Paris, le 25 juillet 2018
Environ trente adolescents de 15 à 19 ans par heure ont contracté le VIH en 2017, d’après un nouveau rapport de l'UNICEF. Deux tiers d’entre eux étaient des filles.
« C’est une crise de santé ainsi qu’une crise en matière de capacité d’action », déclare la directrice générale de l’UNICEF, Henrietta Fore. « Dans la plupart des pays, les femmes et les filles n’ont pas accès à l’information et aux services nécessaires ou n’ont même pas la possibilité de refuser des relations sexuelles non protégées. Le VIH se propage rapidement parmi les personnes les plus vulnérables et les plus marginalisées, ce qui place les adolescentes au cœur de la crise. »
Le rapport intitulé Women: At the heart of the HIV response for children (Les femmes : au cœur de la lutte contre le VIH pour les enfants) présente des statistiques inquiétantes sur l’épidémie mondiale de sida et ses incidences sur les plus vulnérables. L’an dernier, 130 000 enfants et adolescents âgés de 19 ans ou moins sont morts du sida, alors que 430 000 – près de 50 par heure – ont contracté le VIH.
Présenté à la Conférence internationale sur le sida qui se tient cette semaine à Amsterdam, le rapport indique que les adolescents continuent d’être touchés de plein fouet par l’épidémie et que l’incapacité à les atteindre ralentit les progrès réalisés à l’échelle mondiale au cours des vingt dernières années dans la lutte contre l’épidémie. Il est signalé dans le rapport que :
• Les adolescents âgés de 10 à 19 ans représentent près des deux tiers des 3 millions de personnes de moins de 19 ans vivant avec le VIH.
• Bien que le nombre de décès ait reculé dans tous les autres groupes d’âge depuis 2010, y compris chez les adultes, la mortalité parmi les adolescents les plus âgés (de 15 à 19 ans) n’a pas diminué.
• Quelque 1,2 million de personnes âgées de 15 à 19 ans vivaient avec le VIH en 2017 – 3 sur 5 étaient des filles. La propagation de l’épidémie parmi les adolescentes s’explique par des relations sexuelles précoces, notamment avec des hommes plus âgés, des relations sexuelles non consensuelles, le manque de pouvoir de négociation en matière de sexualité, la pauvreté et le manque d’accès à des services de conseil et de dépistage confidentiels.
« Nous devons faire en sorte que les filles et les femmes aient suffisamment de sécurité financière pour ne pas devoir se livrer au commerce du sexe. Nous devons veiller à ce qu’elles soient bien informées des modes de transmission et de la façon de se protéger », explique Angélique Kidjo, ambassadrice de l’UNICEF, dans un essai publié dans le rapport. « Et, bien sûr, nous devons veiller à ce qu’elles aient accès à tous les services et les médicaments dont elles ont besoin pour rester en bonne santé. Avant tout, nous devons favoriser l’autonomisation des filles et des femmes – et l’éducation est encore une fois souvent le meilleur moyen d’y parvenir. »
Pour contribuer à la lutte contre l’épidémie, l’UNICEF a, en coopération étroite avec ONUSIDA et d’autres partenaires, lancé diverses initiatives, dont :
• « Tous inclus pour en finir avec le sida chez les adolescents » (All In to End Adolescent AIDS), qui vise les adolescents de 25 pays prioritaires qui comptent le nombre le plus élevé d’adolescents vivant avec le VIH.
• « Start Free, Live Free, AIDS Free », cadre d’action visant à ramener à 100 000 d’ici à 2020 le nombre de nouveaux cas d’infection à VIH parmi les adolescents et les jeunes femmes.
• La feuille de route de la prévention du VIH pour 2020, plan d’action ayant pour but d’intensifier la prévention du VIH en mettant l’accent sur les obstacles structurels, comme les lois punitives et le manque de services adéquats, et sur le rôle des communautés.
D’après le rapport, ces initiatives ont, avec celles qui les ont précédées, permis de réaliser d’importants progrès en matière de prévention de la transmission du VIH de la mère à l’enfant. Le nombre de nouveaux cas d’infection parmi les enfants de moins de 4 ans a été réduit d’un tiers entre 2010 et 2017. Aujourd’hui, quatre femmes enceintes séropositives sur cinq ont accès à un traitement qui les maintient en bonne santé et réduit le risque de transmission à leurs nouveau-nés.
Par exemple, dans la région de l’Afrique australe, qui est depuis longtemps l’épicentre de la crise du sida, le Botswana et l’Afrique du Sud ont maintenant des taux de transmission de la mère à l’enfant de seulement 5 % et plus de 90 % des femmes vivant avec le VIH suivent un traitement efficace. Près de 100 % des femmes enceintes au Zimbabwe, au Malawi et en Zambie connaissent leur statut VIH.
« Les femmes sont les plus touchées par cette épidémie – à la fois par le nombre d’infections et dans leur rôle de principales soignantes des malades – et elles devraient demeurer au premier plan de la lutte contre cette maladie », conclut H. Fore. « Le combat est loin d’être terminé. »