Les 7 émotions en médecine chinoise

Les 7 émotions en médecine chinoise

Parce qu’elle unit le corps, l’esprit et l’énergie, la médecine chinoise attache une importance centrale à la sphère affective. Elle considère que les 7 émotions en médecine chinoise — appelées aussi « sept sentiments » — influencent directement le bon fonctionnement des organes. Les réponses émotionnelles que la tradition désigne sous les noms de Nu, Xin, You, Si, Bei, Kong et Jing, autrement dit la colère, la joie, les soucis, la réflexion, la tristesse, la peur et la frayeur, façonnent notre santé au quotidien. Comprendre ce dialogue subtil ouvre la voie à une harmonie profonde, accessible à chacun.

Fondements énergétiques des sept sentiments

Dans l’approche taoïste, chaque émotion naît d’un mouvement particulier du qi, cette force vitale qui circule dans les méridiens. Lorsqu’elle demeure fluide, l’énergie nourrit les organes et soutient la conscience ; lorsqu’elle se bloque, elle crée des déséquilibres. L’observation attentive de ces manifestations intérieures n’a rien de théorique : il s’agit d’un art pratique, invitant à ressentir d’où émerge le sentiment et vers quel organe il se dirige. Reconnaître ce flux permet déjà de dissiper la stagnation, comme on ouvrirait une fenêtre pour laisser entrer l’air frais.

Nu La colère et la circulation du qi

Nu surgit quand le foie, organe de la libre circulation, se trouve contrarié. Un excès d’irritation pousse l’énergie à monter, engendrant tensions dans la poitrine ou bouffées de chaleur. Pourtant, la colère renferme aussi une puissance créatrice : bien canalisée, elle devient détermination. Les maîtres recommandent la respiration profonde, le mouvement doux du tronc et la marche rapide, afin d’inviter le qi à redescendre et à irriguer harmonieusement tout le corps.

Xin La joie et l’expansion du cœur

Xin appartient au cœur, palais de la conscience spirituelle. Lorsque la joie rayonne, le teint s’éclaire, la parole devient chaleureuse, la pensée se fait claire. La médecine chinoise veille cependant à préserver la modération : une euphorie trop vive éparpille l’esprit et fatigue l’énergie yang du cœur. Cultiver un contentement stable — par l’entraide, la musique douce, la gratitude — entretient la flamme intérieure sans la consumer.

You Les soucis et la rate en question

You s’insinue lorsque la rate, garante de la transformation des aliments en énergie, se trouve surmenée. Ruminer, ressasser, disséquer chaque détail finit par serrer le plexus solaire et alourdir les membres. Pour alléger ces préoccupations, il s’avère précieux de savourer ses repas sans distraction, de pratiquer des auto-massages circulaires autour du nombril et de s’autoriser régulièrement des pauses contemplatives. Alors la rate retrouve sa douceur et le mental sa limpidité.

Si La réflexion comme miroir de la sagesse

Si, liée également à la rate, désigne la pensée profonde, l’étude, la méditation. Dans son aspect lumineux, elle aiguise l’intellect et nourrit la mémoire. Mais poussée à l’excès, elle fige le qi et vide la vitalité. Maintenir une posture stable, intercaler des respirations lentes entre deux périodes de concentration et varier les activités physiques offrent à la réflexion le rythme qui la rend fertile sans jamais lasser l’organisme.

Bei La tristesse et le souffle du poumon

Bei émane des poumons, grands alchimistes de l’air. Quand la tristesse perdure, la cage thoracique se resserre et le souffle raccourcit, comme si le monde extérieur ne pouvait plus entrer. Honorer la perte, laisser couler les larmes, puis ouvrir les bras à l’inspiration profonde libèrent l’espace intérieur. Les promenades matinales, où l’on accueille l’air frais, invitent le poumon à reprendre son amplitude et à redonner élan et clarté.

Kong La peur et la racine des reins

Kong loge dans les reins, réservoirs du jing, cette essence qui soutient croissance et longévité. La peur excessive sape la volonté, tremble jusqu’aux os et draine la chaleur vitale. Pour rassurer les reins, la tradition suggère de maintenir les lombes au chaud, de masser doucement la zone sous l’ombilic et d’ancrer les pieds dans le sol à l’aide de postures comme l’arbre immobile. Ainsi, on transforme la frayeur en vigilance tranquille.

Jing La frayeur, messagère du cœur

Jing surgit brutalement, secouant le cœur et dispersant l’esprit. Une surprise brutale peut faire battre le cœur à vive allure, laissant place à une instabilité émotionnelle. Ralentir le rythme, poser les paumes sur la poitrine, sentir à nouveau la régularité du battement, permet de remettre l’esprit en son centre. Les pratiques de cohérence cardiaque et les visualisations apaisantes deviennent alors de précieux alliés.

Alchimie émotionnelle et santé globale

Parce que les émotions influencent les organes et que les organes modèlent en retour les affects, la médecine chinoise offre une grille de lecture circulaire, non linéaire. Elle ne cherche pas à bannir les sentiments mais à les faire danser dans une ronde équilibrée. Par le qi gong, l’acupuncture, la diététique saisonnière et la conscience respiratoire, chacun peut affiner cette alchimie intime, transformant chaque émotion en ressource pour grandir et mieux rayonner.

 

Découvrir les 7 émotions en médecine chinoise revient à explorer une carte précieuse où chaque sentiment signale un sentier vers la guérison intérieure. Nu, Xin, You, Si, Bei, Kong et Jing ne sont plus de simples réactions ; ils deviennent des guides, révélant la richesse d’un univers énergétique prêt à s’harmoniser. Lorsque l’on écoute ces messagers avec bienveillance, le corps retrouve son axe, l’esprit respire plus large et la vie s’épanouit dans une symphonie de vitalité et de paix.