Alors que s'ouvre un sommet européen à La Valette, l'Italie assigne un port à 182 rescapés de l'Ocean Viking

C'est la deuxième fois en une semaine que les autorités italiennes ouvrent un port à des personnes vulnérables secourues en Méditerranée centrale par un navire humanitaire de sauvetage. SOS MEDITERRANEE est soulagée de cette annonce, et salue la décision des autorités italiennes. Bien que celle-ci survienne après plusieurs jours d'attente, elle met fin à une souffrance inutile et répond aux exigences du droit maritime et international, qui stipule qu'un sauvetage prend fin lorsque les personnes secourues sont débarquées en lieu sûr.
© sos Mediterrannée

 

SOS MEDITERRANEE exhorte les Etats européens à mettre en place un mécanisme de débarquement pérenne
 
Marseille, le 23 septembre 2019 - Dimanche soir, l'Ocean Viking, navire humanitaire de sauvetage affrété par SOS MEDITERRANEE et opéré en partenariat avec Médecins Sans Frontières (MSF), a reçu l'instruction des autorités italiennes de se diriger vers Messine (Italie) pour débarquer 182 rescapés.
C'est la deuxième fois en une semaine que les autorités italiennes ouvrent un port à des personnes vulnérables secourues en Méditerranée centrale par un navire humanitaire de sauvetage. SOS MEDITERRANEE est soulagée de cette annonce, et salue la décision des autorités italiennes. Bien que celle-ci survienne après plusieurs jours d'attente, elle met fin à une souffrance inutile et répond aux exigences du droit maritime et international, qui stipule qu'un sauvetage prend fin lorsque les personnes secourues sont débarquées en lieu sûr.  
 
Trois opérations de sauvetage sans coordination des autorités libyennes

Ces personnes fragiles ont été secourues lors de trois opérations de sauvetage distinctes, menées les 17 et 18 septembre. Alors que les équipes de SOS MEDITERRANEE ont constamment informé, comme il se doit, le Centre Conjoint de Coordination du Sauvetage de Tripoli (JRCC, crée à l'été 2018 et reconnu par l'Organisation Internationale Maritime) de toutes ces alertes de détresse -les embarcations se trouvant toutes dans la zone de recherche et sauvetage libyenne-, les opérations ont été menées en l'absence totale de coordination de la part des autorités maritimes libyennes.  
 
Qui plus est, suite à la demande de lieu sûr formulée le 17 septembre par l'Ocean Viking au JRCC Tripoli, ce dernier a, le lendemain, indiqué le port de Al-Khoms, en Libye. « Au regard du droit international, nous ne sommes pas en mesure de nous diriger vers un port libyen, qui ne saurait être considéré comme un lieu sûr», a déclaré Nicola Stalla, coordinateur des opérations de recherche et sauvetage sur l'Ocean Viking. Les rescapés présents sur notre navire tentent par tous les moyens de fuir ce pays, et risquent d'être victimes d'abus, de torture, d'exploitation et de violences sexuelles s'ils y sont renvoyés ». Par conséquent, l'Ocean Viking a dû décliner cette instruction, et demander qu'un lieu sûr lui soit assigné, conformément aux exigences du droit maritime et international. 
 
Jeudi 19 Septembre, les équipes de SOS MEDITERRANEE et MSF ont également procédé à un quatrième sauvetage et secouru 35 personnes d'une embarcation en bois, dans la zone maltaise de recherche et sauvetage et sous la coordination des autorités maritimes maltaises. Le lendemain, suivant les instructions du Centre maltais de coordination des sauvetages, ces 35 rescapés ont été transbordés de l'Ocean Viking à un navire militaire maltais, et débarqués à Malte en toute sécurité, comme le prévoit le droit maritime. 
 
Mécanisme européen et coordonné de débarquement
 
La pratique récurrente des États européens, qui négocient la relocalisation des personnes secourues en mer au cas par cas et pendant des jours, avant de les autoriser à débarquer, est inacceptable et en totale contradiction avec le droit maritime et international.  
 
En l'absence d'autres navires humanitaires de sauvetage en Méditerranée centrale, et alors que des hommes, femmes et enfants continuent à fuir la Libye, SOS MEDITERRANEE et MSF ne doivent en aucun cas être empêchés de patrouiller en mer et de remplir leur mission : sauver des vies humaines. « Les moyens de recherche et de sauvetage en Méditerranée centrale sont totalement insuffisants », indique Sophie Beau, cofondatrice et directrice générale de SOS MEDITERRANEE France« Nous ne savons pas -et ne saurons probablement jamais- combien de personnes ont réellement disparu en mer, dans l'anonymat total. Il n'est pas acceptable que des rescapés qui ont survécu à cette périlleuse traversée, secourus par des navires humanitaires d'embarcations de fortune surchargées, subissent ces blocages de plusieurs jours, voire plusieurs semaines, avant d'arriver en lieu sûr. Il est urgent qu'un accord européen soit trouvé pour mettre fin à ces blocages répétés ». 

 
SOS MEDITERRANEE suit avec attention la volonté d'une coalition d'États européens élaborant une approche coordonnée pour prendre en charge les personnes secourues en mer. Réunis aujourd'hui à La Valette, les ministres de l'Intérieur ont l'opportunité d'exprimer leur solidarité avec les états côtiers, et de mettre en place un mécanisme partagé, prévisible et pérenne de débarquement, conforme à ce que requiert le droit maritime et international. Il s'agirait là d'un premier pas vers une amélioration de la situation en Méditerranée centrale, où trop de gens continuent de mourir en raison du manque de navires dédiés au sauvetage, et de l'absence de coordination des opérations de recherche et sauvetage.