Les bienfaits du soufre organique

 

Le MSM, ou soufre organique, est un composé naturel de soufre que l’on trouve dans la nature et dont la particularité est d’être biodisponible, c’est-à-dire facilement assimilé et donc très actif pour l’organisme. Il est le résultat d’une transformation naturelle du minéral soufre et il est présent dans tous les organismes vivants.

Le cycle du soufre dans la nature
C’est difficile à imaginer lorsqu’on passe sa vie les deux pieds ancrés au sol, mais la moitié environ de la matière organique que produit notre planète Terre est issue de l’océan, en particulier du phytoplancton marin. Or, cette énorme masse de plancton végétal absorbe de grandes quantités de soufre dans l’eau de mer. Puis, lorsqu’elle meurt, un processus enzymatique se met en route, qui libère des composés soufrés volatils (du DMS). Ce sont eux qui sont à l’origine de l’odeur si caractéristique de l’air marin. Leurs molécules s’échappent alors dans l’atmosphère où, en présence de l’ozone et des ultraviolets, elles s’oxydent en quelques jours pour devenir un gaz, le DMSO, qui lui-même se transforme en MSM hautement soluble dans l’eau et se concentre dans la vapeur formant les nuages. Puis lorsqu’il pleut, ce soufre retourne à la terre.

Là, il est absorbé par les racines des plantes qui le stockent en grandes concentrations. Il se minéralise puis finit un jour ou l’autre par retourner à la mer. C’est ce qu’on appelle le cycle du soufre, qui lui donne toutes ses propriétés.

 

Le soufre dans l’histoire humaine
Le soufre organique est si performant qu’il pourrait passer pour un élément très novateur. Pourtant, ses propriétés médicinales et curatives sont bien connues et utilisées depuis l’Antiquité. Par exemple, les soldats grecs du temps de l’Iliade se soignaient dans des bains d’eau soufrée lors- qu’ils avaient été blessés – aujourd’hui encore, le soufre organique est recommandé pour la santé de la peau et pour la bonne cicatrisation. Vers 150 av. J.-C., Caton l’Ancien le recommandait contre la pyrale, un insecte ravageur de la vigne, on peut donc le considérer comme l’un des premiers insecticides. Homère confirma cet usage en préci- sant que le soufre éloignait la vermine. L’Odyssée raconte qu’Ulysse, à son retour, en brûla dans sa maison pour la purifier.

Depuis ces époques lointaines, et partout dans le monde, les bains dans de l’eau soufrée sont très appréciés, entre autres pour le traitement de l’arthrose, comme on le verra plus loin.

Plus tard, au XVe siècle, durant la peste noire, on s’en servit pour désinfecter les maisons. C’est le chimiste Lavoisier qui proposa à la communauté scientifique de son temps (1777) de le considérer comme un élément à part entière, et non plus comme un composé.

En 1802, les propriétés fongicides du soufre furent mises en évidence et signalées par le botaniste anglais William Forsyth. À partir de 1845, on l’utilisa avec succès pour combattre l’oïdium de la vigne. Il faisait partie des remèdes homéopathiques développés au XIXe siècle pour traiter les infections virales, bactériennes et parasitaires, car il permet d’atténuer, et même de supprimer, les manifestations douloureuses liées à ces infections.

Dans les années 1920, le « soufre colloïdal » était recommandé pour soigner les arthritiques... Avant l’émergence des antibiotiques dans les années 1940, on utilisait des médicaments à base de soufre pour traiter les infections car ses propriétés antibactériennes étaient reconnues. Le soufre naturel (trituré, ventilé ou micronisé) est aujourd’hui l’une des substances autorisées, en quantités modérées, dans l’agriculture biologique, en tant que fongicide, acaricide et répulsif.
Sans compter toutes ses applications thérapeutiques que nous allons développer dans les chapitres suivants.

Le DMSO, précurseur du MSM
Pour retracer l’historique du MSM (méthyl-sulfonylméthane), il est nécessaire de se pencher sur son grand frère, le DMSO (diméthyl-sulfoxyde) qui a été isolé dès 1866 par le scientifique russe Alexander Saytzeff dont la découverte est restée, durant presqu’un siècle, dans les tiroirs de la recherche scientifique. Il s’agit alors d’un composé soufré cristallin, inodore, non toxique et qui a un goût d’ail. Personne, à l’époque, ne pense que ce produit pourrait avoir une quelconque utilité médicale – il est utilisé pour la fabrication du papier – jusqu’à ce que Stanley Jacob s’y intéresse à la fin des années cinquante.

Ce chercheur à Harvard et au MIT travaille sur la transplantation du rein. Il a développé une méthode pour congeler les organes en respectant leur intégrité physiologique. C’est une vraie avancée mais, tel quel, le processus endommage encore le fonctionnement de l’organe, ce qui le rend inutilisable pour la transplantation.

Puis Stanley Jacob déménage à Portland (Oregon, États-Unis) où il découvre une étude mentionnant la capacité du DMSO à préserver les globules rouges pour que la congélation ne les tue pas. Il contacte alors une entreprise américaine pour qu’elle produise du DMSO, ce qui lui permet de commencer ses expériences.

Les propriétés thérapeutiques du composé sont rapidement mises au jour: il est effectivement capable d’acheminer une substance à travers la peau puis dans l’organisme – et c’est dans ce domaine qu’il est encore aujourd’hui le plus utilisé. Mais il a également une bonne efficacité antidouleur et anti-inflammatoire, ainsi que des propriétés diurétiques et antibactériennes. Il peut même affaiblir les bactéries pour les rendre vulnérables aux antibiotiques auxquels elles étaient auparavant capables de résister. Enfin, son action protectrice sur les tissus de petite taille congelés est confirmée, et c’est un domaine d’application du DMSO qui dure jusqu’à aujourd’hui.

En 1963, Jacob communique sa découverte lors d’un congrès de chirurgiens. Aussitôt, une série d’articles sur le DMSO paraît dans les journaux spécialisés, et même un article en première page du New York Times : cette nouvelle substance fait figure de révolution médicale, aussi importante que la découverte de la pénicilline.

En 1965, plus de 1 500 études portant sur envi- ron 100 000 patients ont déjà démontré l’efficacité du produit sur une quantité d’états inflammatoires : l’arthrite, la tendinite, la bursite, etc.

Puis soudain, la Food and Drug Administration (FDA) stoppe net la commercialisation du DMSO en tant que médicament car on avait observé un risque au niveau de la vision sur certains animaux. Malgré tout, cette toxicité n’a jamais été prouvée ni observée sur plus de 100 000 patients humains entre 1963 et 1965. Pourtant, aujourd’hui encore, il est interdit à la vente en tant qu’agent thérapeutique aux États-Unis – ce qui n’empêche pas de le trouver sur Internet. Il n’est plus autorisé que pour l’usage vétérinaire, ainsi que pour le traitement de la cystite interstitielle, une pathologie inflammatoire chronique de la vessie dont la cause n’est pas connue et pour laquelle il n’existe pas d’autre thérapie aussi efficace.

Le DMSO méritait un meilleur destin que de se retrouver dans les placards de la médecine naturelle car ses applications sont nombreuses dans divers domaines... En tant qu’agent de transport à travers la peau de toute substance, médicamenteuse ou non, il présente l’avantage non négligeable de contourner la barrière du système digestif ; d’autre part son action anti-inflammatoire et antidouleur en application locale est rarement égalée – les kinésithérapeutes et les thérapeutes spécialisés dans le sport auraient tout intérêt à l’intégrer à leur pratique. En usage interne, le DMSO a également une action thérapeutique mais au prix d’un inconvénient: son goût persistant de poisson ou d’huître, qui peut rebuter l’utilisateur...

Benjamin Dupré 

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