Le respect sert à favoriser un climat harmonieux au sein d’un groupe, d’une famille ou d’une société. Le respect de soi et des autres développe le sens du compromis et de l’empathie, et aide l’individu à comprendre et à reconnaître que ses paroles et ses actions ont une portée, un impact et des conséquences sur les autres. Le respect nourrit la bienveillance envers toute personne et toute chose, et ce, quel que soit le moment, l’humeur, le lieu, l’individu ou l’objet. Il incite à ne pas faire de mal à qui et à quoi que ce soit.
Quelle que soit son origine, sa culture, sa religion, sa race, sa classe sociale ou sa position hiérarchique, chaque être humain mérite le respect et a des devoirs de respect envers autrui. Dans un monde sans respect, l’hostilité et l’insécurité régneraient en permanence. Ce serait l’anarchie. Pour vivre ensemble, nous avons besoin de repères, de lois et de règles afin de pouvoir anticiper les événements. Le respect est un concept de savoir-vivre à la fois essentiel et complexe qui permet de prévoir le comportement des personnes. Pouvez-vous imaginer une vie sans respect ? Des relations et des échanges sans respect ? Je n’ose pas imaginer ce que l’on peut ressentir lorsqu’on est constamment traité de manière irrespectueuse, mais je suis persuadée qu’il doit être difficile de respecter en retour. «L’irrespect, c’est ce qui rabaisse l’autre, le nie dans ses droits, dans sa liberté. Bien sûr, il peut se produire des conduites irrespectueuses totale- ment involontaires, mais, dans l’ensemble, cela procède toujours d’une volonté de toucher, d’atteindre l’autre. À l’inverse, le respect, c’est reconnaître à l’autre la même humanité, la même valeur qu’à soi-même5 », explique le psychiatre et pédopsychiatre Stéphane Clerget.
Comment réagissez-vous lorsqu’on vous manque de respect ? N’êtes-vous pas parfois étonné par les mots ou les gestes qui vous viennent spontanément ? L’envie d’être irrespectueux à votre tour n’est-elle pas palpable ? Pourquoi être respectueux envers quelqu’un qui ne l’est pas ? Il faut un grand contrôle de soi pour demeurer respectueux avec quelqu’un qui ne l’est pas. De façon spontanée, nous avons envie de répondre sur le même ton, d’employer le même langage que l’autre. L’irrespect appelle l’irrespect. Un monde meilleur est inimaginable si nous poursuivons ce cycle et si nous offrons ce « mauvais » exemple à nos enfants. Il y a d’autres façons, plus bienveillantes, de répondre à l’irrespect, comme nous le verrons dans les prochains chapitres. Si votre enfant vous insulte et que vous l’insultez à votre tour, n’aurez-vous pas, une fois calmé, le sentiment de ne pas être fier de vous ? Les méthodes bienveillantes demandent souvent de se dépasser, de faire preuve d’un contrôle extraordinaire et d’une capacité d’amour incroyable. Si l’on ne veut pas rabaisser nos enfants avec des méthodes irrespectueuses, il nous faut adopter des moyens pour « grandir » avec eux. Et c’est là l’expérience humaine la plus merveilleuse et enrichissante qui soit.
Nous sommes blessés par les manques de respect des gens à notre égard, mais il est encore plus difficile de voir nos enfants être victimes d’irrespect. Le parent d’un enfant intimidé à l’école ou mordu de façon répétitive à la garderie, par exemple, ressent une profonde impuissance. Nous pouvons comprendre qu’il se réjouisse lorsque son fils finit par donner un coup de poing à la personne qui l’intimide depuis des mois. « Il ne se laisse plus faire ! » dit-il. Le parent apprécie davantage la capacité d’affirmation de son enfant que le moyen qui a été employé, qui demeure irrespectueux. Le rôle du parent n’est toutefois pas d’approuver ou de féliciter ces gestes, mais d’aider l’enfant à trouver des moyens plus appropriés et acceptables en société pour s’affirmer et se faire respecter.
> Mme Lalonde
À l’adolescence, Mme Lalonde a traité notre fils de «tête de cochon ». « Puisque nous partageons le même local, c’est que nous sommes de la même espèce», lui a-t-il répondu. Cette réponse lui a valu une punition, mais il n’a eu droit à aucune excuse de la part de Mme Lalonde. À la même époque, on a banni le tutoiement des enseignants et le vouvoiement est redevenu obligatoire. Mon fils a demandé le même traitement : « Je suis prêt à vous vouvoyer si je le suis en retour puisque j’ai autant de valeur que vous. » Il a été puni une fois de plus pour insubordination, même si sa requête avait été effectuée de façon respectueuse. Cette année-là a été particulièrement difficile! Nous n’avons pas changé le «système», puisqu’il s’est attiré des punitions plutôt que le respect escompté, mais nous l’avons soutenu dans sa démarche d’affirmation.
À quoi ressemble la relation de respect entre vous et vos enfants ? Permettons-nous une comparaison... Si votre voiture tombe en panne, il ne vous viendrait pas à l’idée de la rouer de coups et de l’abîmer. Vous vous rendrez plutôt au garage pour la faire réparer et pouvoir l’utiliser au plus tôt. De plus, vous investissez régulièrement temps et argent pour l’entretenir et éviter les pannes et tout autre problème. Votre grille-pain refuse de fonctionner ? La pensée de cogner dessus vous effleurerait-elle l’esprit afin de le voir fonctionner à nouveau ? Bien sûr que non !
Or, sous le coup de la colère ou de la frustration, nous sommes parfois tentés de crier, punir ou même frapper l’enfant. Dans ces moments, nous sommes si démunis en tant que parents que le respect disparaît en même temps que le jugement. Les méthodes de nos parents et de nos ancêtres refont alors surface. Que comprend votre enfant dans une telle situation ? Que la voiture et le grille-pain valent mieux que lui ? J’espère que non. Nous verrons que lorsque rien ne va plus avec votre enfant, c’est qu’il nécessite une sorte « d’entretien » que vous n’avez peut- être pas effectué. Cela demande du temps, tout comme la réparation de l’automobile ou du grille-pain. Nous verrons comment y parvenir avec tout le respect auquel votre enfant a droit.
Brigitte Racine
Si cet extrait vous a plu, vous pouvez en lire plus
en cliquant sur la couverture du livre ci-dessous :