Ceux qui ont fait la France : Vercingétorix


80-46 av. J.-C.

Le glorieux chef arverne

 

Le glorieux chef gaulois a choisi son destin. Victorieux à Gergovie, où il impose une cuisante défaite à César, qui perd 8 000 hommes, vaincu à Alésia, on lui doit l’unification des peuples gaulois.

Saisissant le prétexte de l’invasion des Helvètes, César est intervenu en sauveur de la Gaule, à partir de 58 av. J.-C. Puis il l’a débarrassée des menaçants Germains d’Arioviste.

Dès 57 av. J.-C., l’intervention se transforme en conquête. Tous les peuples des Gaules sont successivement écrasés, tout spécialement les Éburons, qui ont osé détruire deux légions. Mais la déroute, antérieure, de la flotte vénète a tourné également au massacre. Seuls les pays des Carnutes (Orléans) et des Arvernes (Auvergne) ne sont pas encore totalement soumis, en 53 av. J.-C. C’est justement de là que va partir la plus dangereuse révolte à laquelle César devra faire face.

En 52 av. J.-C., un jeune chef arverne, formé par les Romains, soulève le pays, parvenant à unir les tribus gauloises. Point toutes, car certaines craignent la réaction romaine. Ainsi, les Éduens, alliés traditionnels des Romains, ne s’engagent-ils pas. D’autres refusent d’obéir aux ordres, comme les habitants d’Avaricum (Bourges), qui ont voulu préserver leur cité.

L’incendie part de Cenabum (Orléans) et se propage à une vitesse stupéfiante. César réagit en grand chef de guerre. Face à la stratégie de la terre brûlée, fort efficace, choisie par Vercingétorix, il cherche à impressionner son adversaire. D’abord par une répression impi- toyable : Cenabum est assiégée, enlevée et incendiée. Ensuite, en profi- tant d’une erreur de Vercingétorix, qui n’a pu imposer aux Bituriges de brûler leur capitale d’Avaricum, qui regorge de vivres : il l’assaille et y pénètre, permettant aux troupes de la Louve et à leurs bêtes de trouver vivres et foin.

C’est désormais l’Arverne qui se replie vers sa capitale sur le plateau de Gergovie, à proximité du Clermont-Ferrand actuel. César l’y pour- suit avec six légions. Mais son attaque est prise à revers par la cava- lerie gauloise. Et, pour la première fois, César en personne subit un revers. Il lui faut interrompre son attaque après avoir perdu de 700 à 800 hommes.

Cependant, le succès gaulois enflamme les esprits. Pour la première fois, la victoire paraît possible. Toutes les tribus se rallient à Vercingétorix, Éduens compris.

Mais César ne perd pas son sang-froid : il remonte vers le nord pour faire la jonction avec les légions de son lieutenant Labienus, qui vient de s’emparer de Lutèce. Puis, après s’être renforcé de contingents de cavalerie germaine, au milieu d’un territoire devenu totalement hostile, il entreprend la retraite vers le sud. Vercingétorix le suit à distance, refusant le combat avec une belle intelligence tactique.

À proximité de Dijon, Vercingétorix croit tenir son heure : il attaque les légions avec sa cavalerie ; les auxiliaires germains de César l’affrontent et l’écrasent. Il faut désormais protéger l’infanterie gauloise : une seule porte de salut, l’imprenable oppidum d’Alésia, sur le mont Auxois, à proximité de l’actuelle Alice-Sainte-Reine (comme le lecteur le sait, le site est contesté, certains historiens voyant la bataille se dérouler dans le Jura).

Avec dix légions, César dispose de plus de 50 000 hommes ; il assiège les troupes gauloises qui rassemblent près de 80 000 hommes, et ordonne des travaux titanesques, entourant l’ensemble de l’oppidum de fortifications et de fossés, souvent doublés. Assiégeants comme assiégés se trouvent rapidement à court de vivres. Une guerre de vitesse est engagée. Lorsque surgit l’armée gauloise de secours, dans les deux camps l’on sait que l’affrontement suprême va s’engager. Mais Vercingétorix interdit toute offensive, ordonnant aux renforts gaulois de couper les approvisionnements des Romains. Une stratégie sans parade pour César. Hélas, le jeune Arverne n’est point écouté : des attaques gauloises, notamment de cavalerie, désordonnée, échouent. Enfin, l’Arverne Vercassivellaunos, avec 60 000 hommes, coordonne son attaque avec une sortie des Gaulois d’Alésia. Au pied du mont Rhéa, la percée gauloise paraît imminente : César, en personne, vient galvaniser ses troupes et parvient à repousser l’assaut gaulois.

Tout est perdu désormais, fors l’honneur d’un jeune chef, qui doit venir s’humilier devant César et capituler, pour épargner la mort à son peuple. Chaque soldat romain se voit remettre un ou plusieurs prisonniers gaulois. César se réserve les Éduens et les Arvernes. En grand politique, il les libère contre leur soumission.

Cependant, Vercingétorix est emmené en captivité à Rome. Enfermé à la Mamertine, il est présenté à la foule romaine lors du triomphe de César en 46 av. J.-C. Le soir même, il est étranglé dans son cachot.

 

Bertrand Galimard Flavigny

 


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