Digitopuncture : les systèmes de projections miroir et images


Il existe une autre façon de pratiquer la digitopuncture, qui se base sur le principe de la réflexologie. Le corps est le reflet de l’univers, le macrocosme et le microcosme. On peut travailler sur tout le corps par des systèmes de réflexion. Chaque partie du corps se retrouve dans chaque zone. C’est le principe fondateur de la réflexologie plantaire, mais aussi de l’auriculothérapie.

En acupuncture ou en digitopuncture, il existe donc plusieurs stratégies. Par exemple, si vous souffrez d’une sciatique, le praticien peut choisir quelques points sur l’oreille, le cuir chevelu, les mains, les pieds, le poignet ou la cheville. Il peut aussi pratiquer une acupuncture exclusivement abdominale, se basant sur le concept prouvé que tout le corps est concentré sur l’abdomen. Certains acupuncteurs agissent, eux, exclusivement sur le cuir chevelu : c’est la craniopuncture, qui présente de très bons résultats dans le cas des hémiplégies ou des maladies neurologiques. D’autres encore se concentrent sur le visage, comme la méthode du Dien Chan (voir p. 181). Il y a autant de styles d’acupuncture que de praticiens. Ce qui compte finalement, c’est le résultat.

Dans cet ouvrage, je vous fais découvrir le style que j’applique au quotidien. Il est tiré de plus de vingt années de travail (études des textes classiques chinois et traitements sur des milliers de patients) effectuées par le docteur Richard Teh-Fu Tan, le créateur de la Méthode d’Équilibre acupuncturale. Ce maître authentique en médecine traditionnelle chinoise a dispensé inlassablement sa sagesse et son enseignement à travers le monde. Dans sa méthode de soin radicale, on ne traite jamais directement sur la zone de la douleur. Par exemple, si vous souffrez du genou, on ne touchera pas le genou. Mais, pendant le traitement, on le mobilisera pour favoriser la circulation du Qi et du Sang. On pourra ainsi constater immédiatement si le traitement est efficace ou non. Cette méthode est basée sur les principes de l’acupuncture originelle, tirée du Livre des Transformations (Yi Jing), uniquement centrée sur l’équilibre des méridiens. Alors qu’aujourd’hui, en Chine et en Occident, la plupart des enseignements sont issus d’une logique interniste pour les phytothérapeutes, c’est une des raisons pour lesquelles beaucoup d’acupuncteurs prescrivent des herbes médicinales, afin de renforcer leur traitement en acupuncture.

Ce système a été appliqué spécifiquement par Maître Ching-Chang, dit Maître Tung ou Master Tung (1916-1975) et adapté par d’autres médecins. Originaire du Nord de la Chine, dépositaire d’un savoir familial transmis sur plus de dix générations, il partit s’installer à Taïwan en 1949, et traita plus de 150 patients par jour grâce à sa méthode. Il est aujourd’hui reconnu comme l’un des plus grands acupuncteurs de ces cinq cents dernières années. Son acupuncture utilise des points aux extrémités concentrant les connexions entre les méridiens ainsi que les projections de l’imagerie corporelle et la mise en miroir. C’est une projection de la zone du corps que l’on va traiter sur une autre zone du corps en respectant les proportions. Pour résumer, toutes les parties anatomiques du corps peuvent devenir des images de traitement, car tout est relié. Donc n’importe quelle partie du corps peut aussi être l’image de n’importe quelle autre partie, c’est au praticien de décider ce qui lui est plus facile à appliquer, en fonction de l’aspect pratique des points qu’il va stimuler. C’est une technique très facile pour traiter une personne ou s’autotraiter en public. Pas besoin de se déshabiller. C’est aussi une méthode d’acupuncture ou d’acupressure de dispensaire très efficace : elle permet de traiter de nombreuses personnes en peu de temps avec des points ultrapuissants sans utiliser de table de soin. L’avantage de la méthode est qu’elle permet également d’agir sur une ou plusieurs zones à distance lorsque la partie douloureuse est inaccessible, notamment à cause d’un bandage, d’un plâtre, de douleurs fantômes (amputation) ou encore en raison de la pudeur.

Pour ce qui est de la stratégie de traitement des points, on ne choisit pas un point en fonction de ses indications classiques, mais de sa corrélation de projection. Il existe donc deux méthodes : celle du miroir et celle de l’image.

– Dans la méthode du miroir, on projette « en miroir » une partie du corps sur l’autre. La jambe est le miroir du bras, le pied celui de la main, le genou celui du coude, la hanche celui de l’épaule.

– Dans la méthode de l’image, toute la face peut être projetée sur la jambe ou sur le bras. Le coude et le genou représentent ainsi les yeux. On peut faire la même chose avec le dos entier ou le tronc. Ainsi, le nombril peut être projeté sur le coude ou sur le genou. Pour réguler la colonne vertébrale, qui dépend du Du Mai, on projette également le corps entier sur le crâne et on soulage les douleurs de vertèbres en stimulant des zones du cuir chevelu*.

—————————————-
Les points ha shi ou points douloureux
D’après la référence utilisée dans les écoles de médecine traditionnelle chinoise officielles d’État en Chine – le traité officiel d’acupuncture et de moxibustion de Shanghai édité en 1996 –, les points Ha Shi ou Ashi sont aussi appelés points réflexes, points définis et points douloureux. Comme leur nom l’indique, ils correspondent à une zone douloureuse. Chaque partie de la peau étant logique- ment susceptible d’être douloureuse, un point douloureux n’est pas forcément en regard direct avec un point d’acupuncture qui est sur un méridien. Dans ce cas, il est bon de chercher et de localiser la zone ou le point le plus douloureux. Utiliser les endroits douloureux comme points de puncture ou de massage, c’est d’ailleurs la méthode primitive du choix des points. Ces points sans localisation précise sont plutôt choisis pour les affections douloureuses.
——————————————

Laurent Turlin, Alix Lefief-Delcourt

  

Si cet extrait vous a intéressé,
vous pouvez en lire plus
en cliquant sur l'icône ci-dessous :

 Couverture de livre