Jusqu’au xvie siècle, les traditions juive et chrétienne ont considéré que Moïse était l’auteur du Pentateuque, tandis que l’islam lui reconnaissait un rôle prophétique majeur sous le nom de Moussa. Selon la Bible, la vie de Moïse se découpe en trois parties d’une quarantaine d’années. Dans la première, nous assistons à la découverte par la fille du pharaon d’un berceau qui flottait sur le Nil et dans laquelle elle trouva un nourrisson. Elle le recueillit et, quoique se doutant de son origine hébraïque, l’adopta en lui donnant le nom de Moïse, que l’on pourrait traduire par « celui qui est né des eaux ». Afin de l’élever, elle demanda à une jeune fille qui observait la scène de lui trouver une nourrice parmi les Hébreux. Cette jeune fille, Myriam, la sœur aînée du bébé, lui présenta sa mère. En fait, toujours selon la Bible, Moïse était le fils d’Amram et de Jocabed, tous deux Juifs issus de la maison de Lévi, une des douze tribus d’Israël. Ils étaient issus de première génération des Hébreux qui naquirent en Égypte. À l’époque des faits relatés, le pharaon maintenait les Juifs en esclavage, sous un joug particulièrement rigoureux. Craignant leur puissance croissante, il aurait donné l’ordre d’éliminer les nouveau-nés mâles. C’est pourquoi, afin de le faire échapper à une mort certaine, la mère du futur Moïse l’abandonna près de la rive du Nil après l’avoir caché pendant trois mois. C’est là que la princesse le trouva alors qu’elle se baignait avec ses courtisanes. Elle le recueillit et l’éleva comme un prince à la cour du pharaon. Devenu adulte, Moïse découvrit la misère de son peuple, les Hébreux. C’est ainsi qu’un jour qu’il surprit un contremaître égyptien en train de battre un esclave, son sang ne fit qu’un tour et il tua le tortionnaire. L’affaire s’ébruitant, il fut contraint de prendre la fuite dans le désert, vers le pays de Madian.
La maturation de Moïse
La seconde partie du récit nous décrit comment Moïse prêta main-forte à des bergères, filles du prêtre de Madian, Jéthro, menacées par des bergers. En remerciement, celles-ci lui proposèrent l’hospitalité puis, après quelque temps, Jéthro lui proposa d’épouser sa fille Tsippora, dont le nom fut ensuite traduit en Séphora. Le futur guide partagea pendant de nombreuses années la vie nomade de ces bergers qui faisaient paître leurs moutons dans le désert. Ce n’est quand il atteignit les quatre-vingts ans que commença la troisième partie de la vie de Moïse. Celle du prophète à qui Dieu se révéla selon le tétragramme de YHWH, qui veut dire « Je suis celui qui suis », et qui sera communément exprimé en Yahvé. Ce dernier l’appela depuis un buisson-ardent, qui brûlait sans se consumer, et qui avait attiré l’attention de Moïse. « L’ange de l’Éternel lui apparut dans une flamme au milieu d’un buisson : Moïse aperçut un buisson qui était tout embrasé et qui, pourtant, ne se consumait pas1. » S’ensuivit la prise de conscience de sa mission : libérer le peuple hébreu de l’esclavage qu’il subissait en Égypte.
Moïse commença par douter de sa capacité à mener à bien ce projet face à la puissance du Pharaon. Cependant, et dans cette perspective, il fut doté de moyens d’ordre surnaturel. En particulier un bâton, qui lui permit de vaincre le pharaon, sans pour autant être dispensé de persister dans la foi. Fort de ces nouvelles capacités, Moïse abandonna son activité de berger pour rentrer en Égypte où il retrouva son frère Aaron.
La sortie d’Égypte du peuple hébreu
Avec lui, il tenta, dans un premier temps, de convaincre, par le dialogue, le pharaon de libérer les Hébreux. Mais devant son refus obstiné, il le menaça de terribles fléaux qui se réalisèrent, en dépit du recours à ses magiciens et à ses prêtres, auxquels le souverain fera appel. Ce sont les fameuses dix plaies d’Égypte qui crurent en intensité à mesure que le monarque refusait de se soumettre à la volonté divine. Dans un premier temps, les eaux du Nil se transformèrent en sang. Puis les grenouilles envahirent l’Égypte, suivies par des mouches et les moustiques qui attaquèrent la population, avant que les vermines n’apparaissent et qu’une épidémie de peste ne s’attaque au bétail. C’est alors que les habitants eurent des furoncles, dont la poussée se traduisit, pour certains, par une forme de lèpre. Puis la grêle détruisit les récoltes, précédant les sauterelles qui dévorèrent la végétation. Devant l’inflexibilité du pharaon, les ténèbres régnèrent pendant trois jours sur le pays. Cette nuit précéda l’apparition de la dernière plaie qui vint à bout de la résistance du pharaon. Tous les premiers-nés Égypte, parmi lesquels le propre fils du monarque, trépassèrent en une seule nuit. Cela acheva de vaincre sa résistance et laissa Ramsès, vaincu, consentir à la liberté des Hébreux.
Guidé par Dieu, Moïse fit alors sortir le peuple hébreu d’Égypte en lui faisant traverser la mer Rouge qui s’était fort opportunément retirée. Mais celle-ci se refermera brutalement sur l’armée égyptienne partie à sa poursuite. Le maître conduisit alors son peuple au pied du mont Sinaï. Il le gravit seul pour recevoir les dix commandements, le Décalogue, qui fut inscrit sur des pierres, les fameuses Tables de la loi. Après plusieurs jours de prière et de recueillement au sommet du mont, Moïse redescendit pour constater avec stupeur que son peuple, inquiet de son absence prolongée, s’était mis à adorer un veau d’or, sous la conduite de son frère Aaron. Rendu furieux par cette transgression du premier et donc du plus important commandement de Dieu qui interdisait l’adoration d’idoles, Moïse brisa sur un rocher les Tables de la loi. Après avoir exprimé toute sa colère, il alla en chercher de nouvelles au sommet du mont 2. Celles-ci furent ensuite déposées dans l’arche d’Alliance dont la garde fut confiée à la tribu de Lévi. Commença alors la troisième partie de la vie de Moïse, qui consista à guider son peuple, pendant quarante années d’errance, dans le désert du Sinaï. Ces années permirent à Moïse d’affermir son autorité et de démontrer qu’il était bien l’envoyé de Dieu. Pourtant, son peuple maugréa souvent en exprimant parfois la nostalgie d’une vie en Égypte, qu’avec le temps il idéalisa, l’imaginant plus facile qu’elle ne l’avait été. Cette pérégrina- tion permit aux Hébreux de se purifier des souillures morales et physiques dues à l’esclavage avant d’atteindre la fameuse terre promise par Dieu, la terre de Canaan. À sa frontière, alors qu’ils doutèrent du soutien de leur Dieu à l’approche de la dernière bataille à livrer, celui-ci fâcha et décida de prolonger leur errance de quarante nouvelles années. De sorte qu’aucun de ceux qui avaient quitté l’Égypte n’entra en Terre promise, hormis Caleb et Josué, le successeur de Moïse, qui avaient tous deux maintenu leur confiance en Dieu. Moïse, pour sa part, ayant attiré l’attention sur lui et son frère plutôt que sur le Dieu d’Israël, ne fut pas admis à entrer en Terre promise 3. Il fut juste autorisé à la contempler depuis le mont Nébo, où il rendit l’âme à cent vingt ans4.
Le Décalogue
De cette épopée ont été surtout retenus par les traditions religieuses les dix commandements transmis pas Moïse qui, quoique trop souvent pris dans leur sens littéral, constituent le fondement des religions juive et chrétienne. Il nous paraît bon de les rappeler ici tels qu’ils sont enoncés dans la Bible.
Je suis Yahvé ton Dieu, qui t’a fait sortir du pays Égypte, de la maison de servitude.
— Je suis l’Éternel, Ton Dieu ! Tu n’auras pas d’autres dieux devant Ma Face !
— Tuneprendraspaslenomdel’ÉternelTonDieuenvain !
— Souviens-toi du jour du repos pour Le sanctifier !
— Tu honoreras père et mère.
— Tu ne tueras pas !
— Tu ne commettras point d’adultère !
— Tu ne déroberas point !
— Tu ne porteras pas de faux témoignage contre ton prochain !
— Tu ne convoiteras pas la femme de ton prochain !
— Tu ne convoiteras pas la maison de ton prochain, ni son bœuf, ni son âne, ni aucune chose qui soit à ton prochain 5 !
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Christophe Queruau Lamerie
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