Ceux qui ont fait la France : Luern et Bituit

vers 150 av. J.-C

Rassembleurs, généreux et défenseurs des arvernes


Les deux rois gaulois les plus connus étaient père et fils. Luern et Bituit frappèrent les esprits par leur capacité à rassembler une puissante armée, par leur générosité et leur sens politique.

La nation arverne fut une des plus puissantes de la Gaule, occupant tout le centre de notre pays actuel. Ses terres étaient le centre de gravité de l’espace occupé par les Celtes, et le Puy-de-Dôme en constituait le point d’origine.

Si leur domaine était vaste et riche, les Arvernes ne s’étendirent pas moins dans toutes les directions. C’est ainsi qu’ils parvinrent au sud jusqu’en Gaule narbonnaise, et leur influence se serait étendue jusqu’aux territoires tenus par les Belges. Il semble pourtant que les Éduens aient freiné cette poussée vers le nord. Pour mener à bien ces conquêtes, les Arvernes s’alliaient généralement à d’autres peuples, comme les Salyens ou les Allobroges, plutôt que de leur faire la guerre.

Cette volonté hégémonique semble être la traduction d’un mode de gouvernement très centralisé incarné par les rois arvernes. On ne connaît pas leur mode d’accession au pouvoir, mais l’hérédité semble avoir été déterminante, puisque les deux rois les plus connus étaient père et fils. Cités dans plusieurs chroniques, Luern et Bituit frappèrent les esprits de l’époque tant par leur capacité à rassembler une puissante armée que par les fastes de leur royauté. Strabon rapporte la légendaire histoire de Luern parcourant les campagnes sur son char tout en dispersant au profit des populations de la « monnaie d’or et d’argent ». Il est vrai que les Arvernes ont sans doute été les premiers Gaulois à frapper monnaie.

Dans le même temps, les Romains souhaitent établir une voie de communication terrestre entre l’Italie et leurs possessions ibériques, permettant aussi de protéger Marseille. En 125 av. J.-C., ils défont les Salyens et s’emparent de leur territoire. Bituit intervient, menant en grande pompe une ambassade auprès des Romains pour que soient épargnés les chefs de ce peuple allié. Sa requête échoue, mais le roi Salyen a trouvé refuge chez les Allobroges, ce qui sert de prétexte aux Romains pour s’attaquer à cet autre peuple allié.

Bituit prend alors la tête d’une armée que Tite-Live estime à 120 000 hommes et franchit le Rhône. Il rencontre les troupes de Fabius au confluent de l’Isère et la bataille qui s’ensuit est une tragédie pour les troupes gauloises. Bituit y est fait prisonnier et, comme tout roi vaincu, est mené à Rome pour y être exposé avec son char recouvert d’argent lors du défilé de triomphe. Il termine ensuite sa vie à Albe. Pour éviter toute possibilité de voir un nouveau roi arverne se dresser contre eux, les Romains s’empare de Cougenat, le fils de Bituit, et le condamne lui aussi à l’exil.

C’en était fini du royaume arverne et de ses « nations » alliées, qui durent reconnaître la domination romaine. Les différentes tribus encore insoumises reprirent leur autonomie. Il faudra attendre un certain Vercingétorix pour les voir se fédérer à nouveau.

 

Bertrand Galimard Flavigny

 


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