L’AFFAIRE JUDAS - Contre-enquête sur le disciple de Jésus

L’AFFAIRE JUDAS -  Contre-enquête sur le disciple de Jésus



L’affaire Judas est le résultat d’un lent processus de réflexion, accéléré par la publication d’un premier ouvrage, Dans les cercles de Jésus, analysant la vie du maître, sa mort et les liens l’unissant à ses disciples comme à ses ennemis. L’histoire se déroule en Palestine, pays du peuple juif, comptant alors environ un million d’habitants. Depuis 63 avant notre ère, il est inclus dans le vaste Empire romain dont les légions ont imposé, par la force et la discipline, une domination s’étendant à tout le pourtour méditerranéen. Les Juifs supportent mal la présence romaine. D’abord parce que c’est une armée d’occupation, avec tout ce que cela comporte (exactions, impôts...). Ensuite, parce que les Romains sont des adorateurs d’idoles, des goyim. Or, le peuple juif est très croyant et méprise les autres religions. Il adore un dieu unique, invisible et créateur de l’univers et de l’homme.

L’occupant devait se défier de ce fanatisme religieux et de ce farouche esprit d’indépendance qui rendaient les Juifs dangereux et exécrables à ses yeux. Il leur concéda des privilèges, comme la dispense de tout acte de culte envers les dieux de Rome et de l’Empire. Malgré cela, il heurtait bien souvent la sensibilité juive, provoquant des émeutes pouvant dégénérer en soulèvement et entraînant des répressions sanglantes. Ainsi, quand Hérode plaça un aigle en or au-dessus de l’entrée du Temple de Jérusalem pour plaire à Rome, le peuple s’agita et cria au scandale.

Une nuit, un commando abattit l’effigie, la fracassa et la jeta dans la géhenne, là où la ville se débarrassait de ses ordures. Les auteurs de cet acte furent brûlés vifs sur la place publique.
Jésus naquit dans cette Palestine remplie de ferveur religieuse et de nationalisme croissant. Nous ne disposons d’aucun parchemin écrit de sa main, d’aucun portrait réalisé de son vivant, d’aucun ossement, etc. Les principales sources d’informations sont les Évangiles canoniques (Marc, Matthieu, Luc et Jean). Les historiens les considèrent comme des œuvres composites et rédigées par plusieurs auteurs. Elles sont fondées sur des traditions orales et quelques textes perdus, traduits d’une langue – l’araméen –, parlée par le peuple, à une autre, le grec, puis le copte et le latin. Elles ont été remaniées par les premiers chrétiens et misent en conformité avec leurs croyances.

Comme beaucoup de Français, j’ai reçu une éducation catholique. Pourtant, bien plus tard, je me suis rendu compte de l’ignorance dans laquelle j’étais quand il s’agissait d’aborder la vie de Jésus sous un angle historique, et non plus religieux. Jusqu’alors, j’appréhendais vaguement ce personnage à travers les histoires et les dogmes inculqués. Ma prise de conscience m’incita à étudier le sujet. J’allais alors de surprises en surprises. Beaucoup d’éléments, pourtant présentés comme sûrs, étaient, en fait, sujets à caution (par exemple, les véritables raisons de sa mort, les éléments de sa biographie...), et les interprétations des textes me paraissaient orientées tendancieusement pour des raisons théologiques et politiques.

Au terme d’un premier travail de recherche, je n’ai pas la prétention d’avoir pu reconstituer l’exact enchaînement des faits. J’ai modestement développé mon interprétation, la plus plausible en fonction des informations à ma disposition. Je décris Jésus comme un maître de spiritualité, ayant connu la présence divine de son vivant, et tentant d’enseigner à ses contemporains comment y parvenir et se conformer au règne de Dieu. J’ai ainsi pu trouver une compréhension plus ouverte, réaliste et profonde de Jésus, de son ministère, et de ses relations avec ses disciples. Mais il reste encore de nombreux mystères, comme la trahison dont il fut victime. Formaté par une éducation jamais remise en question, j’acceptais cette traîtrise alors même qu’à lire les textes avec un minimum d’objectivité, elle n’était pas évidente : les passages la relatant sont remplis d’incohérences, d’illogismes et de contradictions. Et si Judas n’avait pas trahi ? Très peu de chercheurs évoquent cette possibilité, d’ailleurs rarement prise en considération. Depuis des siècles, il est admis que ce disciple a livré Jésus à ses bourreaux. C’est cette affirmation, au premier abord irréfutable, que cet ouvrage met en cause. À l’aide des Évangiles et de travaux d’experts, il démontre que Judas ne mérite pas son image de scélérat. Plus stupéfiant encore, les indices trouvés dans les textes les plus anciens révèlent une autre histoire de sa relation avec Jésus.

Je n’ai pas de compétences particulières en matière d’étude biblique. Je m’appuie sur une longue formation universitaire en sociologie qui m’a donné le goût de la recherche et une certaine méfiance à l’égard des évidences. Ainsi armé, une autre interprétation de la relation entre Jésus et Judas a émergé, étayée d’indices et de preuves. Elle est exposée dans ce livre, se parcourant comme une enquête policière ou journalistique, écrite dans un style volontairement simple et précis. Certains considéreront que les révélations faites sont incompatibles avec leur système de croyance. « L’affaire Judas » ne sera qu’une hérésie de plus à leurs yeux. Les autres y verront une fenêtre ouvrant sur de nouveaux horizons. Ils seront saisis par les conséquences qu’implique l’idée d’un Judas fidèle à son maître. Quant aux non-chrétiens, cette enquête les fascinera pour ce qu’elle est : une quête semée d’énigmes à résoudre et de pièges à déjouer. Ils seront passionnés par ce que ce livre révèle des figures ayant si fortement et durablement marqué l’histoire de l’humanité.

 

Régis Moreau

 

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L'affaire Judas