LE MONDE DES ODEURS AU MICROSCOPE

Les odeurs ont été récemment classées par grandes familles, exactement comme les saveurs salées, sucrées, acides, etc. Le monde olfactif est cependant très particulier. Il est impossible de le classifier comme on le fait par exemple avec le monde des couleurs, car s’il existe bel et bien des molécules odorantes, « l’odeur », elle, résulte d’une construction mentale. « Votre » odeur de beignet ou de crème solaire n’est pas la même que la mienne.
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Les odeurs ont été récemment classées par grandes familles, exactement comme les saveurs salées, sucrées, acides, etc. Le monde olfactif est cependant très particulier. Il est impossible de le classifier comme on le fait par exemple avec le monde des couleurs, car s’il existe bel et bien des molécules odorantes, « l’odeur », elle, résulte d’une construction mentale. « Votre » odeur de beignet ou de crème solaire n’est pas la même que la mienne.

Nous construisons nos odeurs référentes en fonction :
1. des molécules odorantes (support) ;
2. de notre humeur du moment ;
3. des molécules odorantes annexes liées à l’environnement (plage, restaurant, autres personnes, météo...) et d’une multitude d’autres facteurs encore.

Au final, le langage des odeurs nous parle très fortement, mais de façon subjective. Ce sont les fameuses madeleines de Proust, qui évoquent tout un univers (intérieur) chez l’écrivain, mais... rien du tout pour un étranger qui n’aurait jamais mangé de madeleine durant sa tendre enfance.
Pour couronner le tout, 30 % des gènes liés à l’olfaction et installés directe- ment dans nos récepteurs (parois nasales) sont très différents d’une personne à l’autre. Traduction : l’odeur de lessive ou de croissant au beurre qui vous parvient est décryptée par votre nez (et votre cerveau) différemment de votre meilleur ami, qui se trouve pourtant exactement au même endroit que vous.

N’empêche, pour essayer de parler un langage commun, des scientifiques ont essayé d’organiser tout cela. Étant entendu que cette classification est tout à fait théorique, ils ont réussi à classifier les odeurs primaires (comme les couleurs primaires) grâce à un logiciel mathématique. Chaque odeur primaire est constituée de molécules odorantes parfaitement identifiées. On ne saurait rapprocher deux univers plus éloignés l’un de l’autre... et pour- tant, ce socle commun semble séduisant. Ce qui est passionnant, c’est que la nature, facétieuse, a placé des molécules odorantes communes dans des supports très divers. C’est pourquoi certaines plantes aromatiques (huiles essentielles) rappellent certains aliments. Ou, même, certaines huiles essentielles rappellent... d’autres huiles essentielles, qui possèdent des molécules odorantes communes. Par exemple le géraniol est une molécule odorante présente dans le géranium et dans la rose, pas étonnant donc que ces deux fleurs soient « cousines de parfum ».

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TYPE D’ODEUR
EXEMPLES DE MOLÉCULES
1 Écœurant (ail et oignon)
Gaïacol, zingérone, chlorothymol

2 Doux
Gamma-nonalactone, gamma-valérolactone, furaldéhyde

3 Mentholé
Menthol, anéthol, eucalyptol, eugénol

4 Écœurant (putride)
Acide butyrique, propyle butyrate, acide phénylacétique

5 Boisé
Isopropyl quinolone, argéol, butylquinoline

6 Fragrance
Aurantiol, diéthoxyméthane

7 Fruité
Éthyl propionate, éthyl butyrate, allylcaproate

8 Chimique
Anisole, 4 créosol, iodoforme

9 Pop-corn
Pyrazine, heptanal, vanilline

10 Citron
Limonène, linalol, adoxal, heptanol

Conclusion : ce n’est pas parce que les odeurs font appel à des événements et ressentis personnels parfois profondément enfouis en nous qu’elles ne répondent pas, aussi, à une classification scientifique.

 

 

Danièle Festy


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