L’encerclement de l’Allemagne en 1945

Face à l’attaque française, après le franchissement du Rhin, la défense de la ligne Siegfried par une unité d’une Volksgrenadieredivision (Bundesarchiv)
Face à l’attaque française, après le franchissement du Rhin,
la défense de la ligne Siegfried par une unité d’une Volksgrenadieredivision (Bundesarchiv)

La contre-offensive allemande des Ardennes a réussi à détourner de la Ruhr et de la Sarre, pour un certain temps, la menace qui pèse sur les centres vitaux de l’industrie de guerre du Reich.


Mais grâce à Patton et à leur aviation, les Alliés ont brisé l’offensive de von Rundstedt dans les Ardennes et l’offensive Nordwind en Alsace qui, de la mi-décembre 1944 à la mi-janvier 1945, leur ont causé de sérieuses inquiétudes. En fait, dans ces opérations de la dernière chance, les Alle- mands ont perdu près de 200 000 hommes et un matériel important qu’ils ne pourront remplacer, dont une partie de la Luftwaffe – plus de 200 appareils – et une bonne part du potentiel nécessaire à la poursuite de l’affrontement, en particulier en carburant. L’offensive alliée à l’Ouest a subi un retard de six semaines et aucun objectif essentiel n’a été atteint. La bataille a été transportée de la région frontière, où la Wehrmacht bénéficie des avantages offerts par les puissantes fortifications de la ligne Siegfried, sur un terrain difficile mais privé d’organisation. Mais, surtout, le commandement allemand a été obligé de transférer la majo- rité de ses forces blindées à l’Est, dont la VIe Panzerarmee, pour faire face à la grande offensive soviétique. À la fin du mois de janvier, la pres- sion allemande a cessé de se faire sentir dans la région des Ardennes et le danger qui a menacé l’Alsace est écarté avec la réduction de la poche de Colmar. Le haut commandement allié reprend aussitôt l’exécution de sa vaste manœuvre offensive. Cette fois, les conditions sont bien différentes de celles où s’étaient déroulées les opérations deux mois et demi plus tôt. Le commandement allemand de l’Ouest n’a presque plus de réserves pour étayer ses premières lignes. Les formidables coups portés par les Alliés vont crever presque partout le mince rideau de troupes, et l’organisation défensive, du Rhin jusqu’au cœur de l’Allemagne, va s’effondrer en quelques semaines.


L’idée de manœuvre anglo-américaine vise à faire porter l’effort principal de l’offensive sur le Rhin, entre Düsseldorf et Mannheim, les Britanniques de Montgomery ayant en charge des opérations à mener au nord, la 7e armée de Patch constituant, au Sud, l’aile droite du dispositif américain. Dans ces conditions, le plan « Éclipse » arrêté en début d’année pour l’invasion de l’Allemagne ne prévoit pour les Français que le forcement du Rhin à Brisach et le contrôle de l’ancien duché de Bade par le 1er CA du général Béthouart. Quant au 2e CA du général de Monsabert, il ne doit avoir qu’un modeste rôle de deuxième échelon en soutien de la 7e armée US. Éventuellement, la mission impartie aux Français pourrait s’étendre à la fermeture de la frontière germano-suisse, après un franchissement du Rhin dans la région de Brisach et l’occupation du couloir badois, entre le fleuve et la Forêt-Noire, au sud de Karlsruhe. En fonction de ce plan, de Lattre est contraint de restituer tout le matériel de franchissement lourd aux Américains. En conséquence, les possibilités pratiques du franchissement du Rhin par les Français sont extrêmement limitées. Et alors que quatre-vingts divisions alliées sont concentrées sur un front de 530 kilomètres, la 1re armée française, avec sept divisions, se doit de tenir 200 kilomètres entre Bâle et la frontière franco-allemande.


Au mois de février 1945, les jours du IIIe Reich sont comptés. L’Allemagne est encerclée de toutes parts. Jour et nuit, son territoire est écrasé par les bombardements aériens anglo-américains qui visent autant l’écroulement du moral des populations civiles que la destruction d’objectifs économiques et militaires ; la suprématie aérienne des Alliés est totale. Le 22 février, l’opération « Clarion » utilise 9 000 appareils. Le 11 mars, 2 079 bombardiers lancent 5 000 tonnes de bombes sur Essen. Le 12, 1 108 bombardiers déversent 5 487 tonnes de bombes sur Dortmund. Du 12 au 24 mars, les forces aériennes alliées effectuent 42 000 sorties, bombardant des villes déjà en ruines, chassant de l’air les restes de la Luftwaffe, appuyant les troupes au sol au moindre accrochage. À l’Est, où Staline dispose de 150 à 160 divisions appuyées par une artillerie innombrable, le rouleau compresseur de l’armée soviétique a, depuis la mi-janvier 1945, franchi les frontières allemandes, répandant la terreur parmi la population. Au plan politique, la conférence de Yalta, du 4 au 14 février6, qui réunit Staline, Roosevelt et Churchill, décide des modalités consécutives à une capitulation sans condition d’une Allemagne déjà virtuellement vaincue. Quatre zones d’occupation sont prévues ; la France recevra une partie du secteur attri- bué aux Américains, en réalité la partie conquise par la 1re armée fran- çaise. Décision arrachée par Churchill en l’absence de représentant du Gouvernement provisoire, Staline jugeant la participation française au conflit notoirement insuffisante. En Asie, les Britanniques ont pris l’of- fensive en Birmanie, mais les Japonais prennent le contrôle de l’Indo- chine française lors du coup de force du 9 mars 1945. De leur côté, les Américains se rapprochent de plus en plus de l’archipel nippon, qu’ils bombardent depuis Saïpan, et achèvent la libération des Philippines. Une seule question se pose : quel serait le prix d’une invasion du Japon ? C’est la porte ouverte au projet « Manhattan », qui débouchera sur l’autorisation par le président Truman d’un bombardement nucléaire des villes de Hiroshima et Nagasaki pendant que les Soviétiques volent au secours de la victoire en envahissant la Mandchourie, juste revanche pour Staline de la félonie de Port-Arthur en 1905.
Le 21 février, les Soviétiques passent la Vistule, l’Oder le 12 mars. Dantzig tombe le 29. À l’Ouest, acteurs et moyens sont prêts. Après un bref temps d’arrêt qu’Eisenhower appellera « consolidation du front », les Américains se lancent à l’assaut de l’Allemagne, De son côté, ayant tiré les leçons d’Arnhem, Montgomery s’apprête à franchir le Rhin en s’appuyant sur l’opération « Varsity », qui met au sol trois divisions aéroportées (1re, 6e, 17e Airborne) le 24 mars 1945 en ne perdant que quarante-cinq appareils.

À la suite de cette période difficile qui se prolonge à l’Ouest jusqu’en février, date de la libération de l’Alsace, les Anglo-Saxons préparent leur offensive de printemps, pour laquelle Eisenhower a prévu trois phases : anéantissement des forces ennemies à l’ouest du Rhin, constitution de têtes de pont à l’est du fleuve et pénétration au cœur de l’Allemagne. La première phase donne lieu à de très sérieux combats menés par le 21e groupe d’armées britannique aux ordres du maréchal Montgomery. Britanniques de la 2e armée du général Dempsey, Canadiens de la 1re armée du général Crerar et Américains de la 9e armée du général Simpson se lancent à la conquête du Rhin et de l’Allemagne du Nord- Ouest. Au centre, le général Bradley commande le 12e groupe d’ar- mées US comprenant les 1re et 3e armées US qui marchent sur Bonn et Cologne. Au Sud, le général Devers, commandant le 6e groupe d’ar- mées, pénètre en Allemagne avec la 7e armée US flanc-gardée par la 1re armée française qui souhaite s’emparer de Stuttgart.


La première phase de l’offensive générale des alliés occidentaux qui s’étend du 8 février au 10 mars 1945 et qui les amène de la Hollande au Rhin, au sud de Remagen, lors de l’opération « Véritable » est, cette fois encore, précédée d’une action aérienne extrêmement puissante, destinée à empêcher l’ennemi de déplacer ses renforts et à détruire ses organisations de toute nature. Les 8e et 15e forces aériennes stratégiques américaines et les unités de bombardement de la RAF paralysent les voies ferrées et rendent les routes en partie impraticables. Les 1re et 2e forces aériennes tactiques britanniques et la 9e US Air force prennent à partie les troupes, les ponts et le matériel roulant. Les attaques contre les aciéries et les raffineries de pétrole s’intensifient. Des tonnes d’explosifs s’abattent sur les points d’appui fortifiés et les nœuds de communi- cation de la zone à enlever. Le plan du maréchal Montgomery consiste à pousser la 1re armée canadienne, sérieusement renforcée d’une division blindée polonaise, de la brigade belge Piron et de contingents des Pays-Bas et de Tchécoslovaquie, soit près de 200 000 hommes, au sud de Nimègue, entre Meuse et Rhin, de façon à déborder par le nord de la ligne « Siegfried », puis, quand l’ennemi aura amené une partie de ses réserves sur ce secteur, de porter, avec la 9e armée US, un coup pénétrant au-delà de la Roer, en direction de Dusseldorf, de façon à faire tomber tout le front de Venlo au nord de Julich. La 1re armée US du général Hodges, conjuguant ses efforts avec ceux de la 9e armée, marchera en même temps sur Cologne, et la 3e armée US de Patton, maintenant sans arrêt sa pression au nord de la Moselle, fixera de ce côté une partie des disponibilités adverses.


Le 8 février, la 1re armée canadienne, augmentée d’une partie de la 2e armée britannique, se lance à l’attaque sur un front de huit kilomètres, vers Clèves et Goch. Malgré un terrain en partie inondé par la rupture des barrages de la Roer provoquée par les Allemands et sur lequel les assaillants sont obligés d’employer des véhicules amphibies au lieu de chars normaux, en dépit d’une défense acharnée de l’ennemi, les Canadiens parviennent à enfoncer les fortifications successives de la ligne « Siegfried ». Clèves est enlevée le 12 février et la forêt de Reichswald, entre Clèves et Goch, nettoyée le lendemain. À gauche, le Rhin est atteint au point où passe la frontière de Hollande. Au début de l’at- taque, ce secteur était tenu par deux divisions parachutistes allemandes, mais, dans les jours suivants, trois nouvelles divisions parachutistes et quatre divisions d’infanterie, renforcées par trois Panzerdivisionen ou Panzergrenadieren venues de la région de Cologne, sont engagées. Goch, important point d’appui de la ligne « Siegfried », tombe le 21 et Calcar le 28 février. L’intention primitive du maréchal Montgomery était de déclencher l’opération « Grenade », c’est-à-dire l’attaque de la 9e armée US, deux jours après celle de la 1re armée canadienne. Mais la destruc- tion des barrages de la Roer par les Allemands, le 9 février, contraria ce projet. La rivière déborda et son courant prit une vitesse torrentielle : pendant quinze jours, le franchissement de cette ligne d’eau fut impossible. Se basant sur la sécurité que lui donnait cet obstacle à l’est d’Aix- la-Chapelle, le haut commandement allemand préleva dans ce secteur des unités qu’il opposa à la 2e armée canadienne, dont l’avance mena- çait directement la Ruhr. Aussi, quand, le 28, la 9e armée US, liant son action à celle de la gauche de la 1re armée US, débouche sur la Roer, sur un front de quarante kilomètres, elle rencontre des forces dépourvues de profondeur et gagne rapidement du terrain. Duren et Julich sont pris le 25 février. La Roer franchie, les blindés et l’infanterie motorisée des 1re et 9e armées américaines se précipitent à travers la brèche. La 9e armée US s’empare de Mönchengladbach le 2 mars. Puis elle atteint le Rhin à Neuss, immédiatement en amont de Düsseldorf. Appuyant sa droite à l’Erft, le général Simpson progresse droit vers le nord, à la rencontre de la 2e armée canadienne. Le 3, toute la ligne de la Meuse, avec Roermond et Venlo, s’effondre, et Crefeld est pris.


Pendant ce temps, les Canadiens ont poursuivi leur dure progression vers le sud. Au début de mars, ils ont rompu une position d’arrêt allemande établie sur le front de la forêt de Hochwald-Geldern et ont contraint les débris de la 1re armée parachutiste allemande à se replier au-delà du Rhin, ne conservant sur la rive gauche que quelques têtes de pont. Le 4 mars, la jonction s’établit vers Geldern entre la 9e armée US venant du sud et la 1re armée canadienne s’avançant du nord. À ce moment, le dispositif allemand, à l’ouest de la Ruhr, est complètement dissocié. La 9e armée pousse jusqu’au Rhin sur tout son front. Les têtes de pont de Xanten, Wesel, et Offenburg sont conquises le 11 mars, après de sévères combats.


La 1re armée US a attaqué le 23 février à la droite de la 9e armée en direction de Cologne. Elle a atteint et franchi la coupure de l’Erft le 1er mars. De là, exploitant sans délai la dislocation du dispositif nazi, elle accélère sa progression dans deux directions divergentes : au sud, sa droite se porte vers Euskirchen, qui est occupé le 5 mars ; sa gauche pousse droit sur Cologne qui est enlevée le 6. La colonne parvient sur le Rhin à Remagen le 7 et trouve intact le pont du chemin de fer. La défense du pont Ludendorff est assurée par une compagnie de grena- diers du bataillon d’instruction 80 de Coblence à l’effectif de trente- six hommes, la plupart anciens blessés, encore soignés et en cours de convalescence. Leur mission est de protéger le pont contre des opé- rations de sabotage ennemies – particulièrement contre d’éventuelles troupes aéroportées –, d’assurer la défense terrestre du pont en cas de percée ennemie et de protéger les opérations de destruction de la compagnie de génie du pont s’il y a lieu. Elle est équipée de sept mitrailleuses de diverses provenances, de lance-grenades russes et d’un canon antichar italien. La 12e compagnie du régiment du génie territorial no 12 stationnée au pont Ludendorff est commandée par le capitaine Friesenhahn. Elle est constituée d’une quarantaine de sapeurs très âgés et de convalescents. On trouve également des unités de l’armée de l’air, des jeunesses hitlériennes, des hommes du service du STO, d’un bataillon logistique, des troupes territoriales équipées de fusils français (sans munitions !) et même une compagnie de propagande. La défense antiaérienne repose sur une trentaine de pièces FLAK de tous calibres et des missiles de type Föhn. Les abords du pont sont protégés par des réseaux de fil de fer barbelé et des positions d’infanterie.


Le 7 mars 1945, la Task force Engeman, de la 9e DBUS arrive sur les hauteurs de Remagen vers 13 heures sans beaucoup de résistance. Cette colonne est accompagnée d’un Piper-cub d’observation aérienne, qui aperçoit des colonnes allemandes en retraite sur le pont ferroviaire Ludendorff apparemment intact. Son compte rendu au 16e bataillon d’artillerie est aussitôt transmis au général Hoge, commandant le combat command B, puis à la division qui ordonne à la TF Engemann de prendre le pont sans attendre. Bientôt, la pointe de la colonne constituée de la section du lieutenant Burrows atteint le restaurant Waldschlössen juste au-dessus de l’église Apollinarisskirche d’où il a une vue superbe sur le pont et la vallée du Rhin. Au niveau de la défense allemande du pont, une certaine confusion règne dans le commandement, les troupes ne sont pas motivées ou ont été transférées, et les hommes du Volksturm se cachent pour ne pas mourir en héros au nom du Führer. La compagnie du génie du capitaine Friesenhahn n’a reçu que 300 kg de Donarit, un explosif civil destiné aux carrières, qui est moins puissant. Ce dernier sera mis en place sur les superstructures métalliques au-dessus du pilier de la rive droite. Au cours de l’après-midi du 6 mars 1945, le capitaine Friesenhahn donne l’ordre de faire démonter le platelage du pont, des travaux qui seront achevés vers 21 heures, mais le service des chemins de fer insiste pour faire passer encore douze trains au cours de la nuit. Le franchissement du pont reste ouvert jusqu’au 7 mars à 13 heures.


À cette même heure, les GI’s du lieutenant Timmermann voient le pont pour la première fois. La compagnie A a été désignée pour descendre dans l’agglomération derrière quatre chars lourds de type M 26 Pershing du lieutenant Grimball. La colonne s’est mise en route à 14 heures. Les soldats progressent de maison en maison tandis que la population civile agite des draps blancs. En arrivant à la berge du Rhin, les blindés de Grimball aperçoivent, à 800 mètres en amont, un train qui s’éloigne. Après quelques coups de canons de 90 mm, ils détruisent la locomotive. Puis trois blindés prennent position près du pont pour le prendre sous leur feu et éviter tout mouvement des troupes allemandes.

Quatre Pershing couvrent la berge vers le sud, et les fantassins de Tim- mermann s’approchent du pont, pris sous le tir d’une pièce antiaérienne de 20 mm de la rive droite, qui est immédiatement détruite. Malgré la confusion et la débandade de leurs troupes, les chefs allemands essaient d’organiser la défense, puis la destruction du pont. À 14 h 20, le capitaine Friesenhahn reçoit l’ordre du commandant Scheller du 68e AK de le faire sauter alors qu’il est déjà sous le feu des blindés américains ; il procède lui-même à la mise à feu, mais celle-ci ne fonctionne pas. Il ne reste plus qu’à actionner la charge de secours qui explose à 15 h 40. Le pont se soulève légèrement et retombe sur le pilier. Les charpentes métalliques sont tordues et le tablier laisse apparaître un grand cratère.


Le lieutenant-colonel Engeman donne l’ordre de prendre le pont et à l’artillerie de masquer l’opération en tirant des obus fumigènes sur la rive droite et aux blindés de couvrir l’assaut. Le lieutenant Tim- mermann rassemble sa compagnie pour préparer l’attaque ; alors que les fantassins de la compagnie A se préparent, une seconde explosion retentit. Mais lorsque la fumée s’est dissipée, Timmermann constate que le pont est encore intact malgré des dommages importants. Sans attendre, il donne l’ordre d’assaut aux sections 1, 3 et 2, accompagnées d’un groupe de sapeurs chargés de neutraliser les dispositifs de mise à feu. Juste avant 16 heures, le sergent Alex Drabik arrive en tant que premier Américain sur la rive droite du Rhin. Quelques minutes plus tard, les soixante-dix hommes de la compagnie A organisent la défense de la petite tête de pont et, ayant été renforcés, reconnaissent le tunnel qui prolonge le pont. À 16 h 18 le général Hoge rend compte au général Harrold, commandant la 9e DBUS que le pont de Remagen a été pris intact. Le commandant Scheller ayant disparu, sans liaison avec l’éche- lon supérieur et compte tenu de l’état de ses troupes, à 17 h 12, le capi- taine Bratge ordonne à ses officiers de cesser le feu, et les défenseurs se rendent avec soulagement. Aussitôt, les sapeurs entreprennent le déminage du pont ; la TF Engeman s’empare de la colline de l’Eperler-Ley et sécurise le secteur. Toutes les troupes encore disponibles sont envoyées pour renforcer la tête de pont.

Des points de franchissement à l’aide de petits chalands de débar- quement de type LCVP et de véhicules amphibies de type DUKW7 sont aménagés en amont et en aval du pont.
Dans les premières vingt-quatre heures après la prise du pont, 8 000 soldats des 9e DBUS et 78e DIUS franchissent le Rhin et défendent la tête de pont, rejoints ultérieurement par des éléments de la 99e DIUS. Le 8 mars à 0 h 15, le platelage du pont est réparé ; cinq Sherman franchissent le pont prudemment. Deux contre-attaques allemandes, menées par le major Strobel contre la tête de pont, sont refoulées. Mais il est clair que les Allemands ne vont pas renoncer et qu’il faut renforcer la défense, notamment la DCA autour du pont et empêcher les sabotages par des moyens nautiques en tendant des filets de protection en travers du fleuve à Leubsdorf. Par ailleurs, une couverture aérienne est mise en place par la 9e US Air force, qui permet au génie de réparer le pont et de réaliser plusieurs autres points de franchissement. À cet effet, à compter du 9 mars 1945, le 86e bataillon de ponton- niers du génie met en œuvre trois portières de franchissement lourdes à cinq supports flottants munies de moteurs hors-bord. En même temps, l’US Navy met en place vingt-quatre chalands de type LCVP en amont et en aval du pont, chaque engin pouvant emporter trente-six hommes ou quatre tonnes de matériel. Le 11 mars à 7 heures, les premiers véhi- cules du 3e CAUS passent sur un pont flottant de type Treadway installé en aval du pont de Remagen par le 291e bataillon de combat du génie. Ce pont a été construit sous les tirs de l’artillerie allemande. Le 18, le 7e CAUS installe son second pont flottant près de Mehlem-Königswin- ter. Deux autres ponts flottants sont encore installés les 20 et 22 mars, ce qui permet de faire franchir le Rhin à toute la 1re armée US du général Hodges, au grand dam de Montgomery. Celui-ci, dans le plan primitif, devait franchir le Rhin en premier, et le 21e groupe d’armées britannique avait reçu l’essentiel des moyens de franchissement qui ont été enlevés aux autres armées, et même à la 1re armée française, qui a perdu une grande partie de ses moyens de pontage américains. Ne décolérant pas, le maréchal britannique en appelle à Churchill afin qu’il intervienne auprès de Roosevelt pour limiter l’extension de la tête de pont de Remagen. Sans succès. Au contraire, aiguillonné par le succès de Hodges, le 22 mars, Patton ouvre une deuxième tête de pont près de Nierstein-Oppenheim, un jour avant le premier franchissement du Rhin des troupes du maréchal Montgomery.


Si, pour les Américains, la prise du pont de Remagen est un coup de chance, pour l’OKW, c’est une catastrophe. Hitler est fou de rage ; il limoge von Rundstedt, commandant en chef du front ouest, qu’il remplace par Kesselring, et demande la tête des responsables de cette catastrophe, et en premier lieu celle de Scheller. L’OKW essaye de réduire cette tête de pont par tous les moyens possibles. Plusieurs unités ou Kampfgruppen de Panzergrenadieren, des détachements blindés sont lancés contre Remagen au fur et à mesure de leur arrivée, mais sans grande réussite, la supériorité américaine étant déjà bien établie. L’artil- lerie arrive tout juste à perturber la construction du premier pont flot- tant américain. Un ancêtre, un mortier de type Karl de 540 mm arrive toutefois à tirer quatorze obus de 1 580 kg contre le pont, sans résultat. La Luftwaffe réalise 427 attaques entre le 7 et le 21 mars avec des avions classiques de type Focke-Wulf 190, Me 109 et Ju 87 Stuka, et des avions à réaction de type Me 262 et Arado Ar 234. Lorsque le pont s’écroule le 17 mars 1945, c’est surtout dû aux dégâts des destructions du génie et non aux quelques dommages causés par les attaques aériennes. Du 7 au 14 mars, l’aviation allemande perd quatre-vingts avions au-des- sus de Remagen. Les forces spéciales de la Kriegsmarine sont également engagées contre le pont Ludendorff. Le 9 mars 1945, le groupe Puma essaye de mettre à l’eau des sous-marins de poche de type Biber équipés de mines torpille TMC près de Höningen. Mais compte tenu du secret de cette opération, cette unité ne reçoit pas le soutien nécessaire et l’opération échoue. Le 12 mars, le même groupe, fort de douze nageurs de combat, essaye de lancer six torpilles avec les Biber. Mais les poids lourds qui transportent les engins restent bloqués sur le chemin d’accès et sont pris sous le feu de l’artillerie américaine qui les a repérés. Une tentative est faite le 17 mars à l’aide des fusées V 2 tirées à partir des Pays-Bas, une zone située à 200 km du pont. Le pont, qui s’est écroulé au cours de l’après-midi, n’est pas touché. Ce sont surtout la ville de Remagen et les villages d’Oedingen et Nierendorf qui sont victimes des V 2, causant la mort de militaires américains et de civils allemands. Le soir du 18 mars, sept nageurs de combat SS, équipés de charges de plas- tic de trois kilos, tentent de saboter le pont, mais ils sont tous tués avant d’avoir pu approcher du pont. Enfin, dans la nuit du 19 au 20 mars, les nageurs de combat tentent de mettre à l’eau soixante-trois mines flot- tantes pour les amener sur le pont. Mais une patrouille américaine sur- prend les plongeurs et fait échouer la tentative contre les ponts flottants.

*
**

Peu à peu, les Alliés prennent pied sur la rive droite du Rhin et la deuxième phase de la manœuvre d’Eisenhower étend la zone conquise par les Anglo-Saxons jusqu’à la Moselle entre le 22 février et le 13 mars. Le terrible ébranlement causé dans le dispositif allemand par l’irruption des 9e et 1re armées vers la région de Cologne ne tarde pas à se propager plus au sud, dans une région où les défenseurs, dépourvus de réserves, sont impuissants à couvrir la menace sur les flancs que crée de divers côtés la rapide progression des Alliés. La 3e armée, qui n’a jamais cessé d’exercer une forte pression vers l’est, se resserre sur sa gauche, après avoir cédé le secteur de Sarrebruck à la 7e armée Celle-ci appuie vers le nord, et sa droite est renforcée jusqu’au Rhin par des éléments de la 1re armée française. Le 8 février, la 3e armée avait franchi l’Our et la Saur, à la frontière est du grand-duché. Le 12, elle s’était emparée de Prum, à l’est de Saint-Vith. L’ennemi commença alors à se replier suc- cessivement de la ligne « Siegfried » à la Prum et de la Prum à la Kyll. Par cette offensive persistante, l’armée Patton a efficacement coopéré à l’action des armées qui ont brisé l’organisation ennemie à l’ouest de la Ruhr, en retenant en face d’elle une partie des réserves allemandes.


À partir du 22 février, la 3e armée US élargit son action au sud et pousse vigoureusement vers le Rhin, par les deux rives de la Moselle. Au sud, elle attaque sur la Sarre le 22, enlève Saarburg et établit une tête de pont à l’est de la rivière. Un détachement blindé qui avait percé la ligne « Siegfried » de ce côté remonte vers le nord et s’empare de Trèves le 2 mars. Au nord, la Prum est traversée le 25 février sur un vaste front. Bitburg est enlevée le 27. Des têtes de pont sont établies au-delà de la Kyll le 5 mars. Deux colonnes blindées se lancent alors au-delà de cette rivière et après une progression de quatre-vingt-cinq kilomètres arrivent sur le Rhin au nord-ouest de Coblence. Le 9 mars, les 1re et 3e armées américaines opèrent leur jonction au nord Coblence, encerclant une quinzaine de divisions allemandes, dont une blindée, qui sont partiel- lement détruites.
Au cours de l’opération « Plunder », lancée le 13 mars 1945, la 2e armée britannique et la 9e armée US franchirent le Rhin à diffé- rents points au nord de la Ruhr. L’opposition allemande s’effondrait rapidement à l’Ouest. La 1re armée canadienne effectue un mouvement d’encerclement par la gauche et libère la Hollande du nord, tandis que la 2e armée britannique occupe la majeure partie du nord-ouest de l’Allemagne et libère le Danemark. La 9e armée US forme le bras nord de l’encerclement des forces allemandes piégées dans la poche de la Ruhr. À cette même date, Patton borde la rive gauche de la Moselle, de Trèves à Coblence. La ligne du Rhin est atteinte de la Hollande à la Moselle.


Le flanc nord du secteur de la Sarre est dégagé, ce qui permet d’en- gager la troisième phase de l’offensive, du 13 au 25 mars, qui se caractérise par l’effondrement de la résistance allemande en Sarre et dans le Palatinat. Les troupes du général Devers qui, du 10 février au début mars, sont restées sur ordre dans une situation de « défense agressive », entrent en action le 15 mars 1945. L’ennemi n’occupe plus alors sur la rive gauche du Rhin que le losange irrégulier compris entre le grand fleuve, la Moselle, la Sarre et la partie nord de l’Alsace. Il dispose encore sur ce territoire de forces importantes : seize divisions sont déployées sur la Sarre et la ligne « Siegfried », et les éléments de huit autres divi- sions repliées de l’Eifel et du Hunsrück sont répartis face au nord-ouest derrière la basse Moselle. Pour faire tomber ce dernier bastion, les Alliés vont effectuer trois attaques convergentes : la 7e armée prendra l’offen- sive de Sarrebruck à l’Alsace, tandis que la 3e armée portera deux coups pénétrants sur des fronts étroits, l’un de Trèves vers Kaiserslautern, l’autre, au sud-ouest de Coblence, parallèlement au Rhin, en direction de Bingen et de Mayence. Enfin à l’extrême droite, le 2e CA français poussera au-delà de la Lauter, face au nord. Ces attaques simultanées, frappant un adversaire chancelant mais dont les éléments opposent néanmoins une résistance farouche et désespérée, doivent provoquer l’effondrement total de son dispositif.

Le 13 mars, la droite de la 3e armée entame sa progression au sud-est de Trèves. Le 14, la 7e armée attaque sur Sarrebruck. Le même jour, la gauche de l’armée Patton établit une tête de pont large et profonde sur la Moselle, au sud-ouest de Coblence. Le 16, des unités blindées, se lan- çant au-delà de cette tête de pont, progressent de cinquante-cinq kilo- mètres, atteignent Bad-Kreuznach et saisissent deux ponts intacts sur la Nahe. Du côté de Trêves, l’attaque de droite de la même armée a pénétré dans la seconde position de la ligne « Siegfried ». Le 18, un vaste pan de la défense tombe dans cette région : Merzig est prise par la 7e armée. Au Nord, Coblence est nettoyée. Le 19, les blindés de Patton, remontant la Nahe, occupent Bingen. Le même jour, à l’aile droite, les forces françaises, qui viennent de terminer la libération de l’Alsace, passent la Lauter et pénètrent en Allemagne. Le 20, enfin, tout l’appa- reil allemand entre la Moselle et l’Alsace s’écroule sous ces multiples pressions convergentes. La 7e armée s’empare de Sarrebruck et de Deux- Ponts. Les unités de la 3e armée venant de Trèves, après une avance de cinquante kilomètres, parviennent à Kaiserslautern et opèrent leur jonction avec les colonnes blindées descendues du nord. Les restes de quatre divisions allemandes se trouvent encerclés dans la région de la haute Nahe. Le 21 mars, la 7e armée entre en contact avec les éléments de la 3e au sud de Kaiserslautern. Les blindés de la 3e armée, conti- nuant leur course rapide le long du Rhin, s’emparent de Worms et de Ludwigshafen. Le 23, Mayence, Landau et Spire tombent. Le 25, les Alliés sont complètement maîtres de toute la rive gauche du Rhin. En six semaines, la marche occidentale de l’Allemagne a été entièrement conquise. Le nombre de prisonniers faits depuis le 1er mars au cours de cette bataille décisive s’élève à 250 000 hommes.

*
**

Le 12 janvier 1945, l’armée Rouge est repartie à l’offensive en direc- tion de l’Oder, qui marque la frontière entre l’Allemagne et la Pologne, approximativement à soixante-dix kilomètres à l’est de Berlin. Les forces de la Wehrmacht, en grande infériorité aussi bien en matériel qu’en effectifs, ont subi une lourde défaite sur les rives de la Vistule le 21 février et doivent se replier vers l’Oder, où elles reconstituent un front stable pour couper la route de Berlin. En Prusse orientale, en Poméranie et en Silésie, les soldats allemands combattent avec acharnement jusqu’en avril pour défendre ces régions appartenant historiquement au Reich et pour protéger la population livrée à la vindicte des soldats soviétiques. Les navires de la Kriegsmarine interviennent de manière efficace, contribuant par leur puissance de feu à la défense et permettant l’évacuation de centaines de milliers de soldats et de civils avant l’arrivée des troupes soviétiques. Fin février, dans ce secteur crucial, le Heeresgruppe A, commandé par le général Joseph Harpe, fort d’une trentaine de divisions disparates a en face de lui 2,2 millions d’hommes des 1er front de Biélorussie et 1er front d’Ukraine, deux groupes d’armées commandés respectivement par les maréchaux Georgi Joukov et Ivan Koniev. En Silésie, l’avance de l’armée Rouge a été foudroyante, Breslau et Kielce sont menacées d’encerclement. Cracovie est tombée le 19 janvier. Dans les faubourgs, l’armée soviétique a libéré le 20 janvier le camp de concentration de Plaszow, dont les prisonniers avaient été évacués vers Auschwitz au début du mois. Au même moment, à Auschwitz et dans les camps annexes, démarrait la marche de la mort qui vit 60 000 déportés acheminés vers des camps en Allemagne. Le 27 janvier, l’armée Rouge libé- rait les camps d’extermination d’Auschwitz-Birkenau, où se trouvaient encore 7 000 détenus grabataires que les Allemands ont laissés mourir sur place. Le 15 février, l’encerclement de Breslau est complet et le siège du camp retranché commence. Il est mené par les 5e et 6e armées de la garde. Environ 50 000 Allemands sont retranchés dans la ville sous le commandement du général von Ahifen, puis, à partir du 5 mars, du général Niehoff. La garnison se compose de la 269e VGD, de la 17e ID, d’un train blindé, d’un régiment SS, de deux bataillons de Hitlerjugend fanatisés et de vingt-six bataillons de Volksturm peu motivés. Le siège durera soixante-dix-neuf jours, jusqu’au 6 mai 1945, date de la reddi- tion de la garnison. Le 21 février, les Soviétiques passent la Vistule, puis l’Oder le 12 mars. Dantzig tombe le 29 mars.


Alors que la Prusse et la Poméranie sont envahies, que l’étau se resserre autour de Berlin, les Soviétiques progressent également sur le reste du front de l’Est. Entre la Drave et les Carpates, le groupe d’armées sud du général Woehler a bien essayé de rompre le blocus de Budapest, mais cet effort, même s’il a permis de reprendre l’importante position de Szekesfehervar, a épuisé les forces vives de la VIe armée aux ordres du général Balck. Cet échec scelle le sort du IXe SS Gebirgskorps commandé par le général Pfeffer-Wildenbruch, qui forme la garnison de la capitale hongroise. Le 15 février, le château de Buda, dernier réduit de la résistance allemande tombe entre les mains des troupes du 2e front d’Ukraine du maréchal Malinovski, tandis que celles du 3e front d’Ukraine du maréchal Tolbhoukine achèvent le nettoyage de Pest. Selon les Russes, 11 000 Allemands auraient été tués et 110 000 faits prisonniers. Des chiffres très certainement exagérés, mais qui n’en consacrent pas moins l’anéantissement de la XIIIe PzD, de la PGD Feldherrnhalle et de la division de cavalerie SS Ungarn.


Le 6 mars, la VIe Panzerarmee du général Sepp Dietrich passe à l’of- fensive au débouché des positions de Szekesfehervar. Hitler attend un miracle de cette offensive, voire la reconquête du pétrole de Ploesti en Roumanie ! À cet effet, le 3e front d’Ukraine doit être anéanti sous l’impact d’une triple attaque : à gauche la VIe Panzerarmee, qui comprend huit divisions blindées, dont les PzD Adolf Hitler, Das Reich, Hohenstaufen et Hitlerjugend, trois divisions d’infanterie et deux de cavalerie, hérite de l’effort principal avec pour objectif Dunaföldvar sur le Danube, puis l’exploitation de son succès vers le sud en s’appuyant à gauche au fleuve et droite au lac Balaton. La IIe Panzerarmee, forte de six divisions d’infanterie, doit accrocher Tolboukhine en attaquant en direction de Kaposvar, entre le lac Balaton et la Drave. À gauche, le groupe d’armée « E » du général Löhr, qui est opposé au maréchal Tito, doit lancer à travers la Drave un corps d’armée à trois divisions et le pousser sur le Danube à Mohacs. Dès le début, l’offensive connaît des difficultés ; aussi bien sur la Drave qu’au sud du lac Balation, l’attaque allemande s’épuise au bout de quarante-huit heures. Les blindés de la VIe Panzerarmee réussissent à entamer les lignes de Tolboukhine, mais l’infanterie ne suit pas et les canons automoteurs soviétiques stoppent Sepp Dietrich à vingt-cinq kilomètres du Danube.

Le 16 mars, Malinovski et Tolboukhine contre-attaquent. Le premier se propose d’acculer la VIe Panzerarmee au Danube entre Esztergon et Komaron ; le second, en poussant par le nord-ouest des lacs Balaton et Velenczy, de tronçonner à sa base le saillant creusé dans les lignes soviétiques par l’attaque de la VIe Panzerarmee. Dès le 21 mars, les troupes du 2e front d’Ukraine atteignent leur premier objectif et isolent quatre divisions de la VIe Panzerarmee. En revanche, Tolboukhine se heurte les 16 et 17 mars à une résistance si forte de la part du IVe SS PzK, qui forme la droite de Balck, que la Stavka met à sa disposition la 6e armée blindée de la Garde. Du côté allemand, pour enrayer la poussée de Malinovski, Woehler prélève deux divisions blindées sur la VIe Panzerarmee. La disproportion s’aggravant de plus en plus entre l’attaque et la défense, Dietrich réussit à évacuer le saillant qu’il avait conquis entre le 6 et le 12 mars, puis, le 24 mars, à sortir ses troupes du goulot de Szekesfehervar. Mais, sous les coups conjugués de l’aviation, de l’artil- lerie et des blindés, ce ne sont que des débris d’unités sans matériel ni cohésion qui parviennent à s’échapper. Le 27 mars, la 6e armée blin- dée de la Garde se trouve à Veszprem et Devecser, à plus de soixante- dix kilomètres de sa base de départ. Le 29, Tolboukhine franchit la Raab à Sarvar et Malinovski fait de même à Györ, au confluent de cette rivière et du Danube. Après la Silésie, les pays Baltes et la Prusse, à son tour, le front de Hongrie vient de s’effondrer malgré les efforts de Woehler et de Dietrich qui ont perdu onze divisions blindées entre le 16 et le 27 mars. Woehler est relevé de son commandement le 4 avril, lequel est confié au général Rendulic rappelé de Courlande.

Pierre Dufour

 

Si cet extrait vous a intéressé,
vous pouvez en lire plus
en cliquant sur l'icone ci-dessous

La campagne de l'Allemagne - printemps 1945