UN BREF HISTORIQUE MAÇONNIQUE

Symbole de Tanit, la déesse-mère carthaginoise sur une mosaïque de la maison des dauphins, à Délos, en Grèce
Symbole de Tanit, la déesse-mère carthaginoise
sur une mosaïque de la maison des
dauphins, à Délos, en Grèce


La franc-maçonnerie, société initiatique fermée, et non secrète, utilise des mots et des formules provenant principalement du métier de constructeur, en attachant à ces termes une pensée spirituelle, un sens symbolique. La Grande Loge de Londres s’est formée, le 24 juin 1717, à partir de la réunion de quatre loges peu anciennes. Newton (1642-1727) influence spirituellement cette institution dont vingt-trois membres appartiennent à l’Académie royale et compte son assistant, le pasteur Désaguliers, né à La Rochelle en 1683, chassé de France par la révocation de l’édit de Nantes.

À l’équinoxe d’hiver de la même année (22 septembre 1717), John Toland (1670-1722) fonde à Londres le Druid Order, qui sur des principes druidiques aborde les mêmes principes de tolérance, d’ouverture spirituelle ; de nombreux francs-maçons adhèrent ainsi à la résurgence celtique. L’Université d’Oxford a une forte influence sur cet état d’esprit ; John Toland y a créé en 1705 le Panthéisme, secondé par William Stukeley (1687-1765), maçon en 1721, membre de la Royal Society, qui est un des quatorze rédacteurs des « Constitutions d’Anderson », et qui devient Grand Druide en 1722. Que de rapprochements !

Les « Constitutions d’Anderson » de 1723 (du pasteur calviniste 1684-1739), puisent leur organisation dans les Vieux Devoirs (les Old Charges), ces chartes de l’institution médiévale des ouvriers du bâtiment, ancêtres des Compagnons4. Désaguliers et Anderson donnent à la Grande Loge de Londres un caractère universaliste, reconnaissant toutes les religions chrétiennes ; on y perçoit une éthique platonicienne qui entend lutter contre tous les dogmatismes. Soutenue par la maison protestante de Hanovre (les orangistes) cette maçonnerie s’oppose à la maçonnerie stuardiste ou jacobite, catholique, le roi déchu Jacques Stuart s’étant réfugié à Saint-Germain-en-Laye. Le pape Clément XII condamne, le 4 mai 1738 par la bulle In Iminenti, cet esprit d’œcuménisme et soutient les Stuart.

Des loges irlandaises plus anciennes, pratiquant le Craft, se liguent en 1751 sous la direction de Dermott (1720-1791) et publient en 1756 leur Constitution Ahiman Rezon ou « Lois des Frères désignés » ; ils se recommandent de la succession du prince Edwin qui à York en 936 leur aurait donné leurs instructions. Leur rite repose sur des rituels anciens, non unifiés. Ces Ancients maçons nomment ceux de Londres, les Moderns.

Alors qu’on assiste aux répressions sanglantes contre les Protestants, ce mouvement qui est ouvert à toutes les classes sociales, à toutes les religions, remporte un vif intérêt. Les initiations ont lieu en France dès 1725, en Amérique en 1730, en Allemagne en 1735, puis dans tous les pays.
Lors de l’union des Ancients et des Moderns, en 1813, c’est finalement la Tradition (celle des Ancients) qui marque l’esprit de la nouvelle obédience (Grande Loge Unie d’Angleterre) qui s’éloigne de l’esprit d’œcuménisme prôné par Désaguliers.

À l’origine, ce mouvement ne reçoit que des « hommes libres », ceux qui ont une existence légale, ce qui exclut femmes, esclaves, Juifs. Très tôt, s’institue une « maçonnerie d’adoption » où les femmes travaillent sous la direction des hommes. Il faut avoir l’âge de raison (vingt et un ans) pour pouvoir être initié, mais les enfants de maçons, les « louveteaux », peuvent adhérer à dix- huit ans, devenu actuellement l’âge légal. Ainsi, Gérard de Nerval (1808-1855), non-maçon, se dit louveteau, son père, le docteur Labrunie ayant été initié à la loge « Les Enfants de Mars » au 27e régiment d’infanterie de ligne.

Parmi les principaux symboles issus du métier de constructeur nous trouvons : équerre, compas, règle, corde à nœuds, maillet, ciseau, levier, niveau, la lettre G, etc...                                                                                         

  Jean-Pierre Bayard 

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Credo maçonnique