LE MODE D’ALIMENTATION DES TOUT PREMIERS HOMMES... ET DE LEURS DESCENDANTS



Bien avant d’être un « régime » particulier, l’alimentation cétogène était le mode d’alimentation normal de nos lointains ancêtres. Il y a des milliers d’années, les hommes, chasseurs, cueilleurs, pêcheurs, se nourrissaient principalement de ce qu’ils trouvaient dans la nature : poissons, viandes, plantes sauvages, noix, parfois quelques fruits... Leur alimentation était donc naturellement pauvre en glucides : ils ne connaissaient pas les céréales, et encore moins les produits sucrés ! En période maigre, il n’était pas rare qu’ils passent en état de « cétose ». En clair, leur métabolisme, c’est-à-dire leur système de production d’énergie, provenait essentiellement des graisses, transformées en cétones dans l’organisme (d’où le nom de cétose), et non des sucres ou du glucose peu abondants dans leur régime.

La cétose est un état métabolique normal pour notre organisme. Pour certains spécialistes, c’est même cet état de cétose régulier qui a permis au cerveau humain de devenir ce qu’il est aujourd’hui. « Cette combinaison unique d’un stock de carburant exceptionnel dans la graisse corporelle ainsi que la disponibilité rapide et abondante de cétones pour alimenter le cerveau, remplaçant le glucose, a fait des cétones le carburant clé de l’expansion du cerveau des hominidés. Cette réserve n’était apparemment pas disponible pour d’autres mammifères terrestres, primates non humains inclus », écrivent Stephen Cunnane et Kathlyn Stewart dans Human Brain Evolution: The Influence of Freshwater and Marine Food Resources1. Stephen D. Phinney, coauteur de The Art and Science of Low Carbohydrate Living2, ajoute même que la cétose est le premier état nutritionnel du bébé car le lait maternel est principalement composé de graisses et de protéines. Il est d’ailleurs très intéressant de savoir que la quantité de matières grasses du lait maternel évolue en termes de qualité et de quantité, en fonction du temps et donc de la croissance du bébé afin de s’adapter à ses besoins. C’est encore cet état de cétose qui permet de finaliser la maturation de son cerveau à la naissance. On rappelle, en effet, que la membrane cellulaire du neurone (cellule du cerveau) est essentiellement composée de phospholipides (gras) lui conférant sa fluidité et sa qualité tout au long de sa vie. Le gras tel que le cholestérol est également la matière première de la majorité des hormones régulant le métabolisme sexuel et de la fertilité entre autres.

Il y a 10 000 ans, le développement de l’agriculture a complètement bouleversé le mode d’alimentation des hommes, et marqué la fin de ce mode d’alimentation. La part des glucides (grains, fécules, produits céréaliers, biscuiterie et panification...) a largement augmenté au détriment de celles des protéines et des lipides. En une période de temps relativement réduite, les hommes ont bouleversé leurs habitudes alimentaires, et ce changement a eu des conséquences délétères sur leur santé.

Des études menées sur des momies égyptiennes3 ont ainsi démontré que l’introduction des céréales dans l’alimentation a coïncidé avec l’augmentation des caries, des maladies cardiovasculaires et de l’obésité. De la même façon, des recherches menées sur les Inuits4 ont montré que la diversification de leur alimentation au cours du xxe siècle, qui s’est enrichie en glucides, a coïncidé avec une explosion du nombre de cas d’obésité et de diabètes de type 2. Alors qu’ils se nourrissaient principalement de graisses et de protéines (poissons, phoques, élans, caribous...), ils ont découvert les sucres et les produits raffinés, faisant passer la part des glucides d’à peine 5 % à plus de 50 % à la fin des années 1970. Autre exemple éloquent : celui des Japonais émigrés en Californie. Dans les années 1970, une étude a estimé que le changement dans les habitudes alimentaires des Nippo-Américains5 a eu pour conséquence, au bout de quelques années, de multiplier par quatre ou cinq le taux de maladies coronariennes des plus « acculturés » sur le plan culinaire, par rapport à ceux qui sont restés au Japon. Plus proche de nous, il suffit de se pencher sur le mode d’alimentation des Américains ou des Français pour comprendre le problème. Depuis que l’on nous conseille de limiter les matières grasses avec l’apologie de l’allégé et du low fat, l’apparition de la mode des régimes dès les années 1960, en plus de la baisse d’activité physique due entre autres à l’avènement du e-commerce, les obèses, les diabétiques et les personnes souffrant de maladies cardiovasculaires n’ont jamais été aussi nombreux. Selon le rapport publié en mai 2014 par la revue scientifique The Lancet, « 1,9 milliard de personnes souffrent de surpoids et d’obésité dans le monde en 2014 ».

Aujourd’hui, on fait de plus en plus le lien entre la présence croissante des glucides dans notre alimentation et l’apparition puis l’explosion des maladies dites « de civilisation » : cancer, diabète, maladies auto-immunes, pathologies cardiovasculaires ou inflammatoires... Et si une des solutions était de revenir aux sources mêmes de notre alimentation de base ? C’est ce credo qui motive en partie les partisans du régime cétogène (et aussi les adeptes de l’alimentation paléo6, mouvement qui bénéficie d’un véritable engouement actuellement.

Alexandra Dalu / Alix Lefief-Delcourt

                        
                                                                              

Si cet extrait vous a intéressé,
vous pouvez en lire plus
en cliquant sur l'icone ci-dessous 

  Vive l'alimentation cétogène !  La nouvelle façon de manger pour préserver sa santé, entretenir sa forme et être mince