Shankara et la Mère Divine

 Shankara, le grand maître de l’Advaïta-Védanta, voie de la non-dualité, expliqua tout au long de sa vie que la création et le monde de la pensée ne sont que mirage ; et que seul l’absolu existe, indépendamment de tout ce que l’on peut penser ou faire.


Shankara, le grand maître de l’Advaïta-Védanta, voie de la non-dualité, expliqua tout au long de sa vie que la création et le monde de la pensée ne sont que mirage ; et que seul l’absolu existe, indépendamment de tout ce que l’on peut penser ou faire.

Ceci ne l’a pas empêché d’établir le culte de la Mère Divine dans chaque monastère qu’il a fondé. Il commenta les Tantras, les Écritures en expliquant les cultes de Shakti. Il composa de nombreux hymnes d’adoration à la Mère Divine. Cela peut paraître surprenant, vu sa rigueur théologique, refusant toute personnalisation du divin.

L’histoire raconte que la Mère Divine voulut que Shankara comprenne que l’on ne peut pas ignorer l’Énergie Divine. C’est ainsi qu’un jour, à Bénarès, alors que Shankara se dirigeait vers le Gange pour prendre son bain, il trouva une vieille dame couchée en travers de la rue, bloquant sa route. La tradition hindoue interdit de sauter par-dessus une personne couchée. Il s’exclama : « S’il vous plaît, laissez-moi passer, écartez-vous de mon chemin. » Cette dame était très vieille ; elle répondit : « Ô mon enfant! Je suis très faible, je ne peux pas bouger. Si vous le voulez, mettez mes jambes de côté et vous pourrez passer.» Or Shankara était un moine : il ne pouvait toucher une femme. Mais il ne pouvait pas non plus attendre pour aller accomplir son rituel de bain. Alors, il essaya de déplacer les pieds de côté, sans succès. Les pieds étaient tellement lourds qu’il ne pouvait pas du tout les soulever. Il était très étonné car il était un homme fort et aussi un très grand Yogi aux pouvoirs puissants. À ce moment- là, la vieille dame lui dit : « Tu penses, Shankara, qu’il n’est pas nécessaire d’adorer l’Énergie Divine et tu l’ignores. Mais tu n’as pas d’énergie; tu veux soulever mes pieds et tu ne peux pas le faire! Te manque-t-il quelque chose?» Alors Shankara comprit et se prosterna immédiatement devant cette femme, en disant : « Mère ! Je vous demande pardon. » Par la suite, il écrivit plusieurs livres consacrés à l’adoration de la Mère Divine. «Ô Mère ! Dans le monde, il y a des enfants ignorants et méchants.

Mais la Mère ne peut être méchante avec Ses enfants. Si j’agis mal, si j’ai des défauts, excusez mes défauts, pardonnez-moi toutes les mauvaises actions que j’ai faites dans la vie. Aidez-moi à réaliser le Suprême ! »

C’est une légende, probablement, mais la portée de cette histoire est essentielle pour tout indien, car cela implique bien que la Mère Divine dépasse toutes les philosophies et théologies. Ainsi, la tradition est établie ; la Mère Divine est une réalité.

 

 Patrick Vigneau

 

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Sur les pas de la Mère diviine