© istock
Un événement stressant provoque une réaction en chaîne qui débute dans le cerveau et aboutit à la sécrétion d’hormones du stress par les glandes surrénales.
Les hormones du stress
Le stress correspond à une rupture de l’équilibre homéostatique qui s’effectue principalement sous l’influence de substances chimiques particulières : les hormones du stress.
L’ACTH (adrenocorticotrophic hormone), ou hormone corticotrope, est sécrétée par l’hypophyse (glande située à la base du cerveau qui régule la sécrétion des hormones). Son rôle est de stimuler les glandes surrénales, qui libèrent notamment l’adrénaline et le cortisol.
L’adrénaline
Appelée l’« hormone guerrière », elle mobilise l’énergie disponible pour préparer l’organisme à répondre au stress et lui donner la force musculaire pour combattre ou fuir une situation menaçante.
Ses effets sont instantanés : le rythme cardiaque et la respiration s’accélèrent (poumons, gorge et narines s’ouvrent pour laisser entrer plus d’air); les artères se contractent et la tension artérielle augmente; les veines se dilatent pour faciliter la circulation et l’oxygénation du sang. Le sang oxygéné est envoyé vers les muscles. Les pupilles se dilatent. Tous nos sens se mettent en alerte: devant un danger imminent, le corps se prépare à réagir, à éviter la menace, à fuir ou à combattre au besoin.
Mais l’adrénaline n’agit pas seule. Quelques minutes à peine après que sa production a été déclenchée, une autre hormone cruciale est libérée: le cortisol.
Le cortisol
Le but du cortisol est de fournir au cerveau un apport en énergie suffisant pour nous aider dans la phase d’adaptation au stress. Cette énergie, il va la chercher dans les gras qu’il transforme en sucres, appuyant ainsi l’action de l’adrénaline. Les deux hormones travaillent de concert tout au long de la réaction au stress.
Le cortisol intervient également dans la régulation de la tension artérielle, de la fonction cardiovasculaire et de la fonction immunitaire.
C’est lui qui prend les commandes pour que l’organisme réagisse à ce qu’il considère comme un danger. Pour une efficacité maximale, certaines fonctions peuvent être momentanément mises en sommeil (fonction digestive ou immunitaire, par exemple).
Le cortisol active deux zones du cerveau: le cortex cérébral, pour qu’il réagisse au stimulus stressant (fuite, attaque, immobilisation, compensation...), et l’hippocampe, qui va atténuer la réaction. Si le stress est trop important ou s’il se prolonge, l’hippocampe saturé de cortisol ne peut plus en assurer la régulation. Le cortisol envahit alors le cerveau et instaure un état dépressif, principal facteur d’évolution des maladies.
En dehors des périodes de stress, le cortisol a aussi un rôle essentiel. Il maintient l’équilibre énergétique du corps. Son cycle de sécrétion atteint un pic le matin, pour diminuer lentement au cours de la journée. Le fameux coup de barre de début d’après-midi, c’est lui.
D’autres hormones jouent également un rôle dans le processus de réaction au stress :
L’ocytocine
Cette hormone joue de multiples rôles. Sécrétée par l’hypothalamus et stockée dans l’hypophyse, elle est libérée dans la circulation sanguine et a différents effets:
• sur le plan physiologique : lors d’un accouchement, par exemple, pour stimuler les contractions de l’utérus, ou pendant l’allaitement, au moment de la succion du bébé sur le sein de sa mère, pour provoquer l’éjection du lait;
• dans le développement d’une relation d’attachement: en favorisant la générosité, l’empathie et la confiance, elle facilite la création de liens durables;
• dans le domaine qui nous intéresse, celui du processus d’adaptation au stress, elle a la faculté de faire baisser le taux de cortisol dans l’organisme, faculté fort utile, puisque l’on sait qu’un taux élevé et maintenu de cortisol est néfaste pour la santé;
• par ailleurs, elle joue un rôle clé dans la régulation de l’humeur: un taux élevé d’ocytocine va se traduire par une sensation de bien-être et d’apaisement.
La vasopressine
L’hormone antidiurétique (ADH), aussi appelée vasopressine, est secrétée par l’hypothalamus et libérée par l’hypophyse dans la circulation sanguine, où elle a divers effets, notamment :
• un effet antidiurétique permettant la réabsorption de l’eau dans l’organisme et la diminution du niveau des urines;
• un effet vasoconstricteur (rarement souhaitable) qui entraîne un rétrécissement des vaisseaux sanguins et peut augmenter la tension artérielle;
• une action agrégante (coagulante) plaquettaire dans des situations de stress où sa sécrétion est très augmentée;
• un rôle corticotrope (dont les actions se rapprochent de celles de la cortisone) par une intensification de la sécrétion d’ACTH (adrenocorticotrophic hormone), qui elle-même stimule les glandes surrénales et dont nous avons parlé ci-dessus.
Il est important de comprendre que ce processus d’adaptation au stress ne dure pas : dès que la situation stressante perd en intensité, que la réponse adéquate y est apportée, le taux des hormones sécrétées va diminuer et l’équilibre homéostatique, se rétablir. Les fonctions mises en veille sont réactivées, l’organisme récupère et reprend son fonctionnement normal... jusqu’à la prochaine fois.
Le danger pour l’organisme réside ainsi dans le stress qui perdure et ne permet plus cette récupération: le taux d’hormones de stress demeure trop élevé, les fonctions mises en veille momentanément ne se réactivent pas de façon optimale et des dysfonctionnements peuvent s’installer durablement. Apprendre à gérer le stress est donc vital pour maintenir l’équilibre dans le corps et le cerveau.
Cette présentation du rôle des hormones dans le syndrome général d’adaptation au stress était très succincte. Ce rôle est bien sûr fort complexe et, si vous souhaitez en savoir plus, vous trouverez en cliquant sur l’icône du livre en bas de page diverses références et ressources, particulièrement le www.stresshumain.ca, qui propose une page fort bien documentée sur la biologie du stress.
Les ingrédients du stress
L’intensité de la réaction au stress variera selon qu’il s’agit d’un stress virtuel (évocation d’une situation stressante que l’on n’a jamais expérimentée) ou d’un stress déjà vécu. Il est souvent plus facile de lutter contre une situation stressante déjà vécue, vu que l’on connaît, au moins en partie, le mode de réaction approprié. En revanche, l’évocation d’une situation hypothétique fait parfois naître des manifestations émotionnelles disproportionnées, car on a du mal à imaginer la réponse adéquate.
Mais, même si la source de stress diffère pour chaque individu, les chercheurs ont établi qu’il y a, pour chaque situation stressante et pour tout le monde, un ensemble d’éléments communs qui provoque la sécrétion des hormones de stress :
• la perte de tout contrôle: vous n’avez aucun contrôle ou un contrôle faible sur la situation (exemples: vous avez un rendez-vous important et êtes pris dans un embouteillage ou vous apprenez qu’un proche est atteint d’une maladie grave);
• l’événement vécu est inattendu ou vous êtes dans l’incapacité de prévoir comment une situation à venir va se dérouler (exemple: vous avez un voyage d’affaires prévu la semaine prochaine et apprenez qu’une grève de la compagnie aérienne est envisagée sans que la date en soit déjà déterminée);
• vous êtes face à quelque chose de totale- ment nouveau (exemple: tout le système informatique de votre entreprise, dans laquelle vous travaillez depuis vingt ans, est changé et vous allez devoir utiliser des logiciels que vous ne maîtrisez absolument pas);
• votre ego, c’est-à-dire la représentation et la conscience que vous avez de vous-même, est menacé: vous doutez de vos compétences et capacités ou celles-ci sont remises en question par votre entourage (exemple: votre patron vous pose des questions précises et insistantes sur la façon dont vous avez traité un dossier, comme s’il ne croyait pas en l’efficacité de votre méthode).
Si un seul de ces critères est rempli, le clignotant « danger » s’allume et enclenche tout le processus d’adaptation. Mais qu’entendons-nous par « danger » ?
Comme on le précise dans l’introduction, le mécanisme du stress a permis à nos ancêtres de survivre en développant leurs capacités d’adaptation. Les premiers êtres humains affrontaient des dangers bien réels, notamment des prédateurs, des bêtes sauvages ou des tribus hostiles, et le cerveau reptilien remplissait parfaitement son rôle en aidant l’organisme à y résister. À notre époque, le cerveau reptilien est toujours aux commandes, mais ne fait malheureusement pas la différence entre le mammouth auquel nos ancêtres devaient faire face et l’embouteillage dans lequel nous sommes coincés alors que nous avons un rendez-vous très important. C’est donc à nous de lui indiquer l’écart entre ces deux situations.
Pascale Patte-Wilbert
Si cet extrait vous a intéressé,
vous pouvez en lire plus
en cliquant sur l'icône ci-dessous