En 2014, l’activité économique mondiale a augmenté au même rythme qu’en 2013 (+ 3,4 %). Cette apparente stabilité masque des évolutions différentes. La situation économique s’est en effet nettement améliorée dans les pays développés, avec notamment un raffermissement de la croissance américaine, mais surtout la sortie de récession de la zone euro.
C’est particulièrement vrai en Espagne et en Allemagne, moins en France où la croissance reste atone (+ 0,2 % en 2014 après + 0,7 % en 2013). A contrario, même si elle reste supérieure à celle des pays développés, la croissance a ralenti dans les pays émergents et en développement.
Dans ce contexte, la demande mondiale de pétrole a augmenté mais de façon ralentie (+ 0,7 %, soit deux fois moins que les deux années précédentes). Elle est portée par les besoins des pays émergents, la demande des pays développés ayant fortement diminué. L’offre a au contraire bondi de 2,3 % par rapport à 2013, et est supérieure à la demande mondiale d’un million de barils par jour en 2014. Ce surplus a entraîné les cours internationaux à la baisse. Le prix du baril de Brent daté a reculé de près de 9 % par rapport à 2013, passant sous la barre symbolique des 100 dollars en moyenne sur l’année 2014. En Europe, les prix des autres énergies ont tous diminué en 2014. Ainsi, le prix de référence à Londres du gaz naturel a baissé de 23 %, après quatre années de hausse. Celui de l’électricité sur la principale place boursière européenne s’est replié de près de 20 %. Pour le charbon enfin, le marché mondial est également resté excédentaire, entraînant une baisse des prix de 8 % sur le principal marché spot européen.
Conséquence de ce repli des prix internationaux et européens, les prix à la consommation de l’énergie ont diminué en France (- 0,9 %), pour la première fois depuis la crise économique et financière de 2009. Dans le sillage des cours du pétrole brut et des prix des produits pétroliers raffinés, le prix des carburants a baissé de 4,1 % en 2014. Le prix du gaz se replie légèrement, pour la première fois depuis cinq ans ; en revanche, celui de l’électricité a continué à augmenter, de près de 6 % en 2014, une hausse à peine inférieure à celle de 2013. Au final, le prix de l’énergie utilisée pour le logement a crû de 2 %.
Ces évolution se sont répercutées sur le budget des Français. En 2014, la dépense courante annuelle moyenne énergiménage passe ainsi sous la barre des 3 000 euros, soit un reflux de plus de 7 % par rapport au pic de 2013. La baisse des prix se traduit par une diminution de la facture en carburants de 60 euros annuels. Les dépenses d’énergie dans le logement chutent quant à elles de près de 11 %, en raison de la douceur exceptionnelle des températures hivernales, qui ont jugulé l’impact négatif qu’aurait pu avoir la poursuite de la hausse des prix de l’électricité ; elles s’allègent ainsi de près de 180 euros en 2014.
L’année 2014 a en effet battu des records en matière de température dans le monde, et notamment en France. En moyenne sur le pays, la température a été supérieure de 1,5°C à celle de la période de référence (1981-2010) et à celle de 2013 ; 2014 devient ainsi l’année la plus chaude depuis 1900, devant 2011, le précédent record. Les températures ont été particulièrement douces pendant la saison de chauffe : de janvier à avril, puis en octobre et novembre, les températures moyennes ont été supérieures de 2 à 3°C aux normales saisonnières. Cette douceur exceptionnelle s’est concrètement traduite par des besoins de chauffage en baisse de 7 millions de tonnes équivalent pétrole (Mtep) par rapport à une année moyenne de la période de référence – soit 10 Mtep de moins qu’en 2013 dont l’hiver avait été rigoureux.
Le déficit des échanges physiques d’énergie s’en est trouvé réduit d’autant, à moins de 114 Mtep, son niveau le plus bas depuis 1988. En particulier, les importations se sont nettement contractées, passant sous la barre des 150 Mtep pour la première fois depuis 1995. Les imports ont diminué dans des proportions proches pour presque tous les produits énergétiques hormis les produits pétroliers raffinés. Baisse des cours internationaux et moindres importations physiques se sont conjuguées pour alléger la facture énergétique de la France. En 2014, le solde des échanges extérieurs de produits énergétiques recule de 17 % par rapport à 2013 et s’établit à un peu moins de 55 milliards d’euros (Md€). La chute de la facture gazière (environ 10 Md€ en 2014) est particulièrement spectaculaire : - 27 %. La facture charbonnière diminue quant à elle de plus d’un quart, à 1,4 Md€. Enfin le déficit du commerce extérieur de produits pétroliers, à 45 Md€, baisse de près de 13 %, notamment du fait du pétrole brut. Les exportations d’électricité, en hausse de 19 % par rapport à 2013, ont aussi contribué à la réduction du déficit.
Si ce dernier s’est atténué, c’est parce que les besoins énergétiques de la France ont fortement diminué en 2014. La consommation d’énergie primaire réelle passe sous la barre symbolique des 250 Mtep, un plancher qu’elle n’avait pas franchi depuis 1995, diminuant de 10 Mtep par rapport à 2013. Cette nette baisse (près de – 4 % en un an) s’explique bien sûr en grande partie par les températures. Néanmoins, même en corrigeant l’effet de ces variations climatiques, la consommation d’énergie primaire poursuit sur une tendance de fond à la diminution qui semble avoir débuté en 2005, et n’a été perturbée que par la chute due à la crise économique et financière mondiale de 2008 et le rebond qui a suivi. En une dizaine d’années, la consommation d’énergie primaire corrigée des variations climatiquel est ainsi passée de 275 Mtep, son maximum, à 257 Mtep, soit - 2 Mtep par an. Et ce malgré le redressement d la consommation finale non énergétique (+ 4 %, à 14 Mtep), qui retrouve ainsi le niveau post-crise de 2009.
En effet, la consommation finale énergétique a baissé d’un Mtep par rapport à 2013, et atteint 150 Mtep, en données corrigées des variations climatiques. Il faut remonter à 1996 pour trouver un niveau aussi bas. L’essentiel de la baisse est imputable au secteur résidentiel : à moins de 46 Mtep, sa consommation finale diminue de 1,2 %. Elle s’effrite également dans l’industrie et le tertiaire (respectivement 29 et 22 Mtep), sensiblement au même rythme. A contrario, elle réaugmente très légèrement dans les transports, premier secteur consommateur, à 49 Mtep.
Avec 139 Mtep, la production nationale d’énergie primaire augmente d’un peu plus d’un Mt par rapport à 2013 et établit un nouveau record.En effet les centrales nucléaires ont produit 3 Mtep d’électricité en plus. Avec un peu moins de 114 Mtep en 2014 elles restent néanmoins assez loin de leur record absolu de 118 Mtep en 2005. A contrario, la production d’électricité renouvelable s’est contractée de plus de 6 %. La belle progression des filières éolienne et photovoltaïque n’a pas compensé le repli de la production hydraulique (environ - 11 %) dû aux conditions climatiques. La production d’énergie primaire provenant des énergies renouvelables thermiques et de la valorisation des déchets diminue de plus d’un Mtep, à 16,3 Mtep. L’essentiel de la baisse provient de la moindre production de bois-énergie, principale filière renouvelable thermique en France, qui passerait de près de 10 Mtep à 8,7 Mtep entre 2013 et 2014, à cause de l’hiver doux.
Production d’énergie primaire en hausse de près d’un point, consommation réelle en baisse de prè d quatre points : ces deux évolutions concourent à la nette hausse du taux d’indépendance énergétique, qui bondit entre 2013 et 2014 de 53,1 % à 55,8 %. L’intensité énergétique finale diminue de 0,8 % en 2014, aprè correction des variations climatiques. Or depuis 2004, elle baisse chaque année en moyenne de - 1,4 %. Il faut remonter à 2009, année de crise économique, pour observer un recul de l’intensité énergétique encore plus modeste. D’une part la consommation finale d’énergie n’a que très peu diminué (- 0,3 %), et d’autre part le produit intérieur brut (PIB) a stagné (+ 0,2 %). Selon le calcul partiel et provisoir du SOeS, les émissions de CO2 liée à la combustion d’énergie chutent de 9,4 en 2014 en données réelles. L’ampleur de cette baisse s’explique principalement par les températures qui ont entraîné une demande moindre d’énergie, notamment fossile. Après avoir longtemp plafonné, le émissions, corrigées des variation climatiques, diminuent désormais nettement : elles ont reculé de 2,4 % par an en moyenne depuis 2007. Ainsi, en 2014, leur niveau est inférieur de 15,6 % à celui de 1990. ,
Commissariat général au développement durable
Service de l’observation et des statistiques
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