Avis d’expert :
Proposition de décryptage de Emeric Lebreton, docteur en psychologie et cofondateur d’Orientaction
Alors qu’Emmanuel Macron évoquait récemment le réarmement démographique, que les économistes s’inquiètent de la baisse de la natalité, que le lien entre démographie et immigration est constamment remis sur le devant de la scène politique, Emeric Lebreton s’est penché sur la dimension psychologique de cette inflection. Aujourd’hui, les couples qui souhaitent avoir des enfants sont confrontés à différents défis, questionnements et incertitudes :
. pérennité du couple (quand un couple sur deux divorce en France)
. effets de la parentalité sur la carrière
. capacité à gérer les soins et l’éducation de jeunes enfants dans un monde où les injonctions d’être un parent parfait sont nombreuses et où les structures de soutien familial se sont défaites,
. quel avenir pour leurs enfants ? Des angoisses multiples (l’écologie, les conflits internationaux, les questions existentielles sur le sens de la vie…) ancrent le doute.
Au cours des dernières décennies, la France, comme de nombreux autres pays développés, a connu une baisse significative de son taux de natalité. Dans l'hexagone, la natalité a chuté de 6,6 % entre 2022 et 2023. Selon l’Insee, 678 000 bébés sont nés en France en 2023. Ce chiffre n’a jamais été aussi bas depuis la deuxième guerre mondiale. En cause, plusieurs facteurs contribuent à cette tendance.
. Le changement climatique
Ou encore l’éco-anxiété, la peur des Français en âge de procréer ne souhaitant pas avoir d'enfants par peur de “nuire au climat”. Une étude Ifop réalisée en 2022 montre que 45% des jeunes Français souffrent d’éco-anxiété et 71% âgés de 15 à 17 ans ont peur face à l’avenir.
. Évènements géopolitiques et économiques
La mondialisation et les crises économiques successives ont eu un impact considérable sur la démographie française. Les périodes de récession, comme celles suivant la crise financière de 2008, ont souvent un effet direct sur les taux de natalité. L'incertitude économique pousse les gens à reporter la parentalité, un phénomène observé dans de nombreux pays.
. Évolutions sociétales
Les changements dans la structure sociale et les valeurs ont également joué un rôle. L'accroissement de l'éducation et de l'emploi des femmes a entraîné un report de l'âge du premier enfant. De plus, la reconnaissance croissante de divers modèles familiaux, y compris les familles monoparentales et les couples sans enfants, a élargi les choix de vie.
. Politique familiale
Bien que la France soit reconnue pour sa politique familiale généreuse, y compris les allocations et les services de garde d'enfants, ces mesures pourraient ne plus être aussi efficaces dans le contexte actuel. Les jeunes générations pourraient percevoir que les avantages ne compensent pas les coûts et les défis à affronter pour élever des enfants.
. Évolutions des mœurs
La société française a également connu une évolution des mœurs. La contraception, plus accessible et socialement acceptée, permet aux individus de planifier davantage leur parentalité. De plus, il y a une quête croissante de liberté personnelle et de réalisation de soi, qui peut parfois entrer en conflit avec les responsabilités parentales.
“Peut-être qu’avoir un enfant aujourd’hui revient à rendre la situation des couples plus précaire et plus fragile. Cela représente donc une prise de risque qu’ils peuvent être tentés de repousser ou de reporter.” avance prudemment Emeric Lebreton.
Dans le cadre de vos sujets à venir, Emeric Lebreton reste à votre disposition pour répondre à toutes vos questions :