Le crowdfunding : mutation ou mirage pour l’entrepreneuriat ?


 
Une étude réalisée par l’Observatoire Alptis de la protection sociale
avec une approche critique, constructive et prospective





Depuis 1996, l’Observatoire Alptis de la protection sociale décrypte, suit et analyse les tendances des acteurs économiques français, travailleurs indépendants et entrepreneurs.

C’est pour remédier au manque d’informations et de chiffres indépendants sur le crowdfunding, nouveau mode de financement participatif, qu’il a confié à Jérémy Vachet, jeune chercheur associé ANR-CNRS, la réalisation d’une étude, avec l’éclairage d’Arnaud Poissonnier, fondateur en 2008 du premier site internet européen de microcrédit solidaire Babyloan.org.

L’étude « Le crowdfunding : mutation ou mirage pour l’entrepreneuriat » propose ainsi une approche critique, constructive et prospective, et s’attache à expliquer aussi bien les avantages que les limites de ce mode de financement en plein essor.
 
 
Un mode de financement en expansion
Le terme de « crowdfunding », apparu en 2006, s’inscrit dans des logiques plus anciennes. Egalement appelé financement participatif, il consiste à mettre en lien un porteur de projet ayant des besoins de financement et un public souhaitant participer à un projet par l'intermédiaire de plateformes.
Il n’existe pas de statistiques officielles sur le crowdfunding, mais les chiffres du cabinet d’experts Massolution indiquent une progression exponentielle de ce mode de financement.
Au sein des diverses formes du crowdfunding, c’est le prêt aux entreprises qui enregistre le bond le plus spectaculaire, avec des fonds en progression de 41,3 % entre 2012 et 2013, pour un volume atteignant 6,7 milliards de dollars en 2014.
 
Chiffres clés sur les fonds récoltés sur les plateformes dans le monde :
En 2011 : 5 milliards de dollars …. et en 2015 : 34,4 milliards de dollars
 
Des avantages mais aussi des limites…
Les avantages du crowdfunding sont nombreux et largement mis en avant par ses acteurs : de fait, par sa simplicité, il agit comme un outil désinhibiteur de création d’entreprise, en permettant à des porteurs de projet de lever de l’argent, dans un contexte où les banques prêtent de moins en moins aux micro-entrepreneurs et aux travailleurs indépendants.
Grâce à cette première levée de fonds, certains entrepreneurs réussissent ensuite à emprunter auprès d’une banque ou d’un fonds d’investissement.
Pour autant, dans le crowdfunding, en particulier de don-reward, le porteur de projet lève de l’argent au sein de ses réseaux : c’est le concept du « love money ».
 
Si la levée de fonds s’en trouve facilitée, les questions d’ordre éthique, économique et social soulevées ne doivent pas être édulcorées. De même, la forte importance de la communication, dans les campagnes, est également soulignée par certains détracteurs.
 
L’étude souligne par ailleurs d’autres facteurs inhérents au crowdfunding, notamment l’idée d’« empowerment », autrement dit de prise de pouvoir des individus par l’activité, qui apparaît comme une sorte d’injonction à l’action, à l’épanouissement au travail. Ces facteurs reprennent certains mythes relatifs à l’entrepreneur brillant, plein d’énergie, qui réussit. Une vision plus modérée est cependant nécessaire car les porteurs de projet sont souvent confrontés à l’échec et ne se reconnaissent pas dans l’image véhiculée par le crowdfunding.
 
Enfin, en matière de crowdfunding culturel et pour les projets innovants, le contrôle exercé par les plateformes est insuffisant. Elles agissent de manière neutre et les risques sont peu expliqués. Elles n’exercent en outre aucune surveillance sur les projets a posteriori, ce qui peut s’avérer problématique pour les investisseurs comme pour les porteurs de projet…
 
Liens avec le financement traditionnel
Les banques et la finance traditionnelle considèrent de plus en plus le crowdfunding comme faisant partie d’un nouveau modèle à intégrer. La compréhension mutuelle entre ces deux mondes, au départ hostiles, est désormais de mise, les banques comprenant que les outils de crowdfunding peuvent être complémentaires de leur approche.

Cette complémentarité est de plus en plus évidente et beaucoup de banques sont proches de plateformes : la Banque Postale est actionnaire de KissKissBankBank, BNP Paribas est partenaire d’Ulule… Les acteurs traditionnels de la banque et de la finance sont désormais nombreux à envisager de créer leur propre site de crowdfunding ou à se rapprocher d’initiatives existantes.

Les discours développés par les porteurs de plateformes parlent du financement participatif comme d’une forme de contre-culture, faisant appel au mythe de la nouvelle entreprise, de l’économie sociale et solidaire. Or, le crowdfunding correspond en fait à des logiques du capitalisme contemporain : être entrepreneur de soi, se développer, se transformer en potentiel agent économique.

 

Etude complète à télécharger ici >>