Du 04 Mai au 02 Juillet 2016
Exposition collective
Manuèle Bernardi - Joachim Biehler - Marco Cordero - Francesca Gagliardi
Frédéric Garnier - David Gouny - Alexia Tailleur
Marco Cordero.
A Monte, 2015,
Livres, verre soufflé, inscriptions murales. 10 x 25 x 15 cm.
« Qui ne dit mot consent » propose une approche transversale de la question de l’initiative par le langage. C’est une véritable conversation engagée par sept artistes qui invite le spectateur à réagir à son tour et à prendre part à « l’échange ».
Une phrase de Susan Sontag nous revient en mémoire : « The art of our
time is noisy with appeals for silence.”
Affronter le présent dans son actualité la plus radicale. Réagir aux contraintes et injustices qui nous entourent. Dire mot. Ne pas se taire.
L’impossibilité d’échapper au contexte d’expériences qui nous déterminent, et qui en même temps nous ouvrent un horizon d’attentes et de possibilités d’agir, nous oblige à renouveler constamment un certain engagement « vital » que le philosophe Ortega y Gasset définissait comme tel : « Je suis moi et ma circonstance, et si je ne la sauve pas, je ne me sauve pas moi-même. »
« Qui ne dit mot consent » propose une approche transversale de la question de l’initiative par le langage. La complexité de notre réalité politique et sociale exige un effort de réflexion permanent à l’égard de nos valeurs et de nos principes les plus fondamentaux. Si toute inaction peut être interprétée comme une forme d’action, dans la parole, le silence et le cri établissent le large éventail des possibilités offertes. Mais au delà du positionnement choisi, prendre la parole constitue déjà un acte de pouvoir.
Pour illustrer cet acte signifiant la galerie Géraldine Banier, invite un groupe d’artistes, dont le travail consiste à interroger le réel qu’il soit la source de l’inspiration ou de la contestation : les droits de l’homme, le système capitaliste, la bioéthique, les technosciences, toute forme de violence, la censure, l’éducation, la démocratie... Notre responsabilité en tant que spectateurs commencera par ce silence perplexe qui constate, observe et se mue parfois, secrètement, en indignation.
Ainsi, accompagnés de David Gouny, nous plongeons dans les apories du discours, en réclamant le silence à l’aide d’un mégaphone infecté d’un « fat virus ». Nous explorons la poésie visuelle de Manuèle Bernardi qui questionne nos responsabilités individuelles face à la bioéthique. Afin de nous émanciper des contraintes identitaires, Francesca Gagliardi invoque le pouvoir magique des mots pour en faire une sorte d’alchimie de la libération. Nous découvrons le regard accusateur d’Alexia Tailleur sur l’idéologie du progrès, un regard qui nous renvoie au symbole de l’ange de l’histoire de Walter Benjamin. Avec Marco Cordero, nous condamnons notre manque, voire notre oubli d’humanité envers les réfugiés et nous nous questionnons sur la gestion actuelle du problème migratoire. Les œuvres de Frédéric Garnier bouleversent notre approche éthico-politique à l’égard de notre imaginaire collectif et de ce qu’on laisse en héritage. Un héritage et une tradition dont les «noodle quotes » de Joachim Biehler s’emparent et déconstruisent pour y réfléchir autrement.
Le choix des œuvres qui composent l’exposition permet d’offrir différents angles de vue sur cette question de l’engagement à dire, à penser, à se positionner face à une actualité complexe. La diversité des formes et des discours engendre un véritable dialogue entre les œuvres qui se font échos, se confrontent ou se complètent. Le silence tactique côtoie la condamnation, l’ironie répond à la revendication. C’est une véritable conversation d’œuvres qui invite le spectateur à réagir à son tour et à prendre part à « l’échange ».
Une phrase de Susan Sontag nous revient en mémoire : «The art of our time is noisy with appeals for silence.» Une fois le silence gagné, une reconquête du dialogue s’impose.
Silence alors ! On veut prendre la parole, on ne peut plus se taire !