Alerter sur la situation catastrophique à Idleb en Syrie

L'UOSSM sera reçue par le président de la République le mercredi 7 janvier à 16h15 pour alerter sur la situation catastrophique à Idleb en Syrie
Paris, le 6 janvier 2020 - Après notre lettre d'alerte envoyée au président de la République le 30 décembre 2019, sur la situation catastrophique à Idleb, nous venons de recevoir une réponse de l'Elysée. Nous serons reçus demain à 16h15 à l'Elysée par le président Emmanuel Macron. Nous viendrons témoigner en tant que soignants humanitaires et médecins franco-syriens oeuvrant sur le terrain auprès des déplacés d'Idleb accompagnés de nos collègues de Médecins du Monde.
Une catastrophe humanitaire à Idleb se déroule sous nos yeux
 
Les fêtes de fin d'année se sont déroulées sous les bombes à Idleb. Depuis le mois de décembre, les bombardements ne se sont pas arrêtés. Tous les jours, nos collègues soignants sur le terrain nous rapportent des tirs d'artillerie, des bombardements, des attaques aériennes, sur des écoles, des centres de santé et plus globalement des civils. Le nombre de déplacés ne fait que croître avec plus de 250 000 déplacés internes du sud d'Idleb depuis le 12 décembre dont près de 50% sont des enfants.
 
Les conditions hivernales aggravent également la situation humanitaire désastreuse. Les familles fuient sous une pluie torrentielle et les températures nocturnes sont proches de 0.
Ils vivent dans des abris de fortune, des bâtiments inachevés ou partiellement détruits, des tentes, sous des arbres voir même à l'air libre. Ces nouveaux déplacés viennent s'ajouter au près de 400 000 déplacés depuis fin avril 2019 et au 4 millions de personnes qui vivent dans cette zone. Au cours de la même période, le Haut Commissariat des Nations Unies aux droits de l'homme (HCDH) a enregistré plus de 1 330 morts parmi les civils. 
 
Demain, l'UOSSM sera présente à l'Elysée afin d'appeler à :
  • L'arrêt immédiat des bombardements
  • La mise en place en urgence d'une aide humanitaire transfrontalière qui a été refusé par le véto russe et chinois à l'ONU le 20 décembre dernier.
  • La protection des civils et permettre à toutes les parties humanitaires d'avoir un accès durable et sans entraves pour fournir une aide vitale à tous ceux qui en ont besoin (médicale, nourriture, eau, chauffage...etc.)
 
La catastrophe humanitaire, la violence des combats, la destruction des structures hospitalières font que les habitants d'Idleb vivent ou survivent dans une très grande précarité.
Un risque de mouvements massifs de population vers la frontière est à craindre avec des conséquences humanitaires très graves qui vont s'en suivre.
 
Notre humanité nous impose de réagir. "S'il y avait un tremblement de terre à Bordeaux, ville qui compte 250 000 personnes à l'instar des déplacés du sud d'Idleb. Que ferions-nous ? Des ponts aériens, l'envoi de tentes, la mise en place d'une aide internationale...? Aujourd'hui, que faisons-nous pour Idleb, l'aide humanitaire est très peu présente et clairement insuffisante ? La France doit apporter une aide humanitaire à ses populations et soutenir les organisations qui sont présentes à Idleb comme l'UOSSM." Le Pr Raphael Pitti, responsable formation de l'UOSSM.
La lettre envoyée au président le lundi 30 décembre : https://www.scribd.com/document/441216048/Lettre-adressee-a-Emmanuel-Macron
 
Monsieur le Président,
 
Nous vous sollicitons en tant qu’acteurs médicaux non-gouvernementaux œuvrant en
Syrie afin de vous alerter sur la situation dramatique constatée par nos équipes dans la
province d’Idleb en ce moment. Nous saluons la position française de condamnation des
bombardements à Idleb et la demande immédiate de désescalade.
 
A ce stade de désastre humanitaire, cette position n’est pas suffisante. Nous
souhaiterions vous dire que les ONG ne peuvent tolérer plus longtemps la terreur et la mort
qui s’abattent depuis des mois sur les populations civiles syriennes et plus spécifiquement
sur la région d’Idleb fin avril 2019. Délibérément et stratégiquement privée de nourriture et de
soins depuis des mois par des bombardements intensifs et des déplacements de population
massif qui font craindre le pire, la région d’Idleb se meurt en silence face à une communauté
internationale qui paraît résignée. Si le droit humanitaire est mort à Alep en 2016, à la Ghouta
en 2017, doit-on le laisser mourir à nouveau dans cette région où 3,5 millions personnes sont
encore piégées ?
Nous dénonçons depuis des mois les violations systématiques du Droit Humanitaire
International et ne voulons pas qu’Idleb signe le décès de ce droit. Nous sommes des
soignants non résignés. Soigner est notre devoir et notre raison de vivre, à Idleb et partout
 
dans le monde. Depuis le 15 décembre 2019, les bombardements se sont intensifiés dans le
sud-est d'Idleb mais la région vit une escalade de la violence déjà depuis le mois d’avril 2019.
Nous estimons que plus de 700 000 personnes vont être affectées. Jusqu'à présent 250 000
personnes se sont enfuies de la ville de Maarat Al-Nouman qui est prise pour cible. 67
structures médicales ont été bombardées depuis le 28 avril 2019. Nous assistons à un
désastre humanitaire. Les besoins sont énormes.
"Certaines personnes s’enfuient de leurs maisons, pieds nus pour épargner leurs vies
quitte à laisser tous leurs biens sous les bombardements et les tirs, certaines femmes
accouchent dans la rue faute de mieux..." témoigne le Dr Ahmed Ismail, coordinateur de
l’aide d’urgence à Idleb, UOSSM.
Nous, médecins, ne pouvons rester insensibles, à cette tragédie humanitaire. L’ultime
indignité est l’ignorance, l’indifférence à l’égard de leur destin funeste. Nous réitérons nos
demandes de cessez-le-feu, d'accès humanitaire transfrontalier immédiat et sans entrave.
Les ONG humanitaire locales et internationales doivent pouvoir apporter une aide médicale
d’urgence dès à présent.
Le droit humanitaire international doit rester la norme, notamment concernant les
obligations de protection des lieux de soins et des personnels soignants et humanitaires. Les
organismes internationaux doivent permettre l’effectivité de cette protection.
 
En ces temps de fêtes et de moments de bonheur partagé en famille, comment la France et
la communauté internationale peuvent rester sourdes et aveugles à la détresse humanitaire
de ces millions de personnes. Ils ont fuit les bombardements, ils se retrouvent dans des abris
de fortune, sans vêtements chauds, ni nourriture, ni accès aux soins dignes. Seule l'aide
humanitaire leur permettrait de survivre. Aujourd'hui, cette aide humanitaire transfrontalière,
qui serait un véritable soulagement pour ces populations, est refusé par la communauté
internationale.
Pour toutes ces raisons, nous sollicitons auprès de vous une rencontre dès que
possible.
 
Dans l’attente de cet entretien, nous vous adressons, Monsieur le Président, l’assurance de
notre très haute considération.
 
Dr. Ziad ALISSA
Président de l’UOSSM France
 
Dr. Philippe de Botton
Président de Médecins du
Monde France
 
Pr Raphaël Pitti
Responsable formation de
l’UOSSM France
Huit ans de guerre en Syrie pour un désastre humanitaire
 
Film réalisé en collaboration avec l'agence Mlle Pitch et les étudiants de Eartsup, Julia Mas, Florian Mas et Paul Antunes
 
Version courte du spot : https://youtu.be/p1i7dOTZbro
Des urgences de la guerre à la santé de demain, aidez-nous à apporter une aide médicale aux victimes du conflit en Syrie.