Promouvoir l’allaitement pour lutter contre la sous-nutrition


 
Paris, 3 février 2016. Alors que la sous-nutrition tue plus de 3 millions d’enfants de moins de 5 ans chaque année*, une édition de la revue médicale The Lancet parue fin janvier confirme que le recours à l’allaitement permettrait d’éviter le décès de 823 000 d’entre eux. Action contre la Faim promeut l’allaitement dans sa lutte contre la sous-nutrition et appelle à réguler l’industrie agroalimentaire dont les pratiques promotionnelles peuvent nuire à la santé des nourrissons dans les pays en voie de développement.
 
Une pratique négligée qui réduit les risques de sous-nutrition
L’Organisation Mondiale de la santé préconise un allaitement exclusif jusqu’à l’âge de six mois,  suivi d’une pratique partielle jusqu’aux deux ans de l’enfant. Néanmoins, en 2013, dans les pays à revenu faible ou moyen, seules 37% des mères pratiquaient l’allaitement exclusif.
 
Selon The Lancet, les nourrissons allaités exclusivement présentent un risque huit fois moins élevé de décès, dans les pays en voie de développement. Le recours à des substituts de lait maternel pose effectivement le problème de la préparation : mauvaises conditions d’hygiène, eau impropre à la consommation, entraînent des complications de santé chez le nourrisson. L’allaitement éviterait la moitié des épisodes de diarrhée et un tiers des infections respiratoires qui contribuent à la sous-nutrition de l’enfant.
 
Pour Action Contre la Faim, l’allaitement et les pratiques de soins sont au cœur de la réponse aux crises nutritionnelles.
C’est pour cela que l’association met en œuvre des programmes de promotion de l’allaitement dans les régions qui ont des taux élevés de malnutrition. Tout comme en Haïti après le séisme, ACF intervient au Liban auprès des réfugiées syriennes pour recréer des espaces d’intimité entre la mère et l’enfant. Le stress subit dans des contextes d’urgence peut affecter les capacités d’allaitement. Des « espaces mamans-bébés » dispensent soutien psychologique et conseils nutritionnels pour éviter des pratiques inappropriées comme donner du thé, de l’eau et du sucre aux enfants à un âge précoce.
 
Réguler les pratiques marketings de l’industrie agroalimentaire
D'après The Lancet, l’industrie des substituts de lait maternel, qui rapportait près de 45 milliards de dollars en 2014, contourne ou enfreint régulièrement les législations nationales et internationales qui encadrent le marketing du secteur. Encore récemment, un rapport de l’Indice mondial d'accès à l'alimentation épinglait l’entreprise Abbott, qui enregistre le plus grand nombre de cas de non-conformité au Vietnam, tandis qu’en  Indonésie les multinationales Danone et Nestlé sont au coude à coude en termes de nombre de violations constatées.  Echantillons distribués dans les maternités, posters et brochures affichés dans les établissements de santé, arguments publicitaires mensongers, incitations financières des professionnels de santé à la promotion de leurs produits… Autant de stratégies marketings qui détournent les mères de l’allaitement.
 
Pour ACF, il est fondamental de soutenir une meilleure application et un suivi du Code sur la commercialisation des laits maternels, adopté il y a 30 ans par l’Organisation Mondiale de la Santé (OMS). Comme le souligne Elise Rodriguez, Responsable plaidoyer « lutte contre la faim » à ACF France, «compte tenu des risques sanitaires soulignés par la communauté scientifique, ces pratiques sont inacceptables. L’intérêt de santé publique doit primer sur les intérêts commerciaux. Les entreprises de l’agroalimentaire doivent prendre leur part dans le combat contre la sous nutrition. »
 
Consulter l’édition spéciale The Lancet : www.thelancet.com/series/breastfeeding
A lire sur Actioncontrelafaim.org : Progression mondiale de la malnutrition : les pratiques de l’industrie agroalimentaire en cause (Index mondial d’accès à l’alimentation)