Après avoir consacré le Maître Pablo Picasso, le musée d’art Hyacinthe Rigaud met à l’honneur un autre immense artiste : Raoul Dufy. Et plus précisément, les liens étroits qu’il a entretenu avec Perpignan et sa région durant une dizaine d’années, de 1940 à 1950.
Raoul Dufy (Le Havre, 1877 - Forcalquier, 1953), est un artiste complet aux multiples facettes. Peintre, dessinateur, graveur, illustrateur de livres, céramiste, créateur de tissus, tapisseries et mobilier, décorateur... il s’intéresse à toutes les formes d’art. Il débute en suivant le mouvement impressionniste pour s’en détacher par la suite. On le qualifiera de peintre fauviste, même si cette période ne couvre en réalité que 3 années de sa vie. Mais le fil rouge dans l’œuvre de Raoul Dufy, c’est certainement son amour pour la couleur et la joie qui se dégage de ses œuvres. Raoul Dufy est un artiste si prolifique, qu’il fallait trouver un angle pour cette exposition et c’est en toute logique sa parenthèse catalane qui a été choisie par l’équipe du musée et Christian Briend, commissaire de l’exposition et spécialiste reconnu de Raoul Dufy, qui a travaillé à éclairer d’un jour neuf ces séjours à la lumière d’archives privées inédites.
Le refuge catalan Réfugié à Céret au début de la 2de guerre mondiale, Raoul Dufy entre en 1940 en relation avec le Docteur Pierre Nicolau. Dans sa clinique privée de Perpignan, celui-ci soigne la douloureuse polyarthrite qui handicape l’artiste. Le médecin l’héberge au sein de sa propre famille rue Jeanne d’Arc. Là, Dufy vit dans l’intimité de la famille, devenant un proche qu’une amitié indéfectible va lier à chacun de ses membres : Pierre et Yvonne, leur 4 enfants, mais également Marie Lhéritier, mère d’Yvonne. À cette amitié fondatrice s’ajoute un intense réseau d’amitié dont l’exposition rend compte : l’écrivain Ludovic Massé, le sculpteur Aristide Maillol, le romancier Claude Simon, le violoncelliste Pau Casals... La période perpignanaise de Dufy ne s’achèvera qu’en 1950, avec son départ pour les États-Unis.
Les ateliers perpignanais À Perpignan, Dufy occupe successivement 2 logements, qui vont lui donner l’occasion de reformuler le thème iconographique de l’atelier du peintre, récurrent dans son œuvre depuis 1909. Le premier, 19 rue Jeanne-d’Arc, fait l’objet d’un grand nombre de peintures qui métamorphosent l’espace restreint et peu éclairé de l’appartement. Baignées d’une chaude lumière orangée, ces vues de l’atelier prennent une signification allégorique et rétrospective. Le second appartement-atelier où Dufy s’installe en 1946 se situe au 2 rue de l’Ange. Par 3 hautes fenêtres plongeant sur la place Arago, l’artiste peut observer les festivités populaires. Dans cet espace, Dufy s’attache particulièrement à une console néobaroque surmontée d’un grand miroir (La Console jaune), support de nombreuses natures mortes.
Une exposition riche et complète L’exposition, qui réunit pour la 1ère fois un ensemble aussi significatif de ces Ateliers à Perpignan, rendra également compte des séjours de Dufy à Vernet-les-Bains, au Boulou ou, côté espagnol, à Caldes de Monbui, où le conduisent des cures thermales. Pour illustrer la production très diverse de Raoul Dufy à Perpignan, l’exposition s’attache à 3 de ses thèmes de prédilection pendant cette période : la réinterprétation des Maîtres, les représentations de la musique et la peinture de fleurs. Enfin, son activité spécifique dans le domaine des arts décoratifs est mise en lumière. À Perpignan en effet, Dufy conçoit de nouvelles tapisseries en collaboration avec Jean Lurçat et reprend sa production de céramiques avec le potier Jean-Jacques Prolongeau. | |
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