Après les discours et les engagements politiques et à l’approche de l’hiver, la France et, plus globalement, l’Europe doivent maintenant agir d’urgence pour apporter protection et assistance aux dizaines de milliers d’enfants en quête de refuge.
Environ un quart des personnes cherchant refuge en Europe cette année sont des enfants. Ils ont été plus de 106 000 pendant les six premiers mois de 2015, soit une augmentation de 75 % par rapport à l’année dernière.
De nombreux enfants réfugiés et migrants en Europe vivent dans des lieux surpeuplés et des conditions inadaptées qui les exposent à des risques de violences, d’exploitation et d’abus. Nombreux sont ceux qui dorment dehors. C’est notamment le cas à Calais, où les capacités d’accueil du centre d’hébergement d’urgence pour les femmes et les enfants, situé dans le bidonville de la Jungle, sont saturées. La liste d’attente des femmes et des enfants nécessitant un hébergement d’urgence s’allonge chaque jour sans qu’un renforcement du dispositif n’ait à ce jour reçu le feu vert des autorités compétentes. A l’approche de l’hiver, cette situation est particulièrement inacceptable et inquiétante.
L’UNICEF France joint sa voix aux autres acteurs associatifs et appelle la France pour qu’au-delà des discours, une action renforcée -et concertée avec ses partenaires européens- soit concrètement mise en œuvre pour accueillir et assister les enfants réfugiés et migrants et leurs familles.
Avec le nombre croissant d’enfants soumis à de dangereux parcours à travers l’Europe, une action collective accompagnée d’une bonne répartition des responsabilités au sein de l’Union européenne est essentielle.
En France, comme dans les autres pays de l’Union, cela devrait inclure la mise en place de mesures de protection immédiate pour les enfants et leurs familles :
. Des structures d’accueil sûres, adaptées aux enfants, permettant un accès aux soins, un soutien psycho-social, ainsi que des activités récréatives et scolaires;
. L’augmentation de la capacité d’accueil et du nombre de visas humanitaires pour les enfants et leurs familles. Les procédures d’asile doivent être rapides et toujours prendre en compte l’intérêt supérieur de l’enfant.
. Le renforcement des engagements politiques et leur mise en œuvre en faveur de l’accueil des personnes réfugiées en provenance des pays en guerre pour qu’elles n’aient plus à emprunter des parcours dangereux et à recourir à des passeurs clandestins ;
. Le renforcement des opérations de recherches et de secours, en mer, comme sur terre;
. L’accélération des programmes de réunification familiale en faveur des enfants séparés ou non-accompagnés;
. La formation en nombre suffisant de personnels spécialisés de l’enfance pour apporter attention et conseil aux enfants et à leurs familles.
Cette attention particulière est inscrite dans la Convention internationale des droits de l’enfant, signée et ratifiée par tous les Etats concernés par cette crise, qui prône la protection de tous les enfants –qu’ils aient dû fuir de chez eux, qu’ils se trouvent en mer, sur terre, sur les rives et frontières des pays de destination. Une attention et une protection particulières doivent être apportées aux enfants et adolescents non accompagnés de leurs familles.
L’UNICEF exhorte également la communauté internationale à s’attaquer aux causes profondes de cet exil de masse par des efforts diplomatiques plus vigoureux destinés à mettre fin aux conflits et à apporter le soutien nécessaire en matière d’assistance humanitaire et de développement dans les pays d’origine.