Vous n'en êtes pas encore là... Vous en êtes encore à découvrir que vous pouvez vous passer de partenaire. Que l’amour n’est pas la seule raison de vivre. Qu’il en existe d’autres : le travail, les enfants, les amis, les loisirs mais surtout la vie elle-même et tout ce qu’elle offre de plaisirs et de joies. Si vous ne le savez pas encore, alors c’est le moment d’en prendre conscience. Il est grand temps de penser à vous. En lisant ces mots, certains n’aimeront pas cette perspective qu’ils jugeront « égoïste ». Pourtant elle prépare à vivre de bonnes et belles relations d’amour. Souvenez-vous que dans ces histoires où l’on donne trop, non seulement on perd de vue ses propres besoins mais on fait fuir : trop de dépendance, trop de fusion et puis... on détestera vous être redevable. Tous ceux qui en amour « se sacrifient » sont pesants. Eh bien, apprenons donc à devenir plus « légers » pour nous, pour l’autre, en suivant un salvateur mode d’emploi.
Qu’est-ce qui retient nos amoureux ? Ce que nous leur offrons d’amour, de soutien, de partage mais aussi ce que nous ne leur donnons pas. C’est-à-dire notre liberté de penser, notre liberté d’être. Ah ! Comme ils voudraient nous « posséder » tout entiers (et réciproquement). Mais nous nous dérobons. Nous tenons à exister dans l’amour ET par nous-mêmes... Voilà ce que vous diront ces hommes et ces femmes avec lesquels on peut passer toute une vie sans s’ennuyer, sans avoir l’impression qu’ils sont “acquis pour la vie”. Car ils savent à la fois aimer, apporter une sécurité affective nécessaire tout en restant insaisissables. Au fond, on sent que si nous disparaissions de leur vie ils seraient d’un côté inconsolables et de l’autre tout à fait capables de vivre sans nous. Nous sommes précieux. Notre présence est leur plus grand plaisir mais ils n’ont pas besoin de nous au sens du manque, de ce que repré- sente la drogue pour le toxicomane.
L’indépendance est le secret de la séduction. Ce qui fait son mystère. Cette personne a une manière d’exister qui nous échappe, qui ne nous ressemble pas mais qui fait écho à ce que nous voudrions être, y compris parfois dans ses mauvais côtés. Elle est notre part d’ombre ou de lumière. On voudrait lui voler cette capacité à... être joyeux, si intelligent ou... si peu affectif, si insouciant, etc.
Bref, profitons de cette période en solo pour retrouver cette capacité à exister seuls, à trouver des activités, des habitudes qui nous réjouissent. Profitons-en pour faire nos preuves, pour nous rendre compte que nous n’avons besoin de personne pour avoir une vie riche en petites et grandes joies. Quand on demande à Pascale quels ont été les meilleurs moments de sa vie à deux, elle répond : « Rentrer chez nous, faire un plateau-repas, nous mettre au lit, regarder un film à la télé. » Et en solo ? Elle réfléchit : « Les mêmes, rentrer chez moi, faire un plateau-repas, me glisser dans mon lit, etc. » Cultivons ces plaisirs, cette capacité à goûter la vie qui sera aussi bénéfique en amour que précieuse à notre équilibre. Sophie en est convaincue : « La seule façon de se reconstruire est d’apprendre à exister par son propre regard et à trouver cela suffisant. Devenir autonome par rapport à la valeur que l’on s’accorde, par rapport à l’intérêt que la vie peut avoir pour nous : on ne doit pas laisser le pouvoir à l’autre de nous donner le sentiment d’exister. »
Le bonheur est en soi
Mais exister comment ? Par ce que nous sommes, par ce que nous faisons... Notre part de responsabilité dans l’art de cultiver (ou pas) les petites joies, est l’une des grandes découvertes d’Isabelle : « Je ruminais des idées morbides et puis j’ai commencé à m’intéresser au bouddhisme qui dit : « Le bonheur est en soi, il ne vient pas de l’extérieur. » Comme si notre vie n’était que notre perception des choses. Certaines personnes ont « tout » au sens où notre société l’entend : argent, époux, épouse, enfants... et se plaignent à longueur de journée de leurs deux ou trois kilos en trop, de leurs enfants « ratés » qui « végètent » à l’université tandis que d’autres, comme Daniel Picouly dans ses romans, raconte combien la vie était dure sur le plan matériel dans sa famille immigrée, pauvre et nombreuse mais combien elle était gaies.
... Et c’est maintenant
Qu’est-ce qui peut rendre heureux ? Savourer le plus petit moment présent, penser à tout ce que l’on a au lieu de penser à ce qui nous manque. Chaque soir, Pénélope savoure le simple fait « d’avoir un corps en bonne santé, d’avoir un toit et bien chaud dans mon lit ». Pour elle, chaque geste simple a une délicieuse saveur : « Retrouver une copine, rire, m’acheter une jolie robe, me regarder dans la glace et trouver que je ne suis pas si moche ni si vieille, ranger la maison, lire un bon livre, découvrir un grand film... » Et ce qui rend malheureux ? Unanimité sur la réponse : l’attente. L’attente du prince charmant ou de son pendant féminin (dont les hommes rêvent aussi). L’attente du bon, du bien, du chaud qui arrivera demain ou plus tard. Isabelle ne veut plus avoir du bonheur une idée futuriste et mégalomaniaque mâtinée de prince charmant, de couple idéal, d’amour à vie... qui nous plon- gent dans des quêtes impossibles, comme si l’idée du grand bonheur sapait notre aptitude à vivre ces petites et grandes joies qui, mises bout à bout, forment une vie réussie. Posez-vous cette question : qu’est-ce que j’aime dans la vie, avec éventuellement un crayon à la main pour en dresser la liste ? Vous verrez que vous aimez bien plus de choses que l’amour.
Ce qui rend malheureux aussi, c’est de penser quand tout va bien que ça ira mal tout à l’heure : « Oui, aujourd’hui il fait beau mais demain, on annonce du mauvais temps. » Commentaire d’Isabelle qui « a fini par apprendre à vivre : les gens loupent le bonheur parce qu’ils sont dans l’anticipation que cela va s’ar- rêter. » Si Gérard Lenorman reprenait aujourd’hui sa fameuse chanson La ballade des gens heureux, peut-être la résumerait-il ainsi : « Une chose après l’autre... » Là, je suis bien. Profitons-en, on verra demain.
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PAS DE BONHEURS AU CONDITIONNEL
Guy Corneau, célèbre psychanalyste canadien et auteur à succès, suggère de ne pas vivre de bonheurs condi- tionnels. Le bonheur c’est ici et maintenant. Quelques pistes à suivre :
• Devenir un « goûteur de réalité ».
• Comme le suggèrent les philosophies orientales, cultiver l’acceptation.
• Il faut vivre dans l’à-côté, le presque ça, le à peu près... Rien n’est absolument idéal.
• Ne pas attendre la passion mais des petites choses.
• Jouir de ce que la vie nous donne et cette vie, notre vie, apprenons à l’aimer.
• C’est à nous de la rendre belle et intéressante.
• Éprouvons le sentiment d’être en harmonie avec notre vie, notre désir.
• Laissons-nous vivre, laissons nous être heureux. En général, l’être humain se préoccupe plus de ce qui le fait souffrir que de ce qui le satisfait.• Chercher ce qui va apporter des satisfactions : activités (ou farniente) et manières de les pratiquer.
• Se concentrer sur des tâches concrètes de la vie.
• Retomber en enfance. Renouer avec ses anciens plai- sirs : chanter à tue-tête, dire des bêtises, manger des bonbons, faire du vélo, nager, lire des BD...
• Ce qui nous fait envie est ce qui nous rend heureux.
• Et quand il y a un problème ? Soit il y a une solution et nous la trouverons. Soit il n’y en a pas et pourquoi s’en faire ?
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Le goût des petites joies...
Et si le secret du bonheur était dans le goût des petites joies ? Si nous sommes restés longtemps dans une relation destructrice, si nous n’avons que des histoires d’amour pénibles, si nous n’arrivons pas à oublier notre ex-partenaire, si nous que nous avons perdu la capacité de nous réjouir ou que nous ne l’avons jamais eue. Alors, nous avons besoin de comprendre (avec l’aide éventuelle d’un psy) pourquoi nous sommes plus à l’aise (ce qui ne veut pas dire plus heureux) dans la souffrance que dans le plaisir ? Dans les compli- cations que dans la simplicité ? Dans le mal-être que dans le bien-être ? La réponse se situe sans doute dans une enfance sans légèreté qui n’a su nous apprendre ni l’insouciance ni à savourer les activités simples du présent : le bonheur de s’activer, de faire avec soin des tâches simples, d’écouter les bruits de la campagne, d’aimer avoir un corps bien vivant, agile, musclé, d’ap- précier sous la douche l’eau chaude couler le long de son visage et de son dos, de se donner du mal pour réussir un bon gâteau, pour souder deux tuyaux et d’avoir le plaisir du travail bien fait. Ou encore de se glisser dans son lit après une journée bien remplie, de sentir le poids de la couette sur son corps bien fatigué et de s’endormir tranquillement en pensant à la belle journée de demain...
Il y a les joies qu’on a toujours connues et celles que l’on découvre dans notre nouvelle vie. Comme elles sont nombreuses celles qui affirment (pas tout de suite mais deux mois ou deux ou cinq ans après la rupture) : « Je suis devenue une autre femme. » En le disant, elles pensent surtout qu’elles sont devenues elles-mêmes. Libérées d’un autre avec lequel il faut bon gré mal gré s’harmoniser pour que la vie à deux soit possible. Elles suivent surtout leur propre désir si bien qu’elles « s’éclatent ».
Jacqueline est une petite femme blonde d’une soixantaine d’années, débordante de vie qui n’a plus rien à voir avec la femme « soumise et mal fagotée qui suivait son mari partout parce qu’elle croyait que c’était ça un couple ». Aujourd’hui, elle a découvert l’immense bonheur d’être libre. Elle voit qui elle veut, quand elle veut. Elle regarde le film qui lui plaît, mange à l’heure qui lui convient : « Je ne faisais rien seule. On faisait tout à deux. J’étais calme, effacée. Je n’avais aucune envie particulière ; je suivais... Quand on a été soumise aux goûts, aux horaires, aux désirs de quelqu’un c’est une révolution. »
Et pourtant que la séparation a été difficile à vivre ! Plus personne à servir, plus personne à qui parler le soir... Elle se sentait « toute vide ». Mais peu à peu le vide s’est rempli d’un « plein bien à elle » et pour rien au monde elle ne reviendrait en arrière. Elle a perdu 26 kilos de pesanteur, s’habille en 40 quand elle achetait du 52 chez Rondissimo. Elle se maquille. La première chose qu’elle a faite quand son mari est parti, est d’aller chez le coiffeur : « Changez-moi tout ça ! Vous avez quartier libre. » Cette liberté inconnue jusqu’ici lui a procuré une allégresse formidable – qui ne l’empêchait nullement de pleurer sur son oreiller le temps de consoler son chagrin – car l’ivresse d’une vie à soi n’empêche pas les regrets de la vie à deux.
« Je ne connais rien au sexe, je suis une femme mariée » faisait dire Sacha Guitry à l’une de ses héroïnes. Une phrase qui serait reprise en chœur par nombre de femmes sexuellement libérées par la rupture et... par bien des hommes aussi. À moins qu’une sexualité torride ait été le ciment d’un couple sexuellement passionné mais quotidiennement incompatible. Bref, il arrive que l’on découvre ou redécouvre dans la rupture, les joies de la liberté sexuelle. Emma a aimé faire l’amour avec son mari qui était tendre et attentionné mais elle découvre aujourd’hui les hommes dans toute leur diversité, leur manière si différente de faire l’amour. Elle a parfois l’impression qu’elle n’en aura jamais fini d’explorer les joies « du bâton d’or », l’étonnant mystère du masculin, équivalent du mystère féminin. Elle découvre aussi la joie immense de faire constamment ses preuves sans avoir besoin d’un autre pour se réaliser.
Elle écrit, elle milite dans une association humanitaire, elle rencontre quantité de gens que son mari n’aurait pas appréciés mais dont elle est curieuse, presque avide car pour elle chaque personne est un continent qu’elle confronte au sien en s’étonnant des similitudes d’émotions, de sentiments, d’expériences qui se nichent au cœur de parcours pourtant si variés. Depuis qu’elle a découvert à quel point elle « aime les gens » elle se dit qu’entre ces rencontres d’amitié et ces expériences amoureuses, elle ne sera plus jamais seule.
Elle ne rêve plus du prince charmant, ni même de la vie à deux. Elle a trouvé son équilibre dans cette vie personnelle passionnante nourrie d’échanges multiples. Et puis, il y a le sport, un bonheur nouveau lui aussi qu’elle a découvert lorsqu’il fallait bien trouver un moyen de « se vider la tête », de fabriquer des endorphines autrement qu’en prenant des médicaments « qui lui font peur ». Depuis, elle aime courir, faire du vélo et nager presque tous les jours... Des activités qui l’inscrivent dans le moment présent, qui la recentrent sur elle-même et l’aident à chasser ses idées noires, quand elle en a, de plus en plus rarement. Pendant ce temps, son mari vit le syndrome de l’arroseur arrosé. C’est lui qui a voulu la quitter. Lui qui est parti pour une autre femme – qu’il ne voit plus beaucoup. Lui qui se retrouve seul et dérouté de voir que cette joie de vivre qu’il espérait pour lui, irradie sur elle. Amer peut-être, il s’étonne : « Mais qu’est-ce qu’elle a Emma ? Elle est rayonnante. On ne la reconnaît plus... »
Patricia Delahaie
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