On comprendra aisément que la complexité des mécanismes menant à la fécondation constitue autant d’obstacles potentiels menant à l’infertilité.
Au terme de stérilité, à connotation péjorative, l’on préfère maintenant souvent ceux d’infertilité ou d’hypofertilité, moins négatifs.
On considère qu’un problème de fertilité ne peut être reconnu chez un couple désireux de grossesse qu’après un délai d’au moins deux ans, pendant lequel aucune conception d’enfant ne s’est produite malgré des relations sexuelles régulières. On sait qu’au-delà de trois ans d’infertilité inexpliquée, les chances de mener à bien une gros- sesse naturelle s’amenuisent, et qu’une procréation assistée doit être envisagée.
L’hypofertilité est loin d’être exclusivement de cause féminine : on la retrouve dans 30 % des cas, mais 20 % relèvent d’une cause uniquement masculine. Dans 40 % des cas, les causes sont à la fois masculines et féminines. Enfin, dans les 10 % restants, l’infertilité est inexpliquée, on parle d’infertilité idiopathique.
Facteurs communs d’infertilité
Pour les deux sexes, l’âge est un facteur prépondérant de ferti- lité : débutant chez la femme à la puberté, la fertilité présente un pic maximal à l’âge de 25 ans. Elle diminue ensuite et le risque de fausse couche augmente avec l’âge. Les chances de mener à bien une grossesse deviennent faibles après 40 ans. Dans mon expérience, lorsque tous les examens complémentaires amènent à poser le diagnostic de ménopause précoce, l’acupuncture peut relancer la stimulation de l’axe hypothalamo-hypophysaire et une activité génitale. Chez l’homme, l’âge amène plus tardivement, surtout après 55 ans, à une baisse de fertilité due à une moins bonne qualité des spermatozoïdes.
Tous sexes confondus, des facteurs exogènes, comme l’abus d’alcool et de tabac, les pesticides, sont très préjudiciables à la fécondité.
Causes de stérilité féminine
Les causes d’infécondité peuvent se situer au niveau des ovaires, des trompes, et de l’utérus.
Problèmes ovariens, troubles de l’ovulation
C’est la cause la plus fréquente d’infertilité féminine (1/3 des cas), l’ovulation pouvant être absente ou irrégulière, ce qui se traduit par des règles absentes, rares ou irrégulières.
Cela peut provenir de l’ovaire lui-même (dysfonctionnement ovarien).
Il peut s’agir également de troubles de l’axe sécrétoire hypothalamus/hypophyse, qui perturbent la maturation et la ponte ovulaire, ce que l’on peut expliquer par un défaut de stimulation au niveau central, cérébral. Différents facteurs peuvent également interférer, tels que l’obésité, la maigreur dans le cadre de l’anorexie mentale, où les facteurs psychiques peuvent être prépondérants.
Anomalies des trompes de Fallope
L’obturation des trompes entrave le transport de l’ovocyte, empêche les spermatozoïdes d’atteindre l’ovocyte et de le féconder.
Cette anomalie est due principalement à des séquelles d’infections génitales (salpingite), mais peut s’expliquer également par une endométriose (présence anormale de muqueuse utérine dans la trompe ou l’ovaire) ; à des séquelles de chirurgie (brides cicatricielles dans le pelvis), ou de grossesse extra-utérine (grossesse bloquée dans la trompe).
Cette cause est fréquente, c’est pourquoi, lors du premier entretien, je demande systématiquement à ma patiente si une salpingographie, entre autres, a été pratiquée.
Anomalies utérines
Anomalies de la glaire cervicale
L’on a évoqué plus haut l’importance de la glaire cervicale dans le passage et la sélection des spermatozoïdes qui vont migrer dans la trompe utérine.
Des infections, des traitements pour des lésions bénignes ou malignes au niveau du col utérin peuvent modifier la glaire et le passage des spermatozoïdes dans la cavité utérine.
Endométriose
Cette maladie correspond à des localisations anormales de la muqueuse utérine hors de l’utérus, dans les ovaires, les trompes, le péritoine (70% des femmes souffrant d’endométriose présentent une infertilité).
Troubles de l’implantation
L’ovocyte devenu œuf doit s’implanter dans la cavité utérine pour s’y développer. Cette nidation peut être difficile, voire impossible en cas de malformation utérine, d’origine congénitale. Cela a pu se voir chez les femmes nées avant 1977, de mamans ayant reçu du Distilbène. Ce médicament donné pour stimuler leur fécondité avait provoqué chez leurs filles des anomalies utérines empêchant toute nidation (polypes, fibromes sous-muqueux), et des cancérisations secondaires.
Causes de stérilité masculine
Les facteurs environnementaux sont de plus en plus admis comme facteurs d’hypofertilité chez l’homme. Outre les facteurs exogènes déjà cités plus haut, les pesticides et pour certains les émissions électromagnétiques engendrées par les téléphones mobiles sont de plus en plus mis en cause.
Aujourd’hui, l’âge de la paternité, comme celui de la maternité, est devenu plus tardif ; la qualité du liquide spermatique est dégradée, ce qui explique que l’hypofécondité masculine s’accentue avec l’âge.
Anomalies au niveau des spermatozoïdes
De nombreuses anomalies concernant les spermatozoïdes peuvent amener à une infertilité masculine :
- Ils peuvent être en nombre insuffisant (moins de 10 millions par millilitre de sperme), c’est l’oligospermie.
- Ils peuvent présenter un défaut de mobilité, c’est l’asthénospermie.
- Il peut y avoir également un nombre élevé de spermatozoïdes anormaux ou de spermatozoïdes morts, c’est la tératospermie et la nécrospermie.
Ces anomalies sont le plus souvent dues à des séquelles d’infections, parfois à des anomalies génétiques. Elles peuvent se développer dans le cadre d’auto-immunité, l’homme développant des anticorps contre ses propres spermatozoïdes.
Aujourd’hui, un tiers des problèmes de stérilité des couples sont en relation avec la pollution, notamment les pesticides qui perturbent le système hormonal. Utilisés dans les insecticides, les fongicides, les herbicides, on les retrouve dans notre alimentation, qu’elle soit animale ou végétale. Ils sont responsables en grande partie de la baisse de fécondité des hommes.
Troubles de l’éjaculation
Au cours du rapport sexuel, lors de l’éjaculation, le sperme, au lieu d’être déposé dans le cul-de-sac vaginal, peut partir dans la vessie (éjaculation rétrograde). Ceci est la conséquence d’affections neurologiques, de séquelles de chirurgie prostatique, etc.
Impuissance et éjaculation précoce constituent, bien entendu, des causes d’infertilité chez l’homme.
Dr. Martine Depondt-Gadet
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