas où nous n’obtenons rien.
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QUELQUES PRÉCISIONS POUR BIEN COMPRENDRE DE QUOI L’ON PARLE
Un processus peut se définir simplement comme un ensemble d’activités, de phénomènes, corrélés et interagissant les uns avec les autres, qui doivent permettre d’aller d’un point A à un point B. Ce sont donc des opérations successives qui sont organisées d’une certaine manière afin de parvenir, dans la majorité des cas, à un résultat déterminé.
Une loi physique décrit un phénomène déterminant un résultat constant. Elle demeure vraie tant qu’aucune expérience ne l’a invalidée. Elle constate sans expliquer le pourquoi. Par exemple, la loi de la gravitation décrit la gravitation mais n’explique pas pourquoi les corps tombent ou se meuvent, ni pourquoi la gravité existe. Cette explication revient à la théorie de la gravitation.
Une théorie est un ensemble de propositions qui expliquent ou décrivent une observation – par exemple, la théorie de l’évolution. Bien que fortement étayée, elle conserve une marge d’incertitude. Si elle était absolument certaine et constante, on parlerait de « loi de l’évolution ».
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Xavier Cornette de Saint-Cyr
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