Les poisons du quotidien | Exposition Venenum jusqu'au 07.01.2018

Moyens de défense ou de pouvoir, armes ciblées ou diffuses, menaces environnementales ou espoirs pour la médecine, les poisons suscitent crainte et fascination. L’exposition Venenum, un monde empoisonné décrit les rôles joués par les poisons dans l’histoire et la culture, la science et les croyances, la médecine et la criminologie.

Venenum, un monde empoisonné
Du 15 avril 2017 au 7 janvier 2018 Musée des Confluences, Lyon

Moyens de défense ou de pouvoir, armes ciblées ou diffuses, menaces environnementales ou espoirs pour la médecine, les poisons suscitent crainte et fascination. L’exposition Venenum, un monde empoisonné décrit les rôles joués par les poisons dans l’histoire et la culture, la science et les croyances, la médecine et la criminologie.

Située à la confluence des disciplines, elle croise des collections issues des sciences de la Vie et de la Terre et des sciences humaines : peintures et sculptures, collections ethnographiques côtoient et dialoguent avec les collections de sciences naturelles et quelques animaux vivants.

La première partie de l’exposition révèle la place occupée par les poisons au cours de l’Histoire, de l’Antiquité à la période contemporaine. À cette remontée dans le temps, succède une immersion au sein d’un jardin toxique, soulignant l’omniprésence du poison dans la nature, qu’il s’agisse du règne animal, végétal ou minéral. Le parcours explore ensuite les différents usages des poisons : cette arme de chasse et de guerre s’inscrit également dans la vie domestique et par ailleurs dans de nombreux rituels initiatiques ou d’états de dépassement. L’exposition s’achève sur un paradoxe à partir duquel se sont écrites les histoires respectives de la pharmacologie et de la toxicologie : le poison a autant le pouvoir de soigner que celui de tuer.

Dans ce cheminement au cœur de l’univers fascinant du poison, les thématiques entrent visuellement en résonance les unes avec les autres, le jardin toxique faisant écho aux thérapeutiques anciennes et modernes et l’évolution des usages s’accordant aux poisons contemporains.

Cette exposition est reconnue d’intérêt national par le Ministère de la Culture et de la Communication / direction générale des patrimoines / service des musées de France.
Exposition du 15 avril 2017 au 7 janvier 2018
Salle 12 – 712 m2
www.museedesconfluences.fr
www.venenum.fr

Les poisons dans l’histoire
De l’Antiquité à nos jours, le poison est un instrument destiné à conserver ou à conquérir le pouvoir, à éliminer discrètement ses ennemis, ou mettre soi-même fin à ses jours. Silencieux et le plus souvent indétectables, les crimes par empoisonnement suscitent crainte et fascination.

Dans les sociétés antiques, le poison permet de se donner la mort, comme Socrate, qui but la cigüe. On empoisonne aussi pour se débarrasser de ses rivaux et prendre le pouvoir. L’empereur Néron, avec la complicité de Locuste, usa ainsi largement du poison. Ces scènes sont restituées sur des objets datant de l’Antiquité ou inspirent plus tard les peintres et sculpteurs, tels que Gustave Lassale-Bordes avec “La mort de Cléopâtre” ou Henri-Camille Danger avec “Thémistocle buvant le poison”.
Au Moyen Âge, l’usage du poison, contraire à l’éthique des chevaliers devient l’apanage des “sans-armes”, que sont notamment les femmes et les membres de l’Église. La peur d’être empoisonné se manifeste surtout lors des repas. Lors des banquets, les plats sont goûtés avant d’être servis et des ustensiles, et notamment des objets en corne, sont censés détecter le poison. Des gravures illustrent également les tentatives d’empoisonnement déjouées par Saint-Benoît, brisant son verre ou donnant ses mets à un corbeau.

Le poison vit probablement son âge d’or à la Renaissance, lorsqu’en Italie, les familles fortunées confient aux alchimistes l’élaboration de poisons toujours plus élaborés, en vue de commettre des assassinats. Les intrigues des différents membres de la famille Borgia marquent cette période du sceau du crime. À la fin du 17e siècle, sous le règne de Louis XIV, de grandes affaires d’empoisonnement mettent en cause des centaines d’hommes et de femmes, des plus modestes aux plus proches du roi. Ce dernier légifère pour limiter le commerce du poison et lutter contre les empoisonnements criminels À l’aube du 20e siècle, si la toxicologie permet de mieux démasquer les criminels, le poison n’a pas dit son dernier mot. Il retrouve le devant de la scène à la faveur de quelques grandes affaires d’empoisonnement (voir p. 30). Les procès de Violette Nozières, Marie Besnard déchaînent les passions et font la une du Petit Parisien, du Petit Journal et du magazine Détective.
Cette époque marque également l’apparition des poisons de guerre, tant dans les tranchées de la guerre de 14-18 que dans les camps d’extermination nazis. Au cours de la seconde guerre mondiale, le cyanure vient au secours des résistants, qui le dissimulent dans une bague ou une dent, et l’absorbent pour ne pas parler sous la torture.


Le poison est omniprésent dans la nature.
Dans ce jardin toxique, se côtoient minéraux, spécimens vivants ou naturalisées, ainsi qu’un herbier interactif.

On distingue deux groupes d’organismes producteurs de substances toxiques :
les venimeux et les vénéneux.
Les animaux venimeux disposent d’un venin, c’est-à-dire d’un cocktail de substances toxiques qu’ils inoculent par morsure (le serpent), par piqûre (la guêpe) ou par projection (les poils urticants d’une araignée).

Un animal vénéneux ou une plante vénéneuse
ne fait pas un usage actif des substances toxiques dont il dispose. Passivement, il porte son poison excrétés par des glandes ou contenu dans certains de ses tissus, comme c’est le cas de certains champignons et de grenouilles, qui révèlent leur toxicité par contact ou ingestion.

Les venimeux
De nombreuses espèces suscitent crainte et parfois phobies, en raison de leurs piqûres ou de leurs morsures, souvent douloureuses, voire graves. On se méfie ainsi du dard des guêpes, frelons et scorpions. Les crochets à venin dont sont dotées les araignées peuvent également entraîner des morsures fatales, à l’instar de celle de la terrible veuve noire, ou de la mygale doublement venimeuse : face au danger elle projette d’abord ses poils avant de se décider à mordre avec ses crochets. Les serpents, bien qu’ils soient loin d’être tous venimeux, peuvent se révéler très dangereux pour l’homme.

De tous les serpents venimeux, on compte environ 500 espèces dont les morsures comportent un véritable risque, parmi lesquels des espèces très répandues, comme les vipères sous nos latitudes ou les cobras en Asie. À l’inverse, chez les mammifères, on ne croise que plus rarement des espèces venimeuses. Certaines possèdent des glandes à venin reliées à un aiguillon comme l’ornithorynque, ou une salive venimeuse comme les musaraignes insectivores.
Mais les venins les plus puissants et mortels
se trouvent dans le monde marin, peuplé de poissons, de serpents aquatiques, de méduses et de mollusques d’apparence inoffensive,
tels que les cônes qui projettent leur trompe contenant un dard sur sa proie ou sur l’imprudent.

Les toxiques
D’autres animaux se “contentent” d’être toxiques. La substance vénéneuse est généralement produite par un processus chimique ou transmise, accumulée à partir d’un régime alimentaire lui-même toxique ! Ainsi certaines rainettes tropicales d’Amérique du Sud, les phyllobates, produisent sur leur peau la même toxine que celle retrouvée sur les plumes des Pitohui, des oiseaux vivants en Nouvelle-Calédonie. Ces deux espèces se nourrissent d’insectes porteurs d’une toxine qui génère brûlure et paralysie musculaire.

Parmi les insectes toxiques, la mouche cantharide sécrète de la cantharidine, autrefois employée comme remède mais aussi comme aphrodisiaque, connu pour avoir empoisonné des partenaires du marquis de Sade. Les milieux aquatiques ne comptent pas moins de 500 espèces vénéneuses de poisson. Ainsi, le célèbre poisson japonais : le fugu. Il peut être consommé à condition de retirer tous ses organes contaminés. Une préparation délicate assurée seulement par des cuisiniers formés et licenciés d’État. Pour autant, l’Empereur n’a pas le droit d’en manger.

Le poison imprègne également le règne végétal : on découvre dans l’herbier interactif que des plantes très communes et familières de nos jardins s’avèrent être de véritables poisons : telles que le laurier rose, le ricin, le colchique ou l’if. Ce dernier déjà associé dans la culture celte aux rites funéraires est toujours très présent dans nos cimetières.

La dangerosité de certains champignons ne fait plus de doute : leur beauté est d’ailleurs parfois proportionnelle à leur toxicité, à l’instar de l’iconique amanite tue-mouches, d’un magnifique rouge tacheté de blanc. Utilisé au cours de rituels chamaniques en Amérique du Nord et en Sibérie, il est omniprésent dans notre culture populaire occidentale : lutins assis sous son chapeau, spécimens immenses chez Tintin, trône de la chenille dans Alice au pays des merveilles...

Quelques bactéries telles que la toxine botulique (voir p. 29) ou le choléra, pourraient quant à
elles être qualifiées de “tueuses en séries” ! Le bacille du charbon résistant dans les sols des années se transmet aux herbivores puis aux hommes, les marquants de lésions telles de petites croutes noires. Ainsi nommé Anthrax (charbon) par Hippocrate, il est connu pour l’attaque aux enveloppes contaminées en 2001.

Certains minerais, exposés à l’état de roche, présentent aussi une grande toxicité : le plomb (p. 36), l’arsenic (p.32), le mercure ou l’antimoine, sont encore, en dépit des risques qu’ils présentent pour la santé et l’environnement, largement exploités.

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Des espèces vivantes exposées : un fait exceptionnel

Les visiteurs vont pouvoir observer en toute sécurité quelques spécimens vivants de serpents, de batraciens, d’arachnides et de poissons.

Il s’agit d’un fait exceptionnel dans l’histoire des musées de France, dans lesquels il n’est habituellement pas autorisé d’introduire des espèces vivantes. Cette initiative exceptionnelle a été rendue possible grâce aux conseils, aux prêts et au suivi de l’Aquarium de Lyon et de l’Association pour la Découverte de la Nature (ADN). On admirera ainsi une magnifique rascasse volante aux épines venimeuses qui suscitent la crainte des plongeurs, un poisson-ballon cousin du Fugu, de délicates et dangereuses méduses... On pourra aussi observer de près une mygale saumonée, noire aux poils rosés, des veuves noires et leur terrible marque rouge, quelques rainettes toxiques aux bleus ou jaunes vifs alarmants ou encore un serpent liane aux crochets dissimulés dans sa gueule.
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Depuis la protohistoire, les sociétés humaines savent tirer parti des poisons présents dans la nature pour les utiliser ou les transformer à leurs usages.
Sur tous les continents, les armes sont souvent associées à des substances toxiques. Les flèches sont trempées dans des mixtures composées à base de plantes, d’animaux toxiques, voire de cadavres. Dans de nombreuses sociétés, si l’usage du poison est fréquemment utilisé pour la chasse, tel le curare, il est prohibé pour la guerre. Pour autant, certaines armes sont aussi discrètes que fatales, comme les arbalètes de manches chargées de petites flèches empoisonnées, dissimulées dans les tuniques de soie chinoises.

Depuis l’Antiquité, le poison occupe une place de choix dans la vie quotidienne. De la civilisation romaine à aujourd’hui, le plomb est omniprésent : peinture, canalisations, essence, furent à l’origine de nombreuses intoxications. Au début du 20e siècle, la découverte du radium suscite l’enthousiasme et on introduit massivement ce matériau dangereusement radioactif dans les usages domestiques, avant d’interdire son usage à des fins non médicales en 1937. Parallèlement, la population déverse abondamment de la mort aux rats dans les greniers et les caves et du Flytox dans les champs. Ces produits préfigurent les pesticides actuels. Tous ces poisons font écho aux substances toxiques que nous respirons et absorbons aujourd’hui. En effet, disséminés dans l’environnement, particules fines, perturbateurs endocriniens et amiante n’en sont pas moins dangereux (voir p.37).

Consommer ou se confronter au poison est aussi une pratique liée à de nombreux rituels, initiatiques et culturels. Certains visent à confondre ou à innocenter un suspect s’il survit à un breuvage empoisonné, d’autres permettent de mesurer la bravoure des jeunes hommes qui s’enroulent dans une natte infestée de fourmis ou de guêpes, d’autres encore permettent d’entrer en contact avec un autre monde lors de cérémonies chamaniques. Les substances qui ont pour propriété de modifier les états de conscience ont également imprégné des sociétés entières. Ce fut le cas de l’opium, cultivé et consommé en Chine depuis le 7e siècle pour soulager la douleur. Ritualisée, la consommation d’opium joue sur la limite entre drogue et poison, entre paradis artificiels et dangers mortels. À partir du 17e siècle, sa pratique est d’abord réservée aux élites, puis se banalise jusqu’à son interdiction en 1906. De retour d’Asie, les Européens importent l’usage de l’opium et au tournant des 19e et 20e siècles, l’opiomanie devient un médium d’expériences sensorielles et un symbole d’appartenance à une élite culturelle et artistique.

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Les curares
Dans la forêt amazonienne, le curare est le nom générique des poisons de chasse. Il existe autant de préparations que de tribus. Les Indiens mélangent des plantes fournissant le principe actif du poison, les Strychnos toxifera extraits de lianes spécifiques, des animaux entiers ou des parties animales variées (serpents, mygales, batraciens venimeux, chenilles urticantes et, surtout, fourmis) dont l’éventuelle toxicité est pourtant supprimée lors de l’ébullition de la mixture. Ils en enduisent leurs pointes de flèches, de fléchettes, de sarbacanes.

Au 19e siècle, explorateurs et missionnaires ont cherché à percer le secret de fabrication de ses poisons de chasse. Parmi les nombreuses recettes du curare, la seule constante est l’utilisation de cette liane, dont on broie les racines et les graines pour en faire un décocté qui prend la consistance du goudron. Le suc de cette liane paralyse rapidement les muscles jusqu’à l’arrêt respiratoire puis cardiaque.
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Confrontée à la mystérieuse puissance des poisons, l’humanité a toujours cherché à s’en prémunir ou à en contrer les effets. Dans le même temps, des observations empiriques jusqu’aux recherches scientifiques actuelles, les notions de doses et la découverte des effets thérapeutiques de ses substances transforment le poison en remède.

Dès l’Antiquité, les individus croyaient aux pouvoirs magiques de certains objets et substances. Les religions ont également développé des protections contre les poisons et les venins, souvent associés à la tentation et à la perdition. Dans l’Égypte antique, Horus est sauvé par les pouvoirs de sa mère, la déesse Isis, d’une piqûre de scorpion. Il devient le dieu capable de protéger les humains des animaux venimeux. Au Moyen Âge, la corne de licorne avait soi-disant le pouvoir de purifier les boissons empoisonnées, aussi les nobles achetaient à prix d’or ce qui n’était en réalité qu’une dent de narval. En Chine, le céladon désigne des porcelaines ou des grès recouverts d’un vernis à base de fer. D’une nuance vert pâle, cette vaisselle était censée se briser ou changer de couleur si elle contenait de la nourriture empoisonnée. En Afrique subsaharienne, les hommes portent des talismans à la ceinture, afin d’éloigner scorpions, serpents et poignards.

Parallèlement, sont décrites les premières préparations médicinales, réalisées sur la base d’observations empiriques. Dioscoride, médecin au temps de la Grèce antique, est l’un des premiers à parler de poisons et d’antidotes dans son ouvrage De materia medica. Ce n’est qu’à la Renaissance que le médecin suisse Paracelse formalise une théorie fondatrice, distinguant, à partir de la notion de dose, les propriétés toxiques et thérapeutiques d’une même substance.

C’est à la suite de ce constat que naîtra le métier d’apothicaire, un professionnel habilité à manipuler des produits toxiques pour les administrer à des fins thérapeutiques. Au 18e siècle, la belladone, l’opium, l’arsenic ou encore le mercure sont stockés dans les apothicaireries dans de grands pots en faïence et servent à formuler les médicaments.

Au dix neuvième siècles, les avancées de la chimie permettent d’isoler les substances actives dans les plantes toxiques. Leur pureté permet dès lors d’obtenir des dosages précis et reproductibles, et ainsi la création de médicaments plus efficaces. Les avancées scientifiques de l’époque conduisent également à mieux détecter les poisons et ainsi à diagnostiquer et traiter les empoisonnements. La toxicologie gagne ses lettres de noblesse en participant à résoudre des affaires criminelles. La célèbre bataille d’experts autour de l’affaire Marie Lafarge, soupçonnée d’avoir empoisonnée à l’arsenic son mari, fut celle qui passionna pour la première fois la France dans les années 1840 : un cocktail populaire de mort mystérieuse, d’affaire familiale et de contre-analyses opposant Orfila l’inventeur de la toxicologie du côté de l’accusation, et le chimiste Raspail pour la défense.

La compréhension de l’action des venins progresse parallèlement. Père de l’océanographie, le Prince Albert Ier de Monaco lance en 1901 une campagne d’étude au Cap- Vert avec deux biologistes Paul Portier et Charles Richet : ils découvrent que les filaments de la Physalie, espèce proche de la méduse, infligent des lésions plus douloureuses à chaque nouvelle piqûre. La découverte de cette réaction allergique grave est nommée anaphylaxie et son étude permettra de la traiter et d’élaborer les premiers sérums antivenimeux.

Les études actuelles sur les venins visent à mieux comprendre les mécanismes biologiques fondamentaux, à concevoir des tests pour les diagnostics médicaux et à développer des médicaments innovants. Aujourd’hui, les poisons végétaux, animaux, voire issus des bactéries, entrent toujours dans la composition de nouveaux traitements. Ceux-ci sont notamment indiqués dans la prise en charge des pathologies cardiaques, des cancers, en infectiologie, contre l’hypertension, comme antidouleurs ou comme anesthésiques.

Demain, les poisons permettront-ils de sauver plus de vies qu’ils en suppriment ?

Poison ou remède ? La réponse réside dans le dosage du principe actif. Des plantes et bactéries dont l’ingestion est potentiellement mortelle possèdent des vertus thérapeutiques avérées, découvertes il y a plusieurs siècle ou porteuses d’espoirs pour les traitements
du futur. D’autres nombreux principes actifs issus de plantes, de champignons et de bactéries toxiques entrent dans la composition de médicaments. Quelques exemples.

Belladone
Selon la légende, au 11e siècle, les soldats du roi d’Écosse Mac Bethad avaient introduit de la belladone dans la nourriture de leurs ennemis danois pour les endormir et envahir le pays.
Symptômes de l’empoisonnement—
Sécheresse de la bouche, troubles visuels, faiblesse musculaire, confusion mentale avec hallucinations, et décès par arrêt cardio-respiratoire.

Indications thérapeutiques—
Autrefois : rage, hoquet, toux, constipation, dysenterie, convulsions, ophtalmologie, sédation, anesthésie, bronchodilatation. Aujourd’hui : traitement homéopathique des états fébriles, de l’angine ou de l’hypertension artérielle.

If
Dans la culture celte, les druides associaient l’if à la mort et aux rites funéraires. Il entrait aussi dans la composition de breuvages toxiques associés aux pratiques de sorcellerie.
Symptômes de l’empoisonnement—
Somnolence, tremblements, dilatation des pupilles, douleurs et troubles digestifs, paralysie respiratoire et troubles cardiaques.
Indication thérapeutique—
L’if contient du paclitaxel, utilisé dans les traitements anticancéreux. Celui-ci est désormais obtenu par génie génétique.

Vomiquier
La strychnine entrait dans la composition de la mort aux rats, volontiers détournée de son usage à des fins criminelles.
Symptômes de l’empoisonnement—
La strychnine contenue dans la graine de vomiquier provoque spasmes musculaires, convulsions violentes et décès par arrêt cardiaque.
Indication thérapeutique—
Traitement homéopathique des digestions difficiles et douloureuses et pour favoriser le sommeil.

Venin de Vipère
Le venin de vipère fer-de-lance, serpent abondant au Brésil, était utilisé comme poison de flèche de chasse par les Indiens provoquant l’effondrement immédiat de la proie par l’action d’une hormone, la nanopeptide.
Symptômes d’empoisonnement—
Vertige, chute de la pression artérielle.
Indications thérapeutiques—
Dilatation des vaisseaux sanguins dans le cadre des traitements de l’hypertension artérielle et de l’insuffisance cardiaque.

Bacille botulique
La toxine botulique est la plus puissante des toxines connue. Danger du quotidien, elle est responsable des intoxications alimentaires les plus virulentes, liées
à la consommation de charcuteries et viandes mal conservées.
Symptômes de l’empoisonnement—
Fatigue, faiblesse, vertiges, troubles
de la vision, sécheresse de la bouche, difficultés de déglutition et d’expression, vomissements, troubles intestinaux, paralysie musculaire et respiratoire
Indications thérapeutiques—
La toxine botulique est indiquée dans les situations imposant un relâchement des fibres musculaires, notamment
en chirurgie esthétique. Purifiée et fortement diluée, elle est utilisée pour préparer des médicaments injectables à usage principalement neurologique et cosmétique.

Les récits ont ancré, dans l’histoire et dans l’imaginaire, une représentation féminine du poison, associant séduction et perfidie : l’empoisonneuse. Déjà, quelques récits
de la mythologie grecque introduisent des personnages féminins ambigus qui à l’image du poison, peuvent à la fois tuer, droguer, ensorceler et guérir.

Figures antiques du poison
Médée convainc par tromperie son époux le roi Égée d’empoisonner le jeune Thésée, héritier du royaume d’Athènes, lors d’un banquet.
La machination est déjouée et la coupe contenant le poison est finalement renversée. Figure matriarcale et dangereuse, Agrippine permet à son fils Néron (37-68 av. J.-C.) d’accéder au pouvoir grâce aux intrigues et empoisonnements qu’elle commandite. Durant tout son règne, Néron fera appel lui-même à l’empoisonneuse Locuste pour exécuter ses basses œuvres, testant leurs poisons sur les esclaves.

L’argument des “sans-armes”
À l’époque féodale, le poison appartient aux “sans-armes” et est assimilé à la sorcellerie. Sous la période de crimes politiques de la dynastie mérovingienne, sévit la cruelle reine Frédégonde (vers 545-597). À la Renaissance, parmi les grandes figures, Catherine de Médicis jouit d’une réputation sulfureuse largement entretenue par la littérature. Princesse florentine devenue reine de France en 1547,elle aurait, selon une légende tenace, introduit les sombres secrets du poison en France, n’hésitant pas à se débarrasser ainsi de rivaux.

Époque moderne: les poisons de la favorite
De 1679 à 1682, l’Affaire des poisons met au jour un commerce d’empoisonnements associés à des rites sataniques impliquant des personnalités de la Cour, dont la marquise de Montespan, favorite de Louis XIV. Afin de couvrir l’aristocratie française et mettre un terme à cette histoire, l’instigatrice Catherine Deshayes, dite la Voisin, et 34 complices périssent sur le bûcher pour sorcellerie et hérésie.
Triomphe du fait divers Aux 19e et 20e siècles, l’apparition des polices d’assurance-vie entraîne l’émergence d’une nouvelle génération d’empoisonneurs avides d’héritage. C’est ainsi que naît le mythe de la “veuve noire”, femme amoureuse ou cupide utilisant le poison. Ainsi, Marie Besnard est accusée d’avoir empoisonné onze membres de sa famille pour hériter. L’affaire captive la France durant trois procès de 1952 à 1961. L’exhumation des corps révélera la présence d’arsenic et les méthodes d’analyse scientifique seront au cœur des débats : “l’empoisonneuse de Loudun” sera finalement acquittée en 1961. Après plusieurs tentatives, Violette Nozière empoisonne ses parents à l’aide de somnifères en camouflant son acte en accident. Seule sa mère survit. Pour avoir voulu mener une vie émancipée avec son amant, cette jeune parricide divise l’opinion : monstre dévergondé pour certains ou “jeunesse victime” pour d’autres, elle est condamnée à mort en 1934, libérée en 1945, puis réhabilitée en 1963.

Arsenic, le poison star
Contenu dans de nombreux minéraux, l’arsenic a longtemps été la base des insecticides ou
des produits de type “mort-aux-rats”. Poison plébiscité par les empoisonneurs pour son efficacité et son absence de goût, il est aussi un remède présent dans la pharmacopée antique. Son action sur l’organisme est une question
de dose et d’exposition à la substance. Contre les nuisibles
La mort-aux-rats est un appât à base d’arsenic, très répandu aux siècles derniers pour se débarrasser des rongeurs. Réglementée dès le
18e siècle, sa vente était aussi effectuée par des marchands ambulants. Mais les rats n’étaient pas toujours la cible : un accès si facile au poison ne manquait pas d’avoir de funestes conséquences. Au 20e siècle, l’emploi de raticides contenant de l’arsenic ou de la strychnine a été remplacé par des produits anticoagulants.

L’arme du crime
Les assassinats à l’arsenic remplissent les pages des faits divers. Parmi les plus meurtrières,
la servante bretonne Hélène Jégado. Cette empoisonneuse en série fut accusée de cinq tentatives et de cinq meurtres. Elle en aurait,
en fait, commis une soixantaine. Dans les maisons où elle sert, pendant 20 ans, elle se venge, à la suite d’une vexation ou d’une simple remarque, en ajoutant de l’arsenic à sa cuisine. Dans un contexte d’épidémies et de superstitions, ses crimes passent inaperçus. Elle est exécutée en 1852.
Au cœur des investigations, la bataille d’experts autour de la présence d’arsenic dans les corps des victimes participent aux rebondissements de nombreuses affaires telles celles de Marie Lafarge dès 1840 et Marie Besnard dans les années 1950 (p. 31).

Le programme complet ici

Informations pratiques
Ouverture du musée
Du mardi au vendredi de 11 h à 19 h
Samedi et dimanche de 10 h à 19 h
Jeudi nocturne jusqu’à 22 h
Accès
www.museedesconfluences.fr/ fr/informations-pratiques
Tarifs
Entrée 9 euros pour l’ensemble des expositions, gratuité en- fants moins de 18 ans et étu- diants moins de 26 ans. www.museedesconfluences.fr/ fr/tarifs-expositions
Réservation et informations
04 28 38 12 00
Du lundi au vendredi de 10h à 17h Billetterie en ligne : www.museedesconfluences.fr/ fr/billetterie-reservation-o