Muse et artiste, Gala fut la compagne du poète Paul Eluard puis celle de Dalí. Admirée, oubliée, condamnée, elle reste une figure clef des avant-gardes au XXème siècle et du surréalisme. Les tableaux et photographies que firent d'elle Max Ernst, Man Ray, Cecil Beaton et bien sûr ceux de Dalì sont beaucoup plus que de simples portraits, ils forment un parcours autobiographique dans lequel, en tant que véritable héroïne postmoderne, Gala façonna et créa sa propre image. Réunissant plus de 180 œuvres, l'exposition vise à reconstruire la figure complexe et fascinante de Gala dans une mise en regard entre œuvres et artefacts directement lié à son univers personnel, une soixantaine d'œuvres de Dali, ainsi que peintures, dessins et photographies d'autres artistes qui gravitaient dans l'univers surréaliste : Max Ernst, Picasso, Man Ray et Cecil Beaton ou encore Brassaï. L'exposition permet de ce fait de retracer de façon parallèle et détaillée les évolutions du travail pictural de Salvador Dalì et de mettre en lumière l'univers intime de ce couple mythique par le biais d'une sélection de lettres, de cartes postales et de livres, de robes et d'objets personnels – dont la coiffeuse – de Gala. L'exposition dévoile ainsi une Gala qui au-delà de son personnage de muse construit son propre parcours artistique, écrivant, imaginant et façonnant sa propre image en plus d'être l'une des figures centrales de l'œuvre de Dalí. Qui donc était réellement Gala ? Qui était cette femme qui ne passait inaperçue pour personne, suscitait la haine de Breton ou de Buñuel ; l'amour inconditionnel d'Éluard ou de Dalí ; la passion de Max Ernst ; l'amitié fidèle de Crevel, la modèle de Man Ray… Était-elle d'abord et uniquement une muse ayant inspiré artistes et poètes ? Ou était-elle une artiste à part entière, et ce, en dépit d'un corpus d'œuvres signées très restreint : objets surréalistes aujourd'hui perdus, quelques cadavres exquis et pages de son journal ? Indéniablement, Gala fut une femme créative et passionnée de création qui écrivait, lisait, concevait ses vêtements ainsi que sa propre image dans les portraits que faisait d'elle Dalí mais aussi en tant que co-auteure de tant d'œuvres de son deuxième époux à tel point qu'ils en virent à signer de leurs deux noms « Gala-Salvador Dalí ». Au final, Gala n'est-elle pas, elle aussi, une illustration de la figure de l'artiste/œuvre d'art ?. Pour Estrella de Diego, commissaire, il s'agit là de la première exposition d'envergure internationale consacrée à Gala, une exposition encore jamais réalisée en raison des a priori liés à sa personne et en partie à cause de l'extrême fragilité de nombre de pièces essentielles permettant de restituer son parcours et son portrait. L'exposition bénéficie d'importants prêts de la Fondation Dalí, une quarantaine d'œuvres environ, mais également de collections privées et de musées internationaux parmi lesquels le Musée Dalí de St. Petersburg (Floride) ; The Haggerty Museum of Art (Milwaukee) ; le Centre Georges Pompidou (Paris); la Bayerische Staatsgemäldesammlungen, la Pinakothek der Moderne, (Munich); le Museo di Arte Moderna e Contemporanea di Trento e Rovereto (Rovereto); la Fundación Thyssen-Bornemisza ou encore el Museo Nacional Centro de Arte Reina Sofía (Madrid). Cette exposition permet ainsi au Museu Nacional d'Art de Catalunya de mettre en lumière de façon tout à fait inédite une personnalité unique et fascinante des avant-gardes du XXème siècle. Selon Pepe Serra, directeur du MNAC, Gala Dalí « représente un moment important pour le musée. D'une part, il s'agit de la première exposition consacrée à Gala qui vise à élargir le champ de nos connaissances actuelles, et ce, dans le prolongement de nos ambitions pour l'ensemble de notre programmation. D'autre part, la collaboration extraordinairement fructueuse avec la Fundació Gala-Salvador Dali nous permet, grâce à des prêts très généreux d'œuvres, de présenter à Barcelone une exposition d'envergure internationale liée à Dalí et ce, d'un point de vue entièrement nouveau ». Pour la Fundació Gala-Salvador Dalí, l'exposition permet de présenter une réévaluation d'un personnage clef dans l'œuvre du peintre. Selon sa directrice, Montse Aguer, « grâce cette exposition, Gala femme invisible devient femme visible. Gala, sujet principal d'une exposition permet de rappeler qu'elle souhaitait, tout comme Dalí, façonner sa légende. Femme mystérieuse et discrète, Gala fit preuve d'une grande capacité créatrice. Femme cultivée, compagne d'un poète et d'un peintre, Gala vécut et fit l'art. Entourée de livres depuis ses plus jeunes années en Russie, elle entreprit de vivre sa vie d'une manière « littéraire ». Écrivaine, créatrice d'objets surréalistes, dessinatrice, marchande, muse, elle conseilla et guida ses compagnons. Paul Éluard d'abord puis Salvador Dalí ensuite. Elle fut l'amie de René Char et de René Crevel, l'amante de Max Ernst. Et, à l'image d'un personnage tiré d'un roman de Thomas Mann tiraillé entre destinée personnelle et soubresauts tragiques de son siècle, elle fut profondément marquée par les deux guerres mondiales, la révolution russe, la tuberculose qui l'obligea à effectuer de longs séjours en sanatorium. Très consciente de son image, elle sut imposer son personnage de femme élégante et sophistiquée, à l'origine de tant de représentations mythologiques, peintures, dessins, gravures, photographies. Gala Salvador Dalí ». |