Maladie d’Alzheimer : vers une nouvelle approche d’immunothérapie ?

 

 

Une étude menée chez la souris par les chercheurs de l’Inserm et de l’UPMC ouvre la piste d’un nouveau type d’approche d’immunothérapie pour traiter la maladie d’Alzheimer. Elle consiste à amplifier une population particulière de lymphocytes T qui régulent les mécanismes immunitaires et neuroinflammatoires se développant au cours de la maladie.

 

Ces résultats sont publiés dans la revue Brain
Une nouvelle piste d’immunothérapie dans le traitement de la maladie d’Alzheimer. C’est peut-être ce que signent les nouveaux travaux de l’équipe Inserm « Système Immunitaire, Neuroinflammation et Maladies Neurodégénératives » au sein de l’UMRS 938 « Centre de Recherche Saint-Antoine » (Inserm/UPMC) à Paris. Depuis quelques années, un ensemble de travaux fondamentaux a permis de commencer à mieux appréhender les mécanismes immunitaires et neuroinflammatoires complexes associés à la maladie d’Alzheimer. L’équipe Inserm du Centre de Recherche Saint-Antoine apporte une nouvelle preuve de concept chez la souris de l’efficacité d’une stratégie innovante d’immunothérapie, basée sur une approche d’immunomodulation.

Au cours de précédents travaux chez la souris les chercheurs ont en effet montré qu’une population particulière de lymphocytes T, appelés T régulateurs (ou Treg), contrôlait de manière critique les lymphocytes T spécifiques du peptide Ab qui s’accumule dans le cerveau des malades. « Les cellules Treg peuvent agir de différentes façons pour moduler les réponses lymphocytaires T en général mais aussi d’autres aspects des réactions neuroinflammatoires observées dans ce type de pathologies », précise Guillaume Dorothée, chargé de recherche Inserm responsable de cette nouvelle étude. Les chercheurs ont donc choisi d’évaluer l’effet de ces Treg sur l’évolution de la maladie dans un modèle de souris.

 

L’interleukine-2, piste thérapeutique
Pour cela, ils ont soit déplété soit amplifié ces cellules Treg au stade débutant de la maladie. Ils ont alors constaté qu’un déficit de Treg accélérait l’apparition des troubles cognitifs et était associé à une diminution de la présence de cellules microgliales au niveau des dépôts de peptide Ab. « Des études complémentaires semblent suggérer une modification du profil fonctionnel de ces cellules inflammatoires activées chroniquement au cours de la maladie, qui auraient donc un rôle plutôt bénéfique au début du processus pathologique », estime le chercheur. A l’inverse, l’amplification prolongée de Treg à l’aide de faibles doses d’interleukine-2 injectées par voie intra-péritonéale, augmente la réponse des cellules microgliales et retarde la survenue des troubles de mémoire.

 

Cette approche d’immunomodulation par injection de faibles doses d’interleukine-2, déjà testée dans certains protocoles cliniques de greffe de moelle osseuse ou encore dans le diabète de type 1, apparaît donc maintenant comme une nouvelle piste thérapeutique dans la maladie d’Alzheimer. Les chercheurs envisagent déjà un essai clinique pilote chez l’homme et réfléchissent en parallèle à la possibilité de moduler plus spécifiquement certaines sous-populations de lymphocytes T pour affiner la réponse.

 

Contact chercheur :
Guillaume Dorothée
Chargé de recherche Inserm
U938 CENTRE DE RECHERCHE SAINT ANTOINE
+33 (0)1 49 28 46 20 / 06 11 61 09 21
guillaume.dorothee@inserm.fr