Premier cas d’encéphalite japonaise en Afrique

Des chercheurs des Institut Pasteur de Paris et de Dakar ont, de manière surprenante, mis en évidence chez un patient en Angola une co-infection par le virus de l'encéphalite japonaise et de la fièvre jaune. Cette détection pose la question du risque de circulation en Afrique de l'encéphalite japonaise, circulant jusqu'alors uniquement en Asie. Ces travaux seront publiés le 13 avril 2017 dans la revue The New England Journal of Medicine.
Photo : virus de la fièvre jaune (souche vaccinale 17D) dans des cellules humaines © Institut Pasteur

 

Des chercheurs des Institut Pasteur de Paris et de Dakar ont, de manière surprenante, mis en évidence chez un patient en Angola une co-infection par le virus de l'encéphalite japonaise et de la fièvre jaune. Cette détection pose la question du risque de circulation en Afrique de l'encéphalite japonaise, circulant jusqu'alors uniquement en Asie. Ces travaux seront publiés le 13 avril 2017 dans la revue The New England Journal of Medicine.


Alors qu’ils menaient des recherches génétiques sur le virus responsable de l’épidémie de fièvre jaune ayant frappé en 2016 l’Angola et la République démocratique du Congo – 965 cas confirmés et des milliers de cas suspects dans les deux pays –, des chercheurs de l’Institut Pasteur de Paris, de l’Institut Pasteur de Dakar, et leurs collègues en Angola et à l’OMS ont identifié parmi les cas angolais, un patient présentant une co-infection par le virus de la fièvre jaune et de l’encéphalite japonaise. Celui-ci n’avait pas voyagé hors d’Angola.
Cette observation, rendue possible par le recours à des techniques de séquençage de nouvelle génération non ciblées, a surpris les scientifiques. Transmises par des moustiques différents, la fièvre jaune et l'encéphalite japonaise sont dues à deux virus de la famille des Flaviviridae (qui inclut également, entre autres, les virus de la dengue et Zika). Les zones de circulation de ces deux virus ne se chevauchent pas : alors que le virus de la fièvre jaune (YFV pour Yellow fever virus) est trouvé uniquement dans des régions tropicales d'Afrique et d'Amérique du Sud, le virus de l'encéphalite japonaise (JEV) était quant à lui, jusqu’à présent, seulement rencontré en Asie. La détection de cette coïnfection entre JEV et YFV pose ainsi la question du risque d'introduction et de circulation de JEV en Afrique.


Répartition géographique des zones de risque pour la fièvre jaune (en jaune) et l’encéphalite japonaise (en bleu). Source : OMS.
© Institut Pasteur

Le virus de l’encéphalite japonaise peut, dans de rares cas, entrainer une encéphalite virale, potentiellement fatale, ou pouvant laisser de graves séquelles aux survivants.
Les formes sévères de fièvre jaune sont, elles, associées à des symptômes hémorragiques



Si cette infection autochtone par JEV pourrait s’avérer être un cas isolé, la présence en Angola de moustiques vecteurs capables de transmettre le virus, ainsi que d'hôtes animaux, comme des porcs ou des oiseaux aquatiques, pourrait cependant lui permettre de circuler plus durablement.
Ces travaux soulignent l’importance d’études de surveillance sérologique, afin d'estimer quelle proportion de la population angolaise a été exposée au virus JEV. Ceci permettra d’évaluer la nécessité de mesures de lutte contre la maladie, et notamment, si nécessaire, l’organisation de campagnes de vaccination contre l’encéphalite japonaise, un vaccin efficace étant disponible.
L'augmentation actuelle des échanges de populations à l’échelle mondiale, entre l'Asie et l'Afrique par exemple, a déjà été associée à la diffusion de maladies infectieuses. Les illustrations les plus récentes sont des cas importés de fièvre jaune ou de fièvre de la vallée du Rift en Chine.
Ce travail souligne l’utilité de techniques de séquençage haut débit non ciblées pour la surveillance de pathogènes, un effort technologique que l’Institut Pasteur et le Réseau international des Instituts Pasteur embrassent.




* Autochthonous Japanese Encephalitis with Yellow Fever Coinfection in Africa, The New England Journal of Medicine, 13 avril 2017.

Etienne Simon-Loriere, Ph.D. (Institut Pasteur, Paris, France)
Ousmane Faye, Ph.D. (Institut Pasteur de Dakar, Dakar, Senegal)
Matthieu Prot, B.Sc., Isabelle Casademont, M.Sc. (Institut Pasteur, Paris, France)
Gamou Fall, Ph.D., Maria D. Fernandez-Garcia, Ph.D., Moussa M. Diagne, M.Sc.(Institut Pasteur de Dakar, Dakar, Senegal)
Jean-Marie Kipela, M.P.H., World Health Organization, Luanda, Angola
Ibrahima S. Fall, M.D., Ph.D., World Health Organization, Bamako, Mali
Edward C. Holmes, Ph.D., University of Sydney, Sydney, NSW, Australia
Anavaj Sakuntabhai, M.D., Ph.D., Institut Pasteur, Paris, France
Amadou A. Sall, Ph.D., Institut Pasteur de Dakar, Dakar, Senegal