Paris, le 29 mai 2019 - Déclaration commune :Trois millions de civils dans le nord-ouest de la Syrie ont peur et beaucoup sont sans abri. En l'absence de mesures concrètes allant au-delà des déclarations et des promesses politiques, la Syrie et le monde pourraient bientôt assister à la « pire tragédie humanitaire du XXIe siècle ». Les secouristes et le personnel médical sur le terrain avertissent : ils n'ont pas été témoins d'attaques aussi violentes depuis huit ans à Idleb. Si le conflit continue de s’intensifier, 700 000 personnes pourraient être déplacées de leur foyer.
Selon les Nations Unies, plus de 200 000 personnes ont été contraintes de fuir les bombardements continus sur les villes dans le sud d’Idleb et le nord de Hama et n’ont guère d’options pour se mettre en sécurité (400 000 selon nos équipes sur le terrain à ce jour). Jusqu'à 80 000 personnes qui ont fui, dorment à présent dans la rue sans abri, et beaucoup d'autres sont entassées dans des maisons surpeuplées. Depuis le début de l'escalade de la violence à la fin du mois d'avril, les Nations Unies ont confirmé que 3 sites de déplacés internes ont été touchés et 17 écoles endommagées ou détruites. Les Nations Unies ont recensé 23 attaques sur 21 installations médicales, dont certaines ont été frappées deux fois. 49 ont dû suspendre leurs opérations en raison d'attaques ou d'insécurité. Certains des établissements de santé qui ont été attaqués figuraient sur la liste établie dans le cadre du mécanisme de « déconfliction », qui a été fournie au Bureau de la coordination des affaires humanitaires des Nations Unies (OCHA).
« Les attaques contre les hôpitaux, y compris les maternités, ont laissé des milliers de personnes sans soins médicaux à Alep et à la Ghouta Est », a déclaré le Dr Ahmad Tarakji, président de l'association SAMS. « L'année dernière, notre personnel médical sur le terrain a accepté de partager les coordonnées des hôpitaux dans le cadre du mécanisme appelé "de-confliction mechanism" des Nations Unies : les Nations Unies ont donc la responsabilité de protéger ces hôpitaux et de présenter un plan concret pour dissuader de telles attaques. Le peuple syrien a le droit de savoir qui attaque et détruit ses hôpitaux. »
La moitié des trois millions de personnes vivant à Idleb sont déjà déplacées internes et ont été victimes de cette violence maintes et maintes fois au cours de ce conflit. Le souvenir d'Alep, de la Ghouta Est et de Deraa est encore présent dans leurs mémoires. Ils craignent que la dernière offensive ne soit qu'un indicateur de l'assaut à venir.
« La moitié de la population syrienne a déjà été déplacée au cours des huit dernières années de guerre, mais le pire pourrait encore se produire », a déclaré Arnaud Quemin, directeur de la branche Syrie de l'association Mercy Corps. « Des communautés entières ont été forcées de fuir et ont cherché refuge à Idleb. Les trois millions de personnes qui y vivent à présent, dont la moitié sont déplacées internes, craignent maintenant de ne plus avoir nulle part où aller si la guerre arrive jusqu'à leur porte. »
Rien ne justifie les attaques en cours contre des civils et des infrastructures civiles. Les parties au conflit ont l'obligation légale de protéger les civils et de les préserver des combats. D'éviter les attaques des écoles, des hôpitaux et des maisons. Il est clair que ces règles sont violées dans le nord-ouest de la Syrie aujourd'hui. En réponse à la récente et alarmante escalade militaire, nous, les organisations humanitaires, de solidarité et de défense des droits de l'homme, syriennes et internationales, exhortons toutes les parties à agir rapidement pour assurer la protection des civils dans le nord-ouest de la Syrie et le respect du droit international humanitaire.
Les membres du Conseil de sécurité des Nations Unies ont pour mandat d'assurer la protection des civils et de maintenir la paix et la sécurité internationale. Ils ne peuvent plus se cacher et laisser le pire de nouveau se passer à Idleb. Ils doivent exercer toutes les pressions possibles sur les parties belligérantes pour mettre fin aux hostilités, mettre fin aux attaques systématiques contre les infrastructures civiles et assurer la sécurité transfrontalière. Enfin, ils doivent faciliter l'accès humanitaire, pour permettre aux agences humanitaires d'atteindre toutes les communautés dans le besoin, conformément à la résolution 2393 du Conseil de sécurité des Nations Unies.
Nous appelons également les membres du Conseil à travailler avec la Turquie et la Russie pour respecter leurs engagements vis-à-vis de l'accord dit de zone démilitarisée signé par les deux parties en septembre 2018 et mettre en œuvre un cessez-le-feu immédiat dans l'ensemble du nord-ouest de la Syrie.
Les membres du Conseil de sécurité doivent soutenir l'envoyé spécial du Secrétaire général pour la Syrie, Geir Pedersen, dans le but d'engager les parties à négocier un règlement pacifique de la situation en matière de sécurité à Idleb. Cela afin d'éviter toute nouvelle effusion de sang et d'inciter toutes les parties à revenir à la table des négociations pour un règlement politique du conflit.
Nous exhortons également les dirigeants du Sommet d'Istanbul, la France, l'Allemagne, la Russie et la Turquie, à respecter leur engagement de maintenir le cessez-le-feu à Idleb.
Signataires :
- 11.11.11
- Adopt a Revolution
- Baytna Syria
- Big Heart Foundation
- Binaa for Development
- Bridge of Peace
- Christian Aid
- CCFD-Terre Solidaire
- Council for Arab British Understanding
- Dawlaty
- Ghiras Al-Nahda
- Global Centre for the Responsibility to Protect (GCR2P)
- Hand In Hand for Aid & Development (HIHFAD)
- Ihsan for Relief and Development (IRD)
- International Federation for Human Rights (FIDH)
- International Rescue Committee (IRC)
- Islamic Relief UK
- Just Foreign Policy
- Kesh Malek
- Massrat
- Mercy Corps
- Montreal Institute for Genocide and Human Rights Studies
- Orange Organization
- PAX
- Physicians Across Continents (PAC)
- Rahma Relief Foundation
- Relief & Reconciliation for Syria
- Shafak
- Shaml Coalition
- Social Development International (SDI)
- STAND
- Syria Relief and Development (SRD)
- Syria Relief (SR)
- Syrian American Council
- Syrian American Medical Society (SAMS)
- Syrian Center for Media and Freedom of Expression (SCM)
- Syrian Expatriate Medical Association (SEMA)
- Syrian NGO Alliance (SNA)
- Takaful Al Sham Charity Organization
- The Syria Campaign
- Union des Organisations de Secours et Soins Médicaux (UOSSM)
- Violet Organization
- Vision GRAM International
- World Vision International
Face à cette situation, l'UOSSM se mobilise en mettant en place dès que possible 5 cliniques mobiles. Nous lançons une campagne d'urgence pour soutenir ses cliniques mobiles : soutenirnoscliniquesmobiles.fr Le don par SMS est aussi disponible en envoyant DON au 92011 pour donner 5 euros.