La question des fratries et ses différentes déclinaisons est une thématique qui a été peu documentée par les chercheurs. Il faut donc être prudent avec les informations dont nous disposons, car elles peuvent être partielles et parfois contradictoires. Par exemple, on a davantage étudié la situation des adolescents. Est-ce que les observations faites auprès d’eux sont transposables aux plus jeunes ? On ne le sait pas vraiment. Quoi qu’il en soit, nous aborderons ici les particularités des relations de fratrie, de demi-fratrie et de quasi-fratrie et leurs impacts sur l’adaptation des enfants. Nous ferons aussi ressortir ce qui influence ces relations et les moyens qu’on peut mettre de l’avant, comme adultes, pour en favoriser l’harmonie.
On considère généralement que le fait de pouvoir compter sur une fratrie est un facteur de protection pour les enfants, et ce, particulièrement lorsque les relations entre les parents et les enfants sont harmonieuses. Frères et sœurs forment une équipe qui, malgré les querelles, peut se soutenir mutuellement et contribuer à l’adaptation générale des enfants. Ce soutien peut être particulièrement intéressant lorsque la famille vit des périodes de turbulence comme la séparation des parents ou la recomposition familiale.
Par ailleurs, un des enjeux classiques de la vie familiale pour les parents est d’arriver à accorder suffisamment de son temps et de ses ressources à chacun de ses enfants. Par exemple, une maman qui a développé un rituel du coucher avec sa fille de 3 ans n’aura peut-être d’autre choix que de le modifier lorsqu’une nouvelle petite sœur arrivera. Les journées continuent d’avoir 24 heures et les mamans, deux bras ! Un scénario semblable se produit au moment de la recomposition familiale. Les parents qui se consacraient à deux enfants, par exemple, doivent aussi s’investir auprès d’un nouveau partenaire, de ses enfants (s’il en a) et, peut-être, d’un nouveau-né puisque nous avons vu que plusieurs couples recomposés ont des enfants ensemble.
On note qu’il est plus difficile pour un adulte de partager son temps et ses ressources dans une famille recomposée complexe, notamment parce qu’elle compte plus de personnes et que des énergies parfois importantes doivent être consacrées à développer la relation avec des enfants qui ne sont pas les siens. Ce changement de disponibilité parentale pourrait expliquer pourquoi la présence d’une demi-fratrie ou d’une quasi-fratrie peut avoir un impact négatif sur le bien-être de l’enfant, sur ses comportements à l’école et sur ses résultats scolaires. On remarque aussi que les enfants issus de quasi-fratries et de fratries biologiques auraient des résultats scolaires plus faibles et des difficultés extériorisées plus grandes lorsque le parent et son nouveau conjoint ont un enfant ensemble. Ces résultats ne doivent cependant pas vous effrayer. Ils font ressortir que si l’établissement d’une famille recomposée entraîne de quatre à sept ans de rodage, selon certains auteurs, la présence d’une demi ou d’une quasi-fratrie est simplement un défi de plus dans la recherche d’un nouvel équilibre. Certaines observations tendent par ailleurs à montrer qu’une relation positive avec la fratrie serait significativement associée à moins de problèmes de comportement chez les enfants, d’où l’importance de faciliter le développement de relations de qualité entre eux.
Marie-Christine Saint-Jacques
et Claudine Parent
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