Ma quête au travers des grandes spiritualités...

Ce matin, j’ai déchiré mon livre ! Il me semblait pourtant le porter en moi depuis cinq ans que je m’y étais attelé ! Fruit de ma quête au travers des grandes spiritualités, je pensais qu’il apporterait un regard novateur sur des questions à propos desquelles de brillants esprits s’étaient, depuis toujours, éreintés ! À l’heure où les divisions et les tensions entre les différentes religions s’exacerbent, j’escomptais faire la synthèse des éléments qu’elles partagent et qui les relient plutôt que de ceux qui les opposent. Mais à l’approche du but, je devais me rendre à l’évidence, derrière l’abondance des citations et des références, mon ouvrage manquait de vie. Il me fallait le reprendre, l’épurer mais aussi l’incarner. Mais alors, j’éprouvai soudain le syndrome de la page vide.

Soudain, les propos d’un vieil ami bienveillant me revinrent en mémoire : « L’important, Christophe, c’est ce qui vous fait grandir ! » Si l’érudition était la voie vers la sagesse, cela devrait se savoir depuis longtemps compte tenu du nombre d’intellectuels éminents qui se sont penchés sur toutes les questions existentielles. Alors surgit en moi cette interrogation : En quoi toutes les connaissances philosophiques, religieuses et anthropologiques que j’avais pu accumuler depuis vingt ans m’avaient-elles fait grandir ? La cinquantaine aidant, un sentiment d’urgence se développait en moi tandis que je prenais conscience de pouvoir disparaître à tout instant. Qu’avais- je fait de ma vie ? N’avais-je pas mésusé du temps qui m’avait déjà été accordé ? Puisque j’étais convaincu que tout ne s’arrêterait pas à ma mort et qu’il y avait un « après », qu’y avait-il au terme de ma vie qui justifiait de l’avoir vécue ?

Certes, je m’étais peu à peu forgé la conviction que, doté du libre arbitre, j’étais seul responsable de mon destin. Très bien ! De ce fait, j’avais aussi acquis l’intuition que je ne pouvais « sous-traiter ma spiritualité » à d’autres. Bravo ! Il me semblait aussi, par le travail d’introspection que j’avais accompli depuis plusieurs années, m’être appliqué l’injonction reprise par Socrate « Connais-toi toi-même ». Excellent ! Mais si demain je devais passer l’arme à gauche, que resterait-il de mes 58 ans, dont un rapide survol pouvait suggérer la banalité d’une vie privilégiée sans histoire ? Trois, peut-être quatre lignes pour une épitaphe qui s’effacerait rapidement. Plutôt déprimant, d’autant que je pressentais que ce ne n’étaient pas les multiples connaissances que j’ai pu acquérir qui me seraient utiles dans mes pérégrinations futures ! Savoir, d’ailleurs, souvent acquis avec avidité, comme habité par une sorte de boulimie qui témoignait de ma crainte de passer à côté d’une connaissance si essentielle qu’elle rendrait, alors, toutes les autres inutiles ! Non, ce qui m’a touché, ce qui a vraiment marqué mon être le plus intimement, ce sont les expériences, heureuses et douloureuses, que j’ai vécues dans ma vie familiale, dans mon cadre professionnel et tout au long de mon cheminement spirituel. Finalement, rien de bien singulier pour des expériences qui, prises une à une, sont le lot de chacun.

Force m’est de constater que ce qui me caractérise et constitue mon « moi » véritable, ce qui me paraît suffisamment précieux pour que je veuille l’emporter dans l’au-delà, ce sont précisément toutes mes expériences vécues. Cette alternance de peines et de joies, de séparations et de réconciliations, la fidélité des amitiés, l’élévation de l’amour ou encore l’exaltation de nouveaux projets et la perspective de nouveaux horizons. Car, n’est-ce pas tout cela ce qui constitue la vraie vie, celle qui m’a fait grandir et qui m’importe vraiment au point de souhaiter l’emmener avec moi au terme de ma vie ? Ne suis-je finalement pas plus riche de ce que j’ai réellement éprouvé, donc de mes expériences plutôt que de mes connaissances acquises ?

D’ailleurs, lorsque je fus encore confronté à une nouvelle situation professionnelle délicate, ce ne sont pas les connaissances intellectuelles qui m’ont aidé à la surmonter. Non, ce fut plutôt l’impérieuse nécessité de chercher enfin à comprendre pourquoi je devais à nouveau vivre une telle expérience. Comme s’il m’était signifié que, n’ayant manifestement pas compris le sens des précédentes, il m’en était proposé une nouvelle, autrement plus difficile et douloureuse, pour que, cette fois, je comprenne bien la leçon.

Curieusement, depuis que j’ai fait le choix de m’interroger sur le sens de ma vie, l’intensité et la fréquence des expériences que j’ai vécues se sont considérablement accrues ! J’aurais pu rester dans le confort douillet d’une vie sans questionnement. Il est alors probable que rien de bien grave ne me serait arrivé, pas plus d’ailleurs que de bien excitant. En revanche, dès l’instant où je me mettais en mouvement, je prenais le risque de me confronter aux surprises que je rencontrerais inévitablement sur ces nouveaux chemins qui, désormais, s’ouvraient à moi. Pierres sur lesquelles je devrais butter, crevasses et gués dangereux qu’il me faudrait éviter ou encore, précipices que je côtoierais. Mais, au final, que de paysages sublimes et d’exaltations en perspective !

J’ai finalement acquis la certitude que toutes mes recherches étaient vaines si elles ne prenaient racine dans le terreau fertile de mes expériences vécues, tel le grain de blé qui demeure stérile tant qu’il reste au grenier et qui a besoin de l’humus de la terre pour germer. Car la vraie vie ne s’apprend pas dans les livres tandis que les conceptions les plus brillantes sont inutiles si elles ne peuvent aider à l’heure des choix ultimes. C’est pourquoi, ce matin, j’ai repris mon livre, déterminé à vous faire partager ma conviction qu’il ne tient qu’à nous d’être davantage acteur et responsable de notre destinée. Qu’au-delà des apparentes discordances entre les différentes religions, il existe des convergences entre les enseignements spirituels qui les ont suscitées.

Que celles-ci sont accessibles, dès l’instant que l’on s’attache à les étudier avec tolérance et ouverture. D’ailleurs, pourquoi ce qui est juste devrait-il être compliqué ? N’est-il pas frappant d’observer que le premier cercle des disciples auxquels les grands guides spirituels prodiguèrent leurs enseignements fut, le plus souvent, composé de gens simples et modestes ? N’est-ce pas là une clef essentielle pour comprendre la raison pour laquelle leurs enseignements se devaient d’être clairs et limpides, simples mais non simplistes afin qu’ils puissent être accessibles à tous, et non réservés à une élite d’érudits ?

Il est vrai que la transmission de ces enseignements était alors orale. Aussi, afin de frapper les cœurs plutôt que l’intelligence, les guides spirituels et les prophètes eurent fréquemment recours aux paraboles et aux métaphores qui touchaient davantage leurs auditeurs que n’auraient pu le faire de brillantes mais fastidieuses conférences. Malheureusement, la simplicité de leurs enseignements originels fut rapidement occultée par les dogmes et les prescriptions qu’établirent avec le temps les notables religieux. Lesquels, tels les scribes et les pharisiens des Évangiles, éloignèrent peu à peu les masses de la vraie connaissance, tandis que la pureté initiale des messages spirituels s’altérait. Ils devinrent de plus en plus obscurs et confus et, avec le temps, accessibles seulement aux initiés et aux « docteurs » qui justifiaient ainsi leur expertise, tandis que se multipliaient des milliers d’Églises et de sectes qui prétendaient chacune détenir la Vérité. Parfois même, cette connaissance fut rendue hermétique aux masses par l’utilisation d’une langue réservée aux élites religieuses, qui en était devenue le mode de transmission exclusif.

Pourtant le Christ, comme beaucoup de maîtres, nous exhorte à « être comme des enfants ». Il nous incite à« revenir à la simplicité de penser sans laquelle nul ne peut saisir ce qui est grand, et ne peut en conséquence jamais l’atteindre ! » C’est pourquoi je vous propose de m’accompagner maintenant pour tenter de répondre à la première interrogation qui vient à l’esprit de tout chercheur qui se met en marche sur le chemin de la quête du sens. D’où vient le mal ? Comment « être d’accord avec un Dieu qui permet l’agonie d’un enfant3 » ?



                                                                                       

  Christophe Queruau Lamerie  

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Reincarnations et lois cosmiques